Cette réflexion de Koala est pleine de bon sens !
Le problème, sur un sujet tel que celui qui est énoncé ("le RSA aux prisonniers"), c'est que ça déclenche forcément des réactions épidermiques.
Des deux côtés.
Ca s'explique assez bien, du coup ça se comprend mieux, et ça t'entraîne forcément vers d'autres considérations, beaucoup plus générales.
Ami lecteur, suis-moi bien...
D'un côté, on a ceux qui croient constater qu'un prisonnier est mieux loti qu'un smicard, et qu'il serait injuste d'accorder des avantages à des gens déjà coupables de fautes plus ou moins graves, alors qu'il y a tant de défavorisés.
De l'autre côté, il y a ceux qui par humanisme ou simple pragmatisme économique pensent à "recaser" ceux qui se sont échoués pénalement.
Les arguments dans les deux camps sont bons : il n'est pas tolérable de voir des injustices, en donnant des faveurs à ceux qui ont "merdé", et en ne les accordant pas à d'autres qui galèrent tout autant sans pour cela avoir franchi la Loi, tout comme il n'est pas tolérable de faire subir une double peine à celui qui en exécute déjà une en le mettant au banc de la Société.
Ajoutons à cela une réalité qu'il faut sans cesse rappeler : la prison ne résout rien, elle crée même davantage de problèmes, en particulier celui de son coût direct et indirect, et elle n'est pas dissuasive, tout comme la peine de mort n'a jamais empêché quiconque de tuer.
Et rappelons aussi qu'en prison, il y grosso-modo 2 types principaux de détenus :
- les "indécrottables", c'est à dire les multirécidivistes, ceux qui sont quasiment perdus pour la Société, notamment quand ils ont commis des faits graves;
- les "accidentés de la vie", c'est à dire ceux qui ont un jour plongé, pour une connerie plus ou moins importante, et qui même parfois ont récidivé, mais qui au fond d'eux mêmes ne sont pas forcément des êtres plus "mauvais" que nous. Ce sont fort heureusement les plus nombreux, mais le pékin moyen s'en fout, il ne réfléchit pas, il ne voit que l'étiquette "PRISONNIER", et on imagine bien la suite...
Enfin, notons que la prison et son système a souvent pour conséquence de faire passer des "accidentés de la vie" dans la catégorie "indécrottables".
En bref, le système carcéral est une vaste connerie, mais malheureusement à ce jour la société n'a pas trouvé mieux pour essayer de se protéger de ceux qui ne respectent pas ses lois.
Si l'on pousse la réflexion un peu plus loin, on ne tombe que sur une seule conclusion possible : c'est la société elle-même qui est mal foutue, la prison n'en est qu'une facette.
Alors on fait quoi ? Une révolution ? On dynamite tout ? On bouzille les riches pour instaurer une véritable égalité ?
Franchement ça ne résoudrait rien, bien au contraire.
Alors, en attendant de trouver mieux qu'un système carcéral qui sera toujours défectueux, il y en a qui essaient de faire avancer les choses "de l'intérieur" : ils se mettent au pied du mur et tentent de reconstruire ce qui leur semble mal monté.
C'est théorique certes, mais pourtant c'est a réalité : le dialogue amène une meilleure construction.
Madame Taubira a commis une erreur : c'est une extrémiste de l'humanisme, elle a, comme on dit, poussé le bouchon un peu trop loin, obligeant les modestes à se rebeller contre un projet qui leur parait injuste. Et, bien entendu, après qu'elle ait été prise en flagrant délit de mensonge public, notamment à l'Assemblée Nationale, ça la fout mal...
Mais il faut reconnaître que le fond de sa pensée est loin d'être mauvais : il repose sur un principe de justice sociale et d'équité que trop souvent nous méprisons tous dans notre vie de tous les jours.
Alors, il n'y a qu'une solution, en attendant le remède miracle : il faut dialoguer... comme nous le faisons ici, et si possible sans s'énerver...
Parce que franchement, et toute l'histoire du monde le montre, il n'y a vraiment que le dialogue qui fasse réellement avancer les choses.
La répression ne vient que lorsqu'on arrive plus à parler.
Comme ces maris bourreaux qui frappent leurs femmes quand ils ne savent plus quoi dire. Dans quel camp voulez-vous être ?