Mes chères contrariées,
mes chers contrariens,
Il y a désormais deux fronts
à observer avec attention : les sujets économiques, qui bien
sûr nous préoccupent au premier chef, mais également, et
c'est assez nouveaux pour être remarqué, la montée des
tensions politiques partout à travers le monde.
Du monde arabe qui s'est embrasé
après la diffusion du film L'innocence de l'Islam au
déploiement de forces occidentales sans précédent dans
le golfe Persique, jusqu'à la crise ouverte qui agite les relations
sino-japonaises.
Dans tout cela, il est difficile de
démêler le vrai du faux, tellement les enjeux
géostratégiques, politiques et historiques sont complexes.
Nous consacrons donc aujourd'hui une
grande partie de ce numéro aux nouvelles économiques et
également à cette aggravation des tensions mondiales, qui
s'exprime aussi bien à travers un risque de guerre accru que par les
conflits commerciaux.
En Espagne : les créances
douteuses battent un nouveau record
Quelle surprise. Figurez-vous que la
situation des banques espagnoles est plus compliquée que prévu.
On ne nous aurait donc pas dit toute la vérité.
On apprend donc que le taux de
créances douteuses des banques espagnoles a atteint en juillet 2012
son plus haut niveau depuis 50 ans avec environ 1 crédit immobilier
sur 10 considéré comme risqué.
En d'autres termes, 1/10e des
prêts consentis ne sera pas remboursés.
Lorsque l'on affirme que la
détérioration du secteur financier espagnol est bien plus
profonde que l'on croit, nous ne nous trompons pas.
Côté chiffres, ces 9,86 %
de créances douteuses représentent 169 milliards d'euros !!
Bien loin déjà des 100 milliards d'euros que le plan
européen de soutien d'aide à l'Espagne prévoyait.
Et encore, ce n'est pas le vrai chiffre
des créances douteuses qui, de toute façon, est condamné
à augmenter fortement, alors que l'économie espagnole s'enfonce
dans la récession en raison d'une politique d'austérité
drastique.
Le chômage explose et les
incidents de remboursement sur les crédits immobiliers suivent la
même pente.
L'attention se focalise sur l'Espagne
pour que ce pays demande un sauvetage financier plus large, alors que Madrid
affirme n'avoir pas encore pris de décision. En effet, le Premier
ministre Mariano Rajoy souhaite négocier les conditions qui lui seront
imposées en échange.
Mais il ne faut pas se leurrer, il
s'agit ici d'amuser la galerie avec de faux problèmes.
Le véritable enjeu est
financier. 25 % de créances douteuses qui semblent plus correspondre
à la réalité des 3 millions de logements vides en
Espagne représenterait 450 milliards d'euros contre un plan de soutien
initial de 100 milliards, qui est clairement sous-dimensionné.
La crise européenne n'est pas
finie. Loin de là. Les psychodrames à venir seront nombreux.
En France, on s'engage sur le chemin
grec, espagnol ou portugais.
« Effroi » du Medef face au
budget 2013
Pour Laurence Parisot, « nous
regardons ce qui est envisagé avec effroi », ajoutant : «
Nous estimons qu'en agissant ainsi, le gouvernement prend le risque de
créer un choc de non-compétitivité. »
« Nous craignons que les agents
économiques que sont à la fois les ménages et les
entreprises adoptent des comportements dès la présentation du
budget, des comportements qui ne seront pas favorables à la
consommation et à l'investissement et donc à la stimulation de
la croissance. »
Si la présidente du Medef est
dans son rôle de représentante des patrons, il est
indéniable que les 20 milliards d'euros d'impôts
supplémentaires votés par le gouvernement ne vont pas arranger
le climat des affaires.
L'effet récessif de telles
mesures a été confirmé par chaque pays européen
qui s'est lancé dans l'aventure de la rigueur. L'Italie est en
récession, la Grèce s'est effondrée, l'Espagne et le
Portugal au bord de l'implosion.
Il n'y a aucune raison pour qu'une
telle politique menée en France entraîne une augmentation de la
croissance bien sûr !!
La récession, déjà
en cours, va mener à une baisse importante des recettes fiscales et
à une augmentation des dépenses sociales (indemnisation du
chômage, RSA, etc.). Le résultat sera un déficit plus important
nécessitant un nouveau tour de vis fiscal. C'est un véritable
cercle vicieux dans lequel nous rentrons également.
Au bout du chemin, il y aura de toute
façon l'insolvabilité des états, soit en raison de plans
de relance qui ne fonctionnent pas, soit à cause de plans de rigueur
qui vont nous asphyxier.
1929 ne peut pas se reproduire !!
Evidemment, on est tellement
intelligent, tellement fort, la science économique tellement
développée que nous étions armés, et pas qu'un
peu, pour lutter contre une récession et une crise économique
comme celle de 1929.
C'est le fameux et fumeux principe du
« cette fois-ci, c'est différent »...
Nous ne sommes pas plus armés
aujourd'hui qu’hier pour faire face à la crise
économique. Pour une raison très simple mais qui conditionne
l'ensemble des choses, des événements et des politiques.
Pour sortir d'une crise, il faut
changer de modèle. Dans une société établie, les
groupes de pression et d'influence font tout pour bloquer tout changement qui
leur serait défavorable, entraînant par la même la
paralysie de l'ensemble... qui finit par s'effondrer.
C'est sur les ruines que l'on
reconstruit. C'est hélas bien souvent ce qui explique
l'inéluctabilité des guerres... En espérant que cette
fois-ci, ce sera différent !!
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