Mes chères contrariées, mes chers contrariens
!
Je sais le titre est facile et rappelle « braquage à
l’italienne » mais que voulez-vous, il est tard. Bon vous
l’aurez compris, je ne résiste pas à l’envie et au
besoin compulsif de vous parler de Chypre.
Un peu
d’histoire
Faisons un peu d’histoire, rapidement rassurez-vous, pas besoin
de vous parler de l’antiquité, non, tiens, démarrons
je ne sais pas moi disons en 2008. Il y a 4 ans. Cela ne fait donc pas bien
longtemps. Il y a donc 4 ans, en 2008, Chypre rentrait dans la zone euro.
Oui. On ne vous le dit pas trop, tout le monde s’en fiche, personne ne
se pose la question et tout le monde a oublié (c’est
d’ailleurs sans doute pour cela qu’il faut supprimer les cours
d’histoire, à part donner de mauvaises idées aux peuples
cela ne sert à rien).
Donc en 2008, Chypre était un autre pays. En effet Chypre
disposait en 2008, le jour de son entrée dans l’euro,
d’une industrie très prospère. 90% des voitures vendues
en Europe étaient produites à Chypre. Tout le monde voulait
rouler en voitures chypriotes. Les allemands, pourtant fiers de leur standard
qualité, achetaient par millions la chypromobile
de chez chypromotor. Vous ne vous en souvenez pas ?
Pfff.
Mais ce n’est pas tout. Les compagnies aériennes du monde
entier achetaient des Chyproplane de la compagnie Chyproaviation leader mondial devant Airbus et Boeing.
Vous ne le saviez pas ? Pfff.
En 2008
Chypre était déjà un Paradis fiscal
Oui il faut bien le reconnaitre. Chypre était
déjà un paradis fiscal en 2008. Mais on ne le découvre
qu’aujourd’hui. Holalala pô bien les chypriotes. Vilains. Donnez-nous vos
comptes en banque.
Alors nous sommes en droit de nous poser la question de
l’élargissement de la zone euro à Chypre en 2008 alors
que la crise économique venait de commencer l’année
précédente en 2007 !
Aujourd’hui le contribuable européen est donc
appelé à l’aide pour sauver un pays dont le modèle
économique est d’être un paradis fiscal et soit dit en
passant de blanchir également de l’argent pas forcément
très propre.
On nous demande donc au nom de la solidarité au sein de la zone
euro de payer pour eux.
Et bien non. Je refuse.
Chypre doit
sortir de l’euro
Comprenons-nous bien. Je suis scandalisé par ce braquage
à la chypriote des comptes bancaires. C’est une honte que rien
ne peut justifier. Cette solution est imposée de
l’extérieur par une Troïka qui n’a aucune
légitimité démocratique.
La seule solution valable compte tenu des spécificités
de Chypre est de laisser Chypre aux chypriotes. C’est leur
problème et c’est à eux de trouver la moins mauvaise des
solutions.
Il était évident qu’en intégrant ce type de
pays dans la zone euro nous courions à la catastrophe
économique déjà que c’est très
compliqué de faire marcher ensemble dans la même zone
monétaire un pays comme la France et l’Allemagne… alors
imaginez Chypre.
Entre l’adhésion et le problème ? 4 ans !
C’est court. Nos politiques font n’importe quoi et je le dis avec
une colère difficile à contenir. Ce qui arrive était une
évidence.
Qu’est-ce
que l’on entend comme âneries !
Ma préférée c’est «nous quand on paie
l’ISF c’est pareil».
Hé bien non ce n’est pas du
tout pareil. D’abord l’ISF est un impôt. Il est voté
dans le cadre d’un processus législatif, prend place dans une
loi de finance. Certaines possibilités d’exonérations ou
de réductions existent. Personne n’aime payer un impôt y
compris l’ISF, mais nous avons une forme de visibilité.
Et la grande différence c’est que l’ISF se calcul
sur votre actif net. Vous avez 1 million d’euros de patrimoine et 1
million d’euros de dettes car vous venez juste d’acheter un
très bel appartement, vous ne payez pas d’ISF car votre
patrimoine moins vos dettes = 0. D’ailleurs cela donne lieu à
quelques savants montages fiscaux mais c’est un autre sujet.
Dans le cas du braquage à la Chypriote peu importe votre
endettement. Ce qui compte ce sont vos dépôts. C’est du
vol pur et simple.
