Les touristes chinois sont de plus en plus nombreux à fuir la France qu’ils considèrent désormais comme une destination dangereuse en raison de la violence et de la délinquance qui y sévissent depuis quelques années maintenant. Coût de cette désaffection : plus de 3 milliards d’euros en 2016.
La France est depuis longtemps la destination privilégiée des touristes du monde entier, en particulier auprès des Asiatiques, et plus spécialement des Chinois qui étaient plus de 2,2 millions à venir passer leurs vacances chez nous en 2015 (un record !). Or, l’an dernier, tout a changé, et le nombre de touristes ressortissants de la République Populaire de Chine a brusquement chuté de 30%, entraînant du même coup une baisse brutale des revenus du tourisme. En cause, c’est vrai, les attentats de Paris et de Nice, mais la principale préoccupation des Chinois telle qu’ils la relatent dans les différentes études sur la question, mais aussi dans les médias, reste le sentiment d’insécurité qu’ils ressentent de plus en plus, notamment dans la capitale, face à la recrudescence de la délinquance dite « ordinaire ».
Paris est la ville la plus dangereuse d’Europe pour les Chinois
Ainsi, pour Jean-François Zhou, représentant en France d’un grand groupe de tourisme chinois, la raison principale de la désaffection des touristes asiatiques « s’explique avant tout par le fléau de la petite délinquance visant spécialement les touristes chinois« , lesquels redoutent donc désormais d’être victimes de violence à chaque coin de rue. De la même, le patron de l’Association chinoise des agences de voyages en France a indiqué que Paris était désormais considérée comme la première ville d’Europe… en matière de recrudescence de la délinquance. Un trophée dont on se serait bien passé, d’autant que les Chinois sont plutôt du genre à dépenser sans compter quand ils sont en vacances. En effet, selon la cellule de veille d’information touristique de la Direction générale des entreprises, rattachée au Ministère de l’économie et des finances, chaque touriste chinois dépense en moyenne 5400 euros lors de son séjour en France, dont près de la moitié en shopping. Mieux encore, les touristes chinois privilégient le « made in France », et principalement des enseignes haut de gamme, comme Chanel, Dior ou Louis Vuitton, car ils veulent avoir « la certitude d’acheter des objets authentiques et non contrefaits » (sic.).
Une psychose relayée par les médias sociaux chinois
Or, depuis plusieurs mois, les réseaux sociaux chinois regorgent de témoignages de touristes littéralement dégoûtés de leur séjour en France, à Paris mais aussi dans le Sud-Est de la France (Marseille en tête) expliquant comment ils se sont fait voler à l’entrée des monuments, au sein même des sites touristiques qu’ils jugent mal sécurisés, devant leur hôtel, à la descente des cars, etc. Alimentant la psychose, les médias sociaux relaient les expériences les plus pénibles, comme celle de cet homme de 80 ans gravement blessé parce qu’il tentait de résister à des voleurs, ou encore de ces femmes poussées sur la chaussée et qui se font arracher leur sac avec tous leurs papiers. Au total, avec une baisse de la fréquentation chinoise de 600 000 personnes en 2016, ce sont pas moins de 3 milliards d’euros qui ont échappé à l’industrie du tourisme française, au profit d’autre pays qui s’en frottent les mains. Certains agents de voyages avouent ainsi conseiller de plus en plus souvent à leur client « d’éviter la France » et, par souci de sécurité, « plusieurs opérateurs asiatiques préfèrent détourner les touristes asiatiques vers l’Italie, l’Espagne et la Russie« .
Rappelons qu’en plus d’être l’un des premiers acheteurs d’or dans le monde avec l’Inde (ce qui constitue une clientèle de choix pour la haute bijouterie-joaillerie française), la Chine représente sans doute également la possible première économie mondiale des années 2020. Sans doute ne faudrait-il pas trop tarder à retrouver les faveurs de cette nation particulièrement friande du savoir-faire à la Française, au risque de la voir se détourner définitivement de nos contrées, sachant qu’hormis le tourisme, il ne nous reste pas beaucoup de secteurs économiques porteurs reconnus à l’échelle internationale.