Lorsque la droite est au pouvoir pendant de
longues années, elle ne parvient jamais (quand elle essaie simplement
de le faire) à stopper la dérive qui coule peu à peu
notre pays depuis trente ans (collectivisation rampante de l’économie)
[1].
En effet, les lois instituées par la
gauche (smic, 35 h, indexation des revenus…) sont toujours
présentées et consacrées comme des « acquis
sociaux » qu’il serait impensable de remettre en question. A
l’inverse, quand la gauche revient aux affaires, elle
s’échine tout de suite à détricoter le peu de lois
que la droite est parvenue à faire passer (heures
supplémentaires, autonomies des universités) malgré le
lancinant « troisième tour social » qui l’empêche
de gouverner.
C’est un phénomène unique
au monde, probablement notre « exception culturelle », qui
explique notre exclusion progressive de la croissance mondiale.
Aux Etats-Unis, jamais Bill Clinton
n’est revenu sur le bilan des années Reagan. Pareillement, en
Angleterre, à aucun moment Tony Blair n’a remis en question la
politique de Thatcher dont il a tiré le plus grand
bénéfice. Plus prés de nous,
en Allemagne, Angela Merkel n’a jamais
renié non plus les réformes courageuses menées par le
socialiste Schröder.
Dans ces exemples, le sens de
l’intérêt général a traversé et
supplanté les clivages partisans, ce qui est la marque des grands pays
qui désignent de grands dirigeants, condition indispensable des
réformes ambitieuses.
On en est aujourd’hui très loin
en France.
Ainsi, le 30 octobre 2012, Martine Aubry, la
dame des 35 h, a fustigé les patrons français
excédés qui ont adressé une lettre au président
Hollande en leur répondant : « mêlez-vous de ce qui
vous regarde ! » [2]. Quant à la réponse de Jean-Luc
Mélenchon, elle se passe de commentaires tellement elle est une
caricature d’elle-même.
Chère madame Aubry, avec tout le
respect que je vous dois, si mes enfants me réclament tous les jours
de l’argent de poche, je vais m’inquiéter de son
utilisation : où va cet argent ? Ça me regarde au plus haut
point !
Alors, quand les prélèvements
(impôts et taxes), qui frappent les entreprises, se multiplient chaque
année, ne soyez pas étonnée que les entreprises
réagissent un jour. Vous préférez sans doute leur
répondre : « tais-toi et paie !... ».
Alors elles disparaîtront pour mieux
renaître ailleurs… car il ne faut jamais mordre la main de celui
qui vous nourrit. Mais quand l’idéologie nous aveugle, on en
oublie les évidences.
[1] Les lois votées par le Front
Populaire sont toujours présentées comme des acquis sociaux
intangibles. Pourtant, 9 mois après leur mise en place par le
gouvernement de Léon Blum, les caisses de l’Etat étaient
vides et la France était occupée en 1940… faute
d’avoir eu les moyens de se préparer à la guerre.
Pareillement, sous la pression des émeutes de 68, le gouvernement
français a institué les accords de Grenelle (hausse des
salaires et indexation sur l’inflation) à un moment où la
productivité française commençait sa chute alors que
l’inflation allait s’envoler dans les années 70. Il a
fallu attendre le gouvernement de Fabius en 1983 pour revenir sur
l’indexation… que Giscard n’avait jamais osé remettre
en question.
[2] « Compétitivité :
le gouvernement rejette la demande des grands patrons », L’Expansion, le 29 octobre 2012.
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