Mes chères contrariées, mes chers contrariens
!
Cela fait à peine une semaine qu’Angela Merkel a été triomphalement
réélue chancelière d’Allemagne et, comme
prévu, dans nos éditions précédentes et depuis
plusieurs mois… c’est à nouveau le bazar le plus complet
en Europe.
Comme nous l’avions vu hier, l’Italie est dans une
situation politique compliquée et dans une situation économique
digne d’un coma dépassé. Avec plus de 130 % de dette sur
PIB et un potentiel de croissance qui sera au mieux compris entre 0 et 1 % de
croissance et des taux d’intérêt de presque 5 %, il ne
faut pas être bien fort en maths pour comprendre que, quelle que soit
la façon dont vous allez tourner et retourner le
problème… l’Italie est morte, l’Italie est en
faillite. Ce n’est qu’une question de temps et de capacité
de la BCE à faire tenir encore quelques temps ce château de
cartes qui menace de s’effondrer chaque jour au moindre souffle
d’air.
Justement… le « Put Draghi
»… c’est le concept, dans les salles de marché, qui
désigne l’activation d’un LTRO massif par la BCE et
l’achat de bons du Trésor, c’est-à-dire
d’obligations souveraines (inférieures à trois ans) en
cas de problème. Pour le moment, les marchés croient dur comme
fer que si tout devait aller mal, la BCE interviendrait pour se substituer
aux marchés et financer l’Italie quand bien même il
faudrait pour cela faire quelques entorses aux règles et statuts
régissant le fonctionnement de la Banque centrale européenne.
Le petit problème qui risque néanmoins de se poser
c’est que les Allemands ne l’entendent pas de cette oreille, en
tout cas par leur cour constitutionnelle, ce qui (si c’était le
cas) aurait des conséquences dramatiques dans la mesure où
l’euro ne tient que et uniquement parce que tout le monde veut croire
que Mario Draghi, qui n’a encore rien fait,
ferait bien tout ce qu’il faudrait s’il le fallait et que ce
serait suffisant… Fondamentalement, rien n’est moins sûr.
Cela reste une croyance qui repose uniquement sur l’idée que
l’on sauvera l’euro quel qu’en soit le prix car il
n’y aurait en cas inverse qu’une seule alternative…
à savoir l’explosion de l’euro et de l’Europe.
En
Grèce
Les autorités politiques s’occupent de la gestion des
éventuels coups d’États d’extrême droite et
embastillent chefs de partis et députés dans des conditions
juridiques plus que douteuses, risquant de prouver, s’il en
était encore besoin, au peuple grec que la démocratie a totalement
disparu… ou à les relâcher dans quelques jours en en
faisant des « martyrs » politiques… bien mauvaise
alternative et aucune bonne solution.
Le combat contre l’extrême droite (si tant est qu’il
soit plus légitime qu’un combat contre l’extrême
gauche) ne peut être gagné qu’en s’attaquant aux
raisons profondes de l’adhésion populaire (partout en Europe)
à ce type d’idées que nous qualifierons de nationalistes.
Rester dans la même configuration de politique européenne
ne peut que conduire à un ras-le-bol généralisé
des peuples. Ceux qui veulent faire reculer l’extrême droite
doivent s’attaquer aux causes et proposer des alternatives
d’Europe… tout le reste n’est que bavardage.
En attendant qu’il arrive au leader d’Aube dorée ce
qui était arrivé à Adolf Hitler en son temps (voici le
point Godwin), à savoir qu’il fasse de la prison, qu’il
soit libéré et qu’il prenne le pouvoir, la troïka
qui est en Grèce actuellement pour établir un nouveau
chèque afin de sauver encore une fois ce pays a décidé
d’une « pause technique »… Nous pouvons penser
qu’il y a donc quelques cadavres dans les placards grecs, voire que la Frau Angela nouvellement réélue ne veut
peut-être pas faire un nouveau chèque…
En Espagne
Le Trésor espagnol prévoit que la dette publique du pays
représentera 99,8 % du produit intérieur brut (PIB) fin 2014
avec un projet de budget élaboré par le gouvernement de Mariano
Rajoy qui est fondé sur l'hypothèse
d'une croissance de 0,7 % du PIB ainsi qu’un taux de chômage en
baisse qui atteindrait 25,9 %, sans oublier une réduction du
déficit budgétaire qui serait ramené à 5,8 % du
PIB, contre 6,5 % prévu cette année…
Ces hypothèses sont évidemment totalement
irréalistes ou en tout cas fortement improbables car cela fait
beaucoup de paramètres économiques revus de façon
positive et sans doute pas assez de façon progressive.
