Comme je vous l’ai indiqué en conclusion
de mon billet du samedi 4 mars dernier, celui de ce jour, et de samedi
prochain 18 mars a été rédigé « en avance », du fait de ma retraite méditative du 8 au
19 mars. C’est pourquoi tout événement en relation avec le sujet traité qui
serait survenu entre le 3 mars et aujourd’hui n’est pas pris en compte dans
le présent billet. Nos grands médias nationaux ont décidé de nous imposer
LEUR vision des enjeux de la prochaine élection présidentielle française. Ils
se repaissent principalement des « affaires » au lieu de nous
« éclairer » sur la situation réelle de la France. Il me semble
qu’ils ont « leur travail à faire » pour nous livrer un maximum
d’éléments nous permettant de choisir notre futur président de la République.
Pardonnez mon énervement, mais « ça commence à me courir sur le
haricot » !!Préoccupé, tout comme vous, de la préservation de mon
patrimoine, je vous propose de faire ensemble un état des lieux et plus
particulièrement ce qu’il en est de la dette de la France. Cela nous
permettra de mettre en perspective le coût des « promesses » des
différents candidats actuellement déclarés.Afin d’être plus
« digestes », mes propos seront illustrés d’un maximum de tableaux
et graphiques.Mes plus anciens lecteurs se souviendront que mon billet du 13
avril 2012 commençait par cette phrase : « La question n’est
pas de savoir si la France va faire faillite, mais de savoir quand et
l’échéance se rapproche dangereusement. »Où en sommes-nous près de 5
années plus tard ? Notre dette publique n’a cessé d’augmenter.
Près de 2 200 milliards d’euros.
À chaque seconde que vous prenez pour lire ce billet, la France s’endette
de 2 665 euros !!
S’il vous plaît, lisez vite afin de ne pas trop alourdir la note. Voyez vous-mêmes les chiffres. En temps
réel. Ceux-ci sont tellement ÉNORMES qu’il est difficile de se rendre compte
de ce qu’ils représentent. Merci à Planétoscope
pour cette illustration plus parlante.
Dans mon billet du 25 mars 2013, j’écrivais : « Il est
donc judicieux de s’intéresser aux futures échéances de notre dette. Ce sont
plus de 470 milliards d’euros qu’il faudra renouveler dans les 4 prochaines
années, en plus desquels il faudra emprunter pour les déficits futurs cumulés
de 2013 à 2016. Autrement dit, ces emprunts (470 Md€) n’étant pas remboursés,
il faut les renouveler. »
Bien que la présentation des chiffres de l’Agence France Trésor
(AFT) soit maintenant différente de celle de 2013, (je n’ose croire que c’est
pour éviter une comparaison trop facilement visible par tous…
quoique !), à la lecture des chiffres d’aujourd’hui, on se rend quand
même compte d’une progression globale très importante de l’émission
d’obligations de l’État français.
Le montant de la dette n’est pas tout. Vous savez bien que « le
diable se cache dans les détails ». C’est pourquoi, dès le 25 mars 2013,
j’abordais la question de la crédibilité de notre pays vis-à-vis de nos
prêteurs et aussi celle de nos élus vis-à-vis des électeurs que nous serons…
très prochainement, ne l’oublions pas.
Même si « ON » en parle peu, il y a d’autres élections après la
présidentielle. En effet, les 11 et 18 juin prochain nous élirons nos
députés. Ceux-ci formant un collège avec des élus locaux pour à leur tour
élire les sénateurs le 24 septembre de cette année. Observez bien l’évolution
des « soutiens » aux candidats déclarés en cette période
judiciairement agitée. Nos députés ne pensent qu’à sauver leur tête et tout
faire pour être réélus. C’est pitoyable. Mais revenons à notre propos.
Dans mon billet du 13 avril 2012, je soulignais un point de vulnérabilité
de notre dette en ces termes : « Notre dette présente une
caractéristique particulière, elle est détenue aux deux tiers par des
non-résidents français. Cela signifie que nous sommes exposés, très
majoritairement, au bon vouloir de créanciers étrangers. »
Cette fois-ci, l’AFT a conservé la même présentation de ses chiffres qu’en
2012. Nous observons que le pourcentage de détention de notre dette
souveraine par des étrangers est passé de 65,4 à 60,1 %, ce qui nous est
plutôt favorable.
