Mes chères contrariennes, mes chers contrariens !
C’est une déclaration que j’avais conservée précieusement et sur laquelle je souhaitais revenir car force est de constater que ces derniers temps, les langues se délient un peu et l’optimisme de façade qu’il convient d’afficher se lézarde alors que les mauvaises nouvelles s’accumulent.
Voici ce que vient de déclarer le patron de la plus grosse banque régionale allemande
Pour Hans-Jörg Vetter, le président de la banque allemande LBBW (Landesbank Baden-Württemberg), tenez-vous bien :
« Les risques ne sont plus pris en compte dans les cotations. Et ces investisseurs ne sont pas payés pour les risques qu’ils prennent. Cela s’applique à toutes les classes d’investissements. Les marchés boursiers et obligataires se trouvent maintenant dans la mère des bulles. Cela ne durera pas toujours. Et pas pendant très longtemps. Je ne peux pas dire quand cela va commencer à se déliter, mais à un moment donné, cela va se déliter à nouveau. »
Une banque déjà sauvée… il sait de quoi il parle !!
Avec 266 milliards d’euros d’actifs en gestion et 11 000 employés, c’est la plus grande « Landesbank » d’Allemagne dont le siège est à Stuttgart. Vetter a été nommé en 2009 pour ni plus ni moins sauver cette banque qui était en faillite virtuelle et bénéficiera de fonds publics pour assurer son redémarrage dans le cadre d’une nationalisation pure et simple.
Alors le Vetter, il sait de quoi il parle quand on parle de risque et de faillite bancaires.
Un environnement de taux zéro ne peut que conduire à des prises de risques excessives !
Nous devons toujours garder en tête l’un des principaux péchés capitaux… le lucre ! Non, rassurez-vous, il ne s’agit pas de faire de la théologie mais de l’histoire humaine. Si le lucre est un péché capital, c’est que depuis la nuit des temps l’homme n’a plus à démontrer sa vénalité et son intérêt pour le gain.
Beaucoup sont prêts à aller très loin pour un peu plus d’argent, ou d’or. Il n’y a rien de nouveau là-dedans. Lorsque l’argent ne rapporte plus rien, voire même que votre épargne vous coûte, ce qui est le cas avec les taux d’intérêt négatifs, alors nous serons tous tentés d’aller chercher encore plus de rendement en prenant encore plus de risques, car ce que nous voulons c’est gagner de l’argent !
C’est d’ailleurs pour cette raison que je ne cesse de dire aux épargnants : ne pas perdre, dans le contexte actuel, c’est déjà gagner !! Mais ne prenez pas de risques inconsidérés. Dans un environnement où les taux sont à zéro… l’argent ne rapporte plus rien par définition. Tout gain est donc générateur d’un risque élevé et dans cet environnement de taux à zéro, les risques ne sont plus convenablement rémunérés…
Résultat logique : lorsque les taux rapportent zéro, alors on se dit qu’une action à 100 € qui rapporte du 4 % de dividende c’est génial… On se dit même que si cette action double vaut 200 euros et qu’elle verse encore 4 euros c’est génial car on fait du 2 % et c’est mieux que 0 hein !!!
Et puis si l’année prochaine cette même entreprise vaut 400 euros, que ses bénéfices n’ont pas augmenté mais qu’elle verse encore 4 euros de dividendes… cela fait quand même du 1 % et c’est génial (surtout que, en plus, le cours de bourse monte et double tous les ans de façon exponentielle).
Et comme les taux deviennent négatifs et que cette entreprise verse encore et toujours 4 euros de dividendes, le jour où l’action vaut 800 euros eh bien 4 euros représentent encore à 0,5 % de rendement positif, ce qui est nettement mieux qu’un placement à taux négatifs, ce dont vous conviendrez aisément.
Eh bien sous vos yeux c’est exactement ce qui arrive.
C’est ce qui arrive pour les actions.
C’est ce qui arrive pour les obligations.
C’est ce qui arrive pour l’immobilier (bien qu’en France, les prix baissent enfin légèrement).
Bref, c’est ce qui arrive pour toutes les classes d’actifs.
Tous les rendements sont tirés vers le bas, tous les risques augmentent et les espérances de gains futurs fondent comme neige au soleil.
Vous avez donc sous les yeux, comme le dit Vetter, la mère de toutes les bulles, qui gonfle, qui gonfle, qui enfle, et… qui va nous péter à la gueule. La seule question c’est « quand ? », mais ça fera très mal.
Il est déjà trop tard, préparez-vous.
Charles SANNAT
« À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes » (JFK)