Bien qu’en vacances, l’Exécutif a dû sentir passer ces dernières 48H avec amertume puisqu’en cette courte période, Hollande vient de se prendre trois jolies claques, par ailleurs prévisibles, et, pour tout dire, largement méritées.
La première claque provient du Conseil Constitutionnel et concerne, zut alors, le Pacte de Responsitruc.
À la suite de l’analyse du Conseil, le pacte se voit donc vidé d’une bonne partie de son volet social, puisque ses Sages ont jugé « contraire à la Constitution » l’un des articles du budget rectificatif de la Sécurité sociale pour 2014. Ainsi, celui qui prévoit un allègement dégressif des cotisations versées par les salariés touchant entre 1 et 1,3 SMIC contient des dispositions qui « méconnaissent le principe d’égalité ».
Certes, ce renvoi du texte par le Conseil intervient après un recours des députés UMP. Mais de la part de l’opposition, on pouvait raisonnablement s’attendre à ce qu’elle s’oppose. On pouvait en revanche s’attendre aussi que nos élus de gauche s’y soient un minimum préparés. Eh bien non. Pourtant, ce n’est pas la première fois que notre vaillant gouvernement et nos braves députés produisent une loi qui se prend une taule au Conseil Constitutionnel. Sans même ressortir le cas maintenant symptomatique de la loi ALUR de Duflot, qui a réussi à introduire avec brio le comique de répétition à l’Assemblée Nationale, on ne peut s’empêcher de se demander ce qui pousse la fine équipe au pouvoir à persister à pousser ses lubies et autres bricolages législatifs sans faire appel, au préalable, à quelque expert dûment mandaté pour vérifier tout ça, et plutôt deux fois qu’une.
Bon, soit, j’admets qu’il faudrait être naïf pour croire que cette fine équipe n’a pas fait appel, au moins rapidement, à l’un ou l’autre comité de relecture, de validation ou que sais-je. Mais il semble, au résultat obtenu, que ces relecteurs ne font pas leur travail correctement, plusieurs fois de suite, ou qu’on leur savonne copieusement la planche et de façon répétée. Ou alors, de façon encore plus farfelue, tout ceci est parfaitement contrôlé, voire voulu et politiquement super-malin. Certes, la poilade médiatique qui s’ensuit n’est pas agréable, mais en réalité, nous assistons à un crash contrôlé pour mieux pousser une autre mesure politique, nettement mieux troussée, elle. Autrement dit, le retoquage du Conseil Constitutionnel aurait été planifié dès le départ, pour un agenda politique über-futé.
C’est vraiment très sioux, mais c’est aussi de moins en moins crédible à mesure que les censures constitutionnelles s’empilent. Et le rasoir d’Occam ne faisant guère de cadeaux, on ne peut donc pas écarter complètement que l’équipe en question est exclusivement composée de traîtres saboteurs ou, plus logiquement, d’incompétents à peine meilleurs que ceux qui pondent les textes litigieux en premier lieu. Finalement, peu importe et la conclusion est la même : encore un bricolage législatif qui tombe à l’eau, et encore un camouflet infligé au Roi Solex.
La seconde claque ne s’est pas faite attendre et n’est qu’un nouveau rebondissement dans cette réforme territoriale sortie d’on ne sait où, pour aller on ne sait où, ni pourquoi, ni comment, mais en caquetant gentiment.
