Alors que l’opinion publique se
montre plutôt favorable aux progrès médicaux fondés
sur la science du génome, ce même savoir est rejeté quand
il est appliqué à l’agriculture.
L’incohérence est regrettable car nous devons beaucoup aux
nouvelles technologies et aux pratiques de gestion agricoles modernes et le
coût de l’immobilisme est immense.
Progrès en agronomie : des
bienfaits sanitaires, nutritionnels et environnementaux
Aujourd’hui, le citadin moyen
n’a plus aucune connaissance du stress que subissent les fruits, les
légumes ou les céréales du fait de leur exposition
à divers ravageurs (insectes, mauvaises herbes, etc.) ou aux
sécheresses, inondations et autres agressions. Un rapport de 2009 a
estimé à près de 131 milliards de dollars les pertes
agricoles dues à ces divers fléaux.
La chimie (engrais et pesticides), la
biotechnologie (sélection, croisements) et la gestion (rotation des
cultures, calendrier et logistiques agricoles) offrent plusieurs moyens pour améliorer
l’agriculture, l’horticulture, la conservation des aliments et la
santé publique.
De 1996 à 2011, les cultures biotechnologiques ont réduit leurs
besoins en pesticides d’environ 473 millions de kilogrammes (kg).
Leur plus grande productivité a permis d’épargner 108,7
millions d’hectares.
Pour la seule année 2011, elles ont permis la non-émission de
23,1 milliards de kg de Co2, soit la circulation de 10,2 millions de
véhicules en moins.
Les terres épargnées depuis les années 60
équivaudraient à la superficie des États-Unis, du Canada
et de la Chine réunis.
Amélioration de la qualité des aliments : ananas enrichi en lycopène (antioxydant), manioc à moindre
teneur en cyanure, riz enrichi en bêta carotène, etc.
Des luttes illusoires et
coûteuses
La grande crainte suscitée par
les produits de synthèse est leur potentiel cancérigène.
Pourtant, comme l’estiment les scientifiques Bruce N. Ames et Lois
Swirsky Gold, faire la guerre à d’infimes concentrations de
produits cancérigènes est aussi coûteux
qu’illusoire.
Les plantes produisent naturellement des toxines – qui peuvent
être extrêmement dangereuses pour les êtres humains –
dans le but de se protéger des prédateurs.
Les pesticides naturellement élaborés par les
végétaux constituent 99,9% des produits chimiques
cancérigènes que nous ingérons quotidiennement.
Nous consommons jusqu’à 1500 mg de pesticides naturels alors que
les résidus de pesticides de synthèse ne représentent
que 0,09 mg par jour et par personne.
La teneur en substances à effet cancérigène d’une
seule tasse de café est équivalente à la quantité
totale de résidus de pesticides ingérés par un individu
en un an.
Un immobilisme mortel
Les technophobies
actuelles entraînent des coûts et des délais
réglementaires croissants.
Sur la période 2005-2008, le délai moyen de mise au point et
d’autorisation d’un nouveau pesticide a augmenté de 15%
par rapport à 1995.
Le coût du processus est 11 fois plus élevé
qu’entre 1975 et 1980.
Entre 2008 et 2012, le coût mondial moyen de commercialisation d’une
nouvelle variété génétiquement
améliorée s’élevait à 136 millions de
dollars, dont 35 millions pour répondre aux contraintes
réglementaires.
Entre 2011 et 2013, on estime qu’un total de 842 millions de personnes
(une personne sur huit) a souffert de sous-alimentation chronique.
L’innovation scientifique ne
prétend pas à la perfection mais cherche à savoir
s’il est possible de créer une situation moins
problématique qu’avant. Elle vise seulement à
créer des modes d’action meilleurs ou moins nocifs, possibilité
que le principe de précaution écarte d’emblée,
sauf en l’absence de toute nuisance potentielle.
Laissons le mot de la fin à
l’actrice Angelina Jolie qui au sujet de sa double mastectomie
préventive affirmait : « La vie est pleine de défis.
Certains ne doivent pas nous faire peur : ceux que nous sommes capables
d’affronter et de maîtriser. »
Intitulée Se libérer de la nature ou
s’y emprisonner ? Coûts et conséquences de
l’excès de précaution, l'étude est disponible
à http://www.institutmolinari.org/IMG/pdf/note1113_fr.pdf
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