Comme c’est bizarre (a
dit Louis Jouvet)… Le 27 février de l’an de grâce 2017, je me suis
rappelé avec délice, le « sourire en coin » de certains de mes
interlocuteurs de 2012-2013 : « Perte de crédibilité de la
France, vous n’y pensez pas sérieusement mon cher Hubert ? Nous sommes
toujours un grand pays et notre rayonnement international est au plus
haut. »
Donc, ce 27 février 2017, le journal The Telegraph nous apprend
que des fonds de pension et des assureurs japonais cherchent, depuis novembre
2016, à se
défaire des bons du Trésor français qu’ils ont souscrits au moment du
premier QE de la BCE. Nos amis japonais se rappellent brusquement qu’ils
en ont achetés 13 %.
Mais pourquoi diable ces institutions japonaises seraient-elles inquiètes
? Peut-être bien à cause du délabrement politique dans lequel nous ne
cessons, depuis quelques années, de sombrer.
Le recul de mon poste d’observation andalou me fait constater notre perte
de rayonnement et de crédibilité. Il y a quelques années, quand je disais que
j’étais français, mes amis espagnols m’enviaient et citaient notre pays en
exemple sur beaucoup de points. Hélas, ce temps est révolu. Ce n’est que
lorsque le PSG a mis récemment la raclée
au Barça que j’ai pu relever la tête un court instant. Et pourtant,
je ne suis pas un « footeux », tant s’en faut !!
- Inquiets, peut-être suite aux déclarations de l’un des
candidats à la présidence du pays ? Quand Benoit HAMON propose une renégociation
de la dette française. (Ça ne vous rappelle pas la Grèce ?)
- Inquiets, quand le patron d’un des plus gros hedge funds
recommande la vente de la
dette française depuis plusieurs mois ? (Les taux d’emprunt de
l’OAT étant passés de 0,20 % à 0,80 % en deux mois.)
Des assureurs japonais ? Vous avez dit des assureurs ? Mais au
fait, si je calcule bien, puisqu’au 3e trimestre 2016 les
étrangers détiennent 60,10 % de notre dette souveraine, il en reste 39,90 %
qui sont détenus par des institutions françaises… dont 18 % par… des sociétés
d’assurance. Presque la moitié !!
L’AFT ne communique toujours pas qui sont nos prêteurs. Cependant, il est
possible d’avoir une indication. C’est une dépêche
de 2011 de l’agence REUTERS qui nous livre les 50 plus gros détenteurs de
la dette française.
Ces chiffres de 2011, qui n’incluent pas les institutions comme les
banques centrales, nous montrent quand même que sur les 10 plus gros
acheteurs de notre dette, se trouvent 8 sociétés d’assurances françaises…
Encore elles. Je sais, elles affirment toutes qu’elles n’ont plus de
« mauvaises dettes » mais à ce jour, NOUS considérons (plus les
Japonais) que la dette française est une « bonne dette ».
Résumons :
- Des assureurs japonais ont peur de ne pas être
remboursés par « l’emprunteur France ».
- Beaucoup d’assureurs français figurent parmi les plus
gros acheteurs de « la dette France »
Une loi (SAPIN
2) vient « opportunément » permettre au gouvernement de « restreindre
temporairement la libre disposition de tout ou partie des actifs ».
Quelles conclusions en tirer pour nos patrimoines ? Et plus
particulièrement pour nos contrats d’assurance vie ? Et encore plus
spécifiquement pour les fonds en Euros de ceux-ci ?
Je vous laisse réfléchir à ces questions et vous dis « à la
semaine prochaine » pour essayer de comprendre en quoi le poids de
cette dette est si important, pour les pessimistes, ou s’il est très relatif,
comme le pensent les optimistes.
D’ici là, chers lecteurs, portez-vous bien. Je vous aime et vous salue.
Hubert Boeltz
Pour celles et ceux qui veulent aller (beaucoup) plus loin, vous pouvez télécharger ici le rapport spécial d’Hubert
intitulé « Faut-il conserver son assurance vie », un rapport de
presque 80 pages, très technique et passionnant !
Charles