Il faut dire que là aussi une équipe de la troïka
arpente la capitale espagnole et doit se pencher sur
l’efficacité des programmes d’aides à
l’Espagne… et il n’est pas évident que la senora Angela (la vraie patronne de l’Europe)
souhaite payer pour nos amis ibériques de façon aussi
répétitive qu’en Grèce.
La question qui se posera fatalement sera bien, à un moment ou
un autre, comment faire éclater l’euro proprement et de
lui-même sans laisser à penser que tout ceci n’est la
faute que de l’Allemagne… En réalité, c’est
la seule question qui occupe l’esprit des dirigeants allemands qui ne
veulent pas être tenus responsables d’un éclatement
européen… Sinon cela fait belle lurette qu’ils auraient
envoyé paître tous les pays « du club Med ».
Aux
États-Unis
Ce soir, personne ne veut croire à une fermeture de
l’État fédéral… pour cause de budget pas
voté. Tout le monde espère encore un accord de dernière
minute comme celui de 2011 qui avait été obtenu à 1
heure seulement de l’échéance.
Pourtant il y a, à mon sens et je peux me tromper, deux signes
très différents des dernières fois. Tout d’abord,
Ben Bernanke, le patron de la FED, a reconduit il y
a une semaine sa politique monétaire ultra-accommodante alors que le
contraire était attendu, laissant penser qu’il est au courant de
choses que l’on ignore comme le fait que les républicains ne
céderont pas.
Autre élément, la situation sur les marchés est
très différente (à tort certes mais différente
quand même) de ce qu’elle était il y a deux ans où
la fébrilité était à son paroxysme, laissant sans
doute croire aux républicains que bloquer l’État
fédéral ne sera pas trop catastrophique.
Ces deux éléments à eux seuls pourraient nous
faire craindre un arrêt du fonctionnement des administrations non utiles.
Il se peut également que les républicains souhaitent prouver
que l’on peut couper dans les dépenses… sans pour autant
détruire l’ensemble de l’économie US.
Nous serons fixés dans les prochaines heures.
Les sujets
divers…
Comme le Portugal qui poursuit sa dégringolade ou la
Slovénie dont on attend d’une semaine à l’autre une
demande d’aide officielle auprès de la troïka, sans
évidemment oublier Chypre qui va de plus en plus mal mais avec 70 % de
son PIB il était impossible qu’il en soit différemment.
Enfin en
France
Ça y est, une partie des erreurs dans les chiffres
communiqués sur la baisse du chômage a été
élucidée.
Il s’agirait… d’un bug massif chez SFR qui est le
prestataire de Paul Emploi pour l’envoi de SMS de rappel
d’actualisation auprès des chômeurs distraits… Comme
les SMS n’ont pas été envoyés… nos chomistes chômants ont
oublié de pointer… Ils ont été radiés,
provoquant ainsi une baisse artificielle du taux de chômage.
Pourtant, cela n’a pas empêché ce gouvernement, ses
membres et jusqu’au président de se réjouir de chiffres
que l’on savait faux dès le départ. Aucune retenue.
Aucune réflexion. Aucun temps laissé pour que les choses
s’éclaircissent et la volonté systématique de
faire des « coups de communication »… quitte à
passer pour des crétins tout de suite après. Nous sommes au
degré zéro de la politique.
Évidemment, notre gouvernement persévère dans
l’erreur en expliquant par la voix de son sinistre de l’emploi
que :
« Cela reste la première baisse depuis 27 mois et la plus
importante depuis décembre 2007. Le ministre du Travail prend acte de
cet incident et de l'évaluation de son impact sur la baisse
observée en août. Août est aussi le quatrième mois
consécutif de reflux chez les moins de 25 ans, ce qui fait dire
à Michel Sapin que, pour les jeunes, l'inversion de la courbe est
déjà une réalité… »
En revanche, la courbe de la bêtise gouvernementale ne
s’est toujours pas inversée, en réalité
c’est la courbe de la crétinerie politique qui ne
s’inverse pas, et lorsque je contemple tous les pays… nous ne
sommes pas les seuls dans ce cas.
À demain… si vous le voulez-bien !!
Charles
SANNAT
Editorialiste et rédacteur du Contrarien
Matin
Directeur des Études Économiques Aucoffre.com
http://www.lecontrarien.com/
http://www.lepoint.fr/economie/un-bug-chez-sf...-1736881_28.php
http://www.capital.fr/bourse/actualites/l-...-en-2014-875499
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