Billet initialement paru le 30.01.2017
Il y a un an, la France était déjà en proie à une campagne présidentielle qui ne faisait plus vraiment dans la dentelle et nous promettait, à la tête de l’Élysée, des choix tous aussi consternants et plus liberticides les uns que les autres. Partant à l’époque de l’hypothèse de moins en moins hardie que Macron décrocherait la timballe, j’en arrivais à la conclusion que son quinquennat serait placé sous le signe d’une continuation pathétique des précédentes impulsions sociales-démocrates et décidément taxogènes des président précédents. Les premiers six mois en poste de Macron me donnent pour le moment raison…
Même si dans les médias, les petits papiers acides s’empilent sur Fillon, toute l’actualité ne peut pas être dominée par ses déboires. Dans les « chiens écrasés », on peut certes combler avec quelques entrefilets navrants sur la primaire de gauche qui désole une partie des Français et endort passablement l’autre, mais cela laisse encore pas mal de place. Pourquoi ne pas alors s’étaler en publicité créative pour Emmanuel Macron ?
Pensez donc ! Il a tout pour plaire, le brave petit : il est jeune, il est mignon avec sa coupe de cheveux bien peignés et son petit côté premier de la classe ! Avec cette allure, il ravit les ménagères de moins de 50 ans et fait rosir les joues des grands-mères. Et quand il parle, il susurre des petits mots doux et ces phrases qui caressent le poil de tous dans le bon sens ! Pardi, il est anti-système, est sans parti, et veut évidemment renouveler la vie politique avec une organisation différente, de vraies idées qui changent !
Bon, certes, lui aussi comme Fillon semble un peu empêtré dans des histoires de fonds utilisés comme il n’aurait pas dû, à la différence évidente que lui, au moins, est un peu plus de gauche que son opposant, vilain conservateur catholique dont le programme, ultra-violent, mérite l’opprobre de la presse. Ceci expliquera sans doute l’écart de traitement médiatique et judiciaire de l’un par rapport à l’autre.
En définitive, la presse fait feu de tout bois pour détruire consciencieusement Fillon. Force est de constater qu’elle n’a d’ailleurs pas beaucoup d’efforts à mener tant le pauvret, gérant mal la pression, s’embourbe encore plus de lui-même. A contrario, la même presse a ouvert toutes les vannes de ses torrents de câlins les plus chaleureux pour Macron. Dans la bouche de certaines de ses figures de proues les plus émotionnellement chargées, Manu l’Énarque se retrouve propulsé en véritable icône des temps modernes quitte à être comparé à Barack Obama.
Du reste, si l’on écarte deux minutes le grotesque de la comparaison, on pourra se rappeler qu’Obama n’a jamais été autre chose qu’un socialiste tout ce qu’il y a de plus traditionnel, avec toute la panoplie complète depuis la tendresse immodérée pour les déficits publics, l’augmentation des taxes, impôts et ponctions tous azimuts et les grands projets sociétaux clivants. À ce titre, Macron lui emboîte effectivement bien le pas, empilant chaque jour, de tweets en déclarations, les propositions et idées toutes plus socialistes les unes que les autres. Sa récente saillie sur le « pass culture » à 500 euros pour les jeunes, dégoulinant de démagogie et de putasserie électoraliste typique de ce système dont il prétend pourtant ne pas faire partie, est un exemple aussi consternant que frappant de l’abandon en rase-campagne de toute velléité de libérer la société française de ses carcans collectivistes.
Cette gauchisation pépère du discours de Macron et l’introduction de bonnes grosses doses de redistribution grasse dedans ne doit rien au hasard : tout le monde comprend que les primaires du PS, exercice mortifère s’il en est, aboutissent à la désignation d’un utopiste collectiviste complètement hors sol. Son élimination dès le premier tour ne fait plus guère de doute et ne laissera donc personne à part l’énarque aux dents longues comme solution de repli.
Ceci explique assez bien la vague discrète mais de moins en moins timide de soutiens et de ralliements en loucedé tant de la part de députés du rang que des ténors d’une gauche complètement éparpillée.
Eh oui : « la chose » de Hollande, la montgolfière Macron, gros ballon plein d’air chaud zigzaguant par la seule force des vents d’opinion alentours, semble le seul recours des socialistes de gouvernement, qui ne trouveront à peu près nulle part ailleurs de candidat capable de leur fournir une chance crédible de mandat supplémentaire ou d’un éventuel maroquin. Plus les semaines avancent, plus s’afficher ouvertement avec le PS deviendra une gêne politique voire un handicap face aux candidats des gauches plus ou moins extrêmes qui, n’ayant aucune chance d’aboutir au pouvoir, n’auront aucun mal à jouer la surenchère démagogique.
Même l’inconnue incarnée pour le moment par Marine Le Pen ne semble pouvoir rivaliser avec le jeunot. Et quoi que puissent en penser beaucoup, en cas de second tour contre lui, elle aurait contre elle cet immense blob mou d’un centre sans colonne vertébrale idéologique, prêt à tout pour ne surtout pas voter pour elle, et ne lui permettant de toute façon pas d’envisager, même de loin, un rassemblement d’au moins 15 millions de voix sur son nom, barrière fatidique dans une élection présidentielle.
En somme, si l’hypothèse « Fillon président » tenait la corde il y a encore un mois, celle qui verrait Macron à l’Élysée devient chaque jour plus crédible. Les Français, économiquement incultes, bercés d’illusions socialistes depuis 40 ans, complètement déboussolés et orphelins de tout candidat crédible, sont prêts à se jeter sur n’importe quel aventurier approximatif qui peut faire semblant d’être différent pour rafler la mise.
Malheureusement, dans cette hypothèse, les différences idéologiques de « la chose » de Hollande avec son créateur sont si ténues qu’on sait déjà à quoi ressemblerait un quinquennat Macron : une véritable quadrature du cercle pour obtenir une majorité parlementaire et l’évidente fragilité de son gouvernement (d’Union Nationale For The Lol), une navigation à vue sur chaque sujet d’actualité (« le changement, c’est tout le temps ! »), une avalanche de mesurettes et de bricolages minuscules d’impact indéfini, et surtout la prolongation des politiques sociales-démocrates en diable qui n’ont fait qu’enfoncer le pays sur les cinq dernières décennies.
J’avais expliqué dans un précédent billet que le prochain président français pourrait bien nous faire regretter l’actuel. On en prend le chemin.
Ce pays est foutu.