Une autre que j’aime bien, c’est « à
situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle ! » Ho, ben oui ma
brave dame vous comprenez c’est comme ça. Le problème
avec ce genre d’argument c’est qu’il permet de tout
justifier tout, y compris l’arbitraire, la dictature, les massacres,
les génocides et tout le toutim… Les mesures exceptionnelles
c’est la porte ouverte au régime d’exception. Et les
dictatures commencent toujours de cette façon-là, lorsque le
droit s’efface pour laisser place à l’arbitraire et que le
silence consentant de tous, personne ou peu s’y oppose. Reprenez vos
cours d’histoire bon sang !
L’économiste français Frédéric
Bastiat disait (et il est mort depuis bien longtemps) : « quand le
pillage devient un moyen d’existence pour un groupe d’hommes qui
vit au sein des élites de la société, ce groupe finit
par façonner pour lui-même tout un système juridique qui
légitime le pillage, et un code moral qui le glorifie ».
Et c’est comme ça que vous obtenez un Chypre c’est
différent, c’est un paradis fiscal, ils ne payent pas
d’impôts, alors franchement ils l’ont bien cherché,
comme les grecs et leurs armateurs, comme les espagnols et leur promoteurs,
comme les italiens et leur mafia, comme les français et leurs aides
sociales…
Tournez le problème dans tous les sens. Cela reste de la
spoliation. Tout simplement.
Cela risque de créer un précédent dramatique.
Je
préfère la faillite à la spoliation !
Oui mes chers contrariens, je suis un
défenseur de la faillite ou du défaut, comme vous le souhaitez
et peu importe la terminologie car cela est très différent.
Si j’achète une action j’accepte le risque que la
société fasse faillite et que mon action vaille 0.
Si j’achète une obligation d’état,
c’est-à-dire que je prête à un pays qui fait
faillite (défaut) j’accepte que mon obligation vaille 0.
On joue, on gagne et des fois on perd. On assume les
conséquences de ses placements.
Car ce qu’il va se passer c’est que l’on vole 10% de
l’épargne des gens. L’économie chypriote va
s’effondrer, entrainant la nécessité de faire
d’autres « taxes » ou « prélèvements
» obligatoires.
Alors oui on doit privilégier les faillites aux spoliations.
D’où la question, pourquoi préférer une
spoliation ? Pour sauver les banques pardi ! Et que croyez-vous qu’il
se passera en Italie où la dette vient encore de grossir de 34
milliards d’euros grâce à la gestion extraordinaire de
Mario Monti ? Que se passera-t-il en Espagne ? Et enfin, chez nous, sur les
comptes de chacun d’entre vous ? Il se passera exactement la même
chose. On fermera les banques et on volera votre argent au nom de votre bien.
Bon je vous passe toutes les autres bêtises qui sont du
même acabit et ne tiennent pas à une contre argumentation
sérieuse.
Rejet du
plan de « sauvetage » européen par le Parlement Chypriote
Alors que le Ministre des finances chypriote et le porte-parole du
gouvernement sont démissionnaires, la majorité au parlement a
indiqué qu’elle s’abstiendrait lors du vote ce qui va
laisser un boulevard au rejet du texte par l’opposition.
Ha… les résultats du vote viennent de tomber.
Récapitulons.
Le Parlement chypriote a donc rejeté (comme prévu) le
plan de naufrage heu pardon de « sauvetage » conclu samedi avec
l'Eurogroupe et censé éviter une
faillite de l'île, par 36 voix contre, 19 abstentions et aucune pour.
Pour faire plaisir à nos « zélites
» européistes béates, le résultat de ce vote a
été accueilli par une explosion de joie par des milliers de
manifestants réunis devant l'Assemblée !
Heureusement
le communiqué de la BCE vient de tomber.
« La Banque centrale européenne (BCE) a pris acte du vote
négatif du Parlement chypriote sur le plan de sauvetage
européen, et a réaffirmé qu'elle fournira autant de
liquidités que nécessaire, dans le cadre des règles
existantes ».
Enfin, pour vous remonter un peu le moral et parce qu’il faut
bien rire, le Président de la Banque Centrale de Chypre porte le doux
prénom de « Panikos » (Demetriades de son nom). Et franchement en pleine panique
bancaire avoir un Gouverneur portant le prénom Panikos,
on ne pouvait rêver mieux. Comme quoi ils sont forts ces
chypriotes… pour nous faire rire !
Allez à demain, je pense que l’on ne va pas
s’ennuyer ces prochains jours, et n’oubliez pas d’avoir
quelques centaines d’euros en espèces devant vous, on ne sait
jamais, dès fois que Panikos bloque les
cartes bleues du reste de l’Europe !
Charles SANNAT
Editorialiste et rédacteur du Contrarien
Matin
Directeur des Études Économiques Aucoffre.com
http://www.lecontrarien.com/
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