On le sait, cette réforme devait inévitablement provoquer des tensions dans toutes les strates de l’administration française, et, tout aussi inévitablement, dans les rangs des élus, depuis les conseillers généraux ou régionaux jusqu’aux députés et aux sénateurs. Ce qui devait arriver arriva donc, des dissensions de plus en plus fortes apparaissent dans la majorité : c’est maintenant au tour des radicaux de gauche de rouspéter devant la façon assez débonnaire (pour ne pas dire brouillonne) dont a été traité le sujet par l’exécutif. Baylet, le patron de ces radicaux agacés, explique ainsi :
« Nous considérons qu’elle se fait dans la précipitation et en dehors de toute concertation utile et réelle avec celles et ceux qui sont concernés, c’est-à-dire les élus locaux, les fonctionnaires territoriaux et les populations qui ont quand même leur mot à dire. »
Partant de là, il menace de retirer les ministres actuellement au gouvernement (Sylvia Pinel, Annick Girardin et Thierry Braillard) si ça continue comme ça, non mais alors scrogneugneu. Bon, soit, avec des pointures comme celles-là, le remaniement qui suivrait passerait probablement inaperçu, mais sur le plan symbolique, difficile de faire passer ça pour une réussite. En outre, cela éroderait encore un peu la majorité parlementaire, déjà pas trop vaillante actuellement.
Cette claque est d’autant plus significative que le PRG est, traditionnellement, perçu normalement comme un bon petit soldat. Mais voilà : l’inanité des réformes hollandesques et des bidouillages politiciens que le chef de l’État s’agite à pondre pour occuper la galerie en espérant le retour (miraculeux) de la croissance amusent de moins en moins de monde, même dans les rangs les plus modérés.
Quant à la troisième claque, c’est au gouvernement allemand qu’il est revenu de l’administrer. Par la bouche de son porte-parole, Christiane Wirtz, l’Allemagne a en effet envoyé une fin de non-recevoir assez sèche et parfaitement claire aux incantations niaiseuses du président français réclamant un geste de leur part (essentiellement, d’investir davantage) et un assouplissement de la politique économique menée actuellement en Europe, politique pourtant simple qui consiste essentiellement à réclamer un minimum d’efforts de la part de la France, notamment en matière de réformes structurelles, ce que personne pour le moment n’a vu à l’œuvre. Pour le gouvernement Merkel,
« Les déclarations très générales en provenance de Paris ne fournissent aucune raison pour de quelconques corrections dans la politique économique. L’Allemagne est déjà une locomotive importante, la plus importante même pour la conjoncture de la zone euro. »
Et vlan, pourrait-on dire. Mais d’un autre côté, on ne peut pas dire que Hollande ait beaucoup de cartes dans sa manche. En deux ans de pouvoir, il n’a pas réussi à faire un euro de baisse des dépenses publiques, et le nombre de fonctionnaires à la charge de la collectivité (Etat, collectivités territoriales et fonction hospitalière) a continué à grossir, alors même que la France compte déjà plus d’un million et demi de fonctionnaires de plus que les Allemands pour une population notoirement moins importante.
Bref, l’immobilisme à l’intérieur, qui lui a valu deux belles claques, se voit à l’extérieur, et lui en vaut une troisième. Joli score.
Le pire, bien sûr, est que, comme je l’ai fait remarquer dans un précédent billet, tout ceci vient en surcroît d’une rentrée qu’on pressent déjà chargée, et pas dans le bon sens. Tout se déroule, de ce point de vue, comme prévu, c’est-à-dire mal : la conjoncture refuse de se plier aux injonctions socialistes ; le déni de réalité, fortement ancré chez nos apparatchiks, provoque des dégâts multiples et répétés et les ajustements microscopiques que les médias nous vendent afin de montrer que si, si, le gouvernement fait des choses, ressemblent de plus en plus à ces modifications inutiles des trajectoires d’une mouche coincée derrière une vitre et qui s’y cogne, de façon mécanique et répétée, jusqu’à mourir d’inanition ; car Hollande sait bien que, bonk, là, juste là, bonk, se tapit la croissance, bonk. Il sait qu’en insistant, bonk, la courbe du chômage va s’inverser, bonk. C’est pourtant évident, bonk, qu’en ajoutant une loi ici, bonk, un pacte là, bonk, une réforme territoriale ici, bonk, on va forcément arriver à débloquer la situation, bonk.
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