Mes chères contrariennes, mes chers contrariens !
Rassurez-vous sur le titre de cet édito. La croissance n’est pas de retour, on aimerait bien mais ce n’est pas le cas quoi qu’en dise cet article qui faisait la une avec ce titre… Pour cette fois c’est pour de bon !! J’ai beaucoup rigolé et nous allons ensemble analyser justement ce qui est dit au sujet de cette croissance par les journalistes de Reuters.
Avant cela, je voulais vous parler rapidement de cette étude dont le journal Libération (qui n’est pas facho d’accord) se fait longuement écho.
Les Français ont une parfaite conscience de la situation économico-sociale
« L’étude de Publicis pointe trois «dissonances» majeures, dont «l’intensité» a surpris ses auteurs. La première : «Entre ce que ces Français vivent – une aggravation de la situation de précarité et une France qui continue de glisser dangereusement, d’une façon que certains jugent désormais irréversible – et le discours ambiant autour de la reprise économique qui serait là mais qu’ils ne ressentent pas.» Autre fossé : «Entre la gravité des citoyens et le manque de sérieux des élites, avec un débat politique sans projets et concentré sur quelques personnalités dans la perspective de 2017», regrettent-ils selon Véronique Langlois. Elle évoque aussi le «sentiment d’un déni de démocratie chez des Français qui considèrent que les élus ne remplissent pas le mandat pour lequel ils ont été élus et, même, qu’ils sont carrément des obstacles aux changements urgents que la situation exige. »
Et justement, les Français, les vrais, eux, vous, nous, les classes moyennes, nous ne voyons pas de croissance. Nous ne voyons pas de pouvoir d’achat en hausse mais des prix qui montent légèrement, des salaires qui n’augmentent pas et des prélèvements en hausse, des zimpôts qui montent bref, nous nous appauvrissons. Pourtant, « on » nous fanfaronne la reprise tous les quatre matins. Mais aujourd’hui mes chers amis, sachez-le, c’est pour « de bon », hors cette expression c’est « pour de bon » est un piteux aveu sémantique des mensonges précédents sur la croissance qui était à nouveau là et la reprise pour tous… Plus personne n’y croit et la communication de nos autorités est digne de celles de l’ex-Union des Républiques socialistes soviétiques.
La croissance de retour pour de bon en Europe
Je vous cite les meilleurs passages afin que nous puissions rire ensemble bien sûr, mais surtout afin de décrypter avec vous cette novlangue économique dont le seul but n’est pas de dire la vérité mais de façonner l’opinion publique et la pensée générale. Vous devez croire à la croissance économique.
Alors pour que vous y croyez, on va tordre la réalité dans tous les sens jusqu’au ridicule que vous serez prié de ne pas voir, et si vous le voyez de ne surtout pas le relever. Vous devez faire le crétin. Comme avec ce chef qui vous demande, dans un marché en baisse de 30 %, de vendre 150 % de plus que l’année précédente. Inutile de lui dire que ses objectifs sont au mieux débiles et lui abruti. Article 1 : le chef a toujours raison. Article 2 ? Quand le chef a tort… se reporter à l’article 1.
Bref, mes amis, sortons les tambours et le champagne. Nous allons avoir une croissance supérieure à celles des USA… Bendiou… ça pour une nouvelle, c’est une sacrée nouvelle !!
« LONDRES (Reuters) – La zone euro a probablement enregistré au premier trimestre une croissance solide qui, pour une fois, la placera devant les États-Unis et confirmera sa meilleure santé après cinq années de stagnation ou de récession… »
À ce niveau, on se pose deux questions.
1/ Quelle est la croissance européenne ?
2/ Quelle est la croissance américaine ?
Après, et en fonction des chiffres, on se fait la fête. Par exemple, si la croissance américaine est de 5 % et qu’en plus la croissance européenne est supérieure genre 6 %, effectivement on va pouvoir sabler le champagne. Mais rassurez-vous, la bouteille va rester au frais et attendre un peu plus.
« Les économistes interrogés par Reuters attendent en moyenne un chiffre de +0,5 %, d’autant plus impressionnant que les États-Unis ont probablement connu sur la période une légère contraction, très temporaire toutefois. »
Hahahahahahahahaha, c’est la joie mes cocos !! Et vous savez pourquoi ? Parce que nous on a fait au mieux 0,5 % de croissance avec des taux d’intérêt à zéro, un QE de 1 000 milliards d’euros et une monnaie unique, l’euro, en baisse de 20 % !! Et avec tout ça, la croissance serait de 0,5 % alors que les USA (dont on nous vante quand même la reprise) auraient « probablement » connu une période de contraction (cela veut dire récession) mais que temporaire, mais on n’est pas sûr…
Houhouohuoouhouhouhouh j’en rigole encore !! En clair, nous on est vachement bon avec 0,5/20 et on est devant les US qui ont -0,2/20… C’est sûr qu’il y a vraiment de quoi se réjouir…
Je vous ai mis le lien, donc je vous laisse lire le reste de cette dépêche si vous le souhaitez mais je cite encore ce passage important, histoire de faire le tour de l’essentiel.
«Cette reprise est soutenue par cinq moteurs sous-jacents : (1) une demande externe plus forte ; (2) des conditions financières plus souples ; (3) la fin de l’austérité budgétaire ; (4) la baisse de l’euro ; et (5) les prix du pétrole plus bas », résumait Huw Pill, de Goldman Sachs, dans une note récente… »
Eh bien, si avec de tels moteurs « sous-jacents » c’est à ce type de résultats que l’on arrive, il n’y a pas à dire, la situation est irrémédiablement compromise mais nous le savions déjà. En réalité, ce qui est passionnant dans cet article, c’est l’aveu d’échec que l’on peut vraiment lire entre les lignes.
Encore plus grave, les taux poursuivent leur remontée alors que la BCE, en injectant 1 000 milliards d’euros, était censée s’assurer qu’ils restent bas, très bas et pour longtemps… Alors que se passe-t-il ?
Il est déjà trop tard, préparez-vous.
Charles SANNAT
« À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes » (JFK)