Mes chères contrariennes, mes chers contrariens !
Oui le terrorisme c’est très mal, oui il faut livrer une guerre sans merci au terrorisme et aux terroristes, il faudrait également se poser tout un tas de questions que personne n’ose poser ou ne peut poser sans risquer les foudres de la bien-pensance.
Oui il faut défendre la liberté de pensée, d’écrire, de dessiner même ou encore d’inventer, de calculer, d’entreprendre parce que d’une façon générale, sans liberté, il n’y a plus de forme de création ou tellement limitée que cela ne rime plus à grand-chose.
Pourtant, entre les procès en sorcellerie fasciste où les propos sont systématiquement qualifiés de « nauséabonds », l’interdiction formelle de « ne pas être Charlie », ou encore les questions que « l’on n’a pas le droit de poser » d’après notre ministre de l’Éducation nationale choquée par les propos des élèves, la liberté est déjà passablement érodée.
Finalement, quelques jours à peine après la « grande marche de l’unité », il ne reste pas grand-chose à part nos fractures béantes, nos divisions et évidemment la tendance à vouloir « profiter » des événements afin de maîtriser encore un peu plus les foules (qui ne sont pas terroristes).
Le pire n’est jamais sûr… pourtant il est chaque fois probable, plus que probable même et il est assez dépitant de voir l’évolution des choses.
Ainsi, désormais, on parle ouvertement de dérogation aux Droits de l’Homme… Pourquoi finalement, j’espère juste que ce ne sera pas votre tête qui sera dérogée… On parle de nouvelles règles d’engagement de tir de la part de la police… Pensez donc, faut bien que les pauvres gars puissent se défendre… ce qui n’est pas tout à fait faux reconnaissons-le, mais où place-t-on le curseur…
Droits de l’Homme en berne
« Lundi, Numerama expliquait que l’article 15 de la Convention européenne des droits de l’Homme (CEDH) autorisait dans un cadre strict les États membres du Conseil de l’Europe à déclarer leur intention de déroger à certains des droits fondamentaux en principe garantis par le traité. C’est Valérie Pécresse, déjà favorable à l’instauration d’un « Patriot Act à la française », qui a rappelé cette possibilité lors d’une interview sur RTL, pour encourager le Gouvernement à aller très loin dans la mise à l’écart de certaines libertés, pour lutter contre le terrorisme.
Jörg Polakiewicz, qui dirige la Direction du Conseil juridique et du Droit international public (DLAPIL) du Conseil de l’Europe, nous a signalé que l’historique complet des déclarations faites par les États concernant l’application de l’article 15 était en ligne sur cette page.
On y découvre d’abord que la France est le seul des 47 États membres du Conseil de l’Europe à refuser d’être bridé par les quelques droits dits « indérogeables » qui doivent être garantis en toutes circonstances, y compris en temps de guerre. Elle fait prévaloir l’article 16 de la Constitution qui donne au président les pleins pouvoirs en cas de nécessité. Par le biais d’une réserve d’interprétation émise le 3 mai 1974 au moment de ratifier la CEDH, la France avait en effet expliqué que « pour l’interprétation et l’application de l’article 16 de la Constitution de la République, les termes dans la stricte mesure où la situation l’exige ne sauraient limiter le pouvoir du Président de la République de prendre les mesures exigées par les circonstances ». Malgré tout, la France avait tout de même explicité sa volonté de déroger aux droits de l’Homme pour gérer les émeutes de Nouméa en Nouvelle-Calédonie, en 1985. »
Nouvelle proposition de loi au Sénat…
« Le Sénat est appelé à se prononcer sur la proposition de loi n° 767 visant à renforcer la protection pénale des forces de sécurité et l’usage des armes à feu, présentée par MM. Louis Nègre, Pierre Charon et plusieurs de leurs collègues.
Les auteurs de cette proposition de loi affirment l’absolue nécessité de modifier le code pénal dont les dispositions actuelles, insuffisamment protectrices des policiers, seraient une cause majeure d’insécurité physique pour les forces de l’ordre dans l’exercice de leurs missions. Les modifications qu’ils proposent pour répondre à cette insécurité sont de deux ordres : d’une part, créer, au bénéfice des forces de police, une disposition équivalente à celle de l’article L.2338-3 du code de la défense – afin d’autoriser explicitement l’usage des armes à feu par les policiers dans des conditions semblables à celles des gendarmes – et d’autre part, compléter l’article 122-6 du code pénal en créant deux nouvelles présomptions de légitime défense. »
Il n’y a pas d’évolution, de création, d’invention sans liberté
Nous ne lutterons jamais contre le terrorisme en diminuant nos libertés. Cela est faux, et tous ceux qui réfléchissent le savent parfaitement. Le propre des lois n’est d’emmerder que ceux qui les respectent, pour ceux qui les contournent cela ne changera jamais rien.
La liberté ne se saucissonne pas, la liberté ne se coupe pas en tranche, la liberté ne peut pas par définition être « limitée » car une liberté limitée c’est comme ce que l’on appelle la liberté « surveillée », c’est un ersatz mais en aucun cas la liberté.
Nous nous refusons à poser les bons mots sur nos maux, nous apportons les mauvaises réponses, et évidemment la première victime de la guerre c’est toujours la vérité… et la liberté.
Cela ne tardera pas à nous poser d’énormes problèmes économiques, d’abord parce que notre société va devenir étouffante, ensuite parce que la guerre contre le terrorisme cela coûte très cher et que nous allons devoir imprimer quelques billets… Mais les Allemands semblent avoir dit oui, enfin oui… pour que ce soit la banque de France qui imprime, oui pour que les dettes françaises restent dans les comptes français… Alors si c’est bien vers cela que nous nous dirigeons, nous pouvons dire sans véritablement nous tromper que nous allons rapidement vivre dans un pays complètement en faillite, étouffant en terme de liberté et dans lequel on tentera par tous les moyens répressifs possible de maintenir le mirage d’une situation stable…
Quelle tristesse que de contempler ce crépuscule d’une nation, notre nation. Quel aveu de faiblesse et quel manque de courage de la part de notre classe politique.
Il est déjà trop tard, préparez-vous.
Charles SANNAT
« À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes » (JFK)