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Des Banquiers Centraux Illusionnistes ? Nous vivons une période folle !

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Published : April 18th, 2013
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Depuis le début de la crise de 2007, l’imagination des banques centrales (BC) est sans limite. Ils jouent  aux apprentis sorciers en injectant de façon continue des liquidités. Si on pensait que Ben Bernanke avait remporté la palme de la créativité, c’est parce que nous n’avions pas encore rencontré le nouveau gouverneur de la banque centrale du Japon Haruhiko Kuroda. C’est chose faite et son imagination est effectivement débordante : il a fixé un objectif d’inflation de 2% d’ici deux ans qu’il compte atteindre en doublant les achats mensuels d’obligations. Il faut lutter contre la déflation à tout prix. Pour relancer l’économie, l’inflation apparaît comme le seul salut. Selon les défenseurs de cette politique, il est impératif qu’elle redevienne positive pour deux raisons essentielles. En premier lieu, la consommation étant insuffisante en raison de la stagnation des salaires, l’inflation permettrait de les augmenter et ce d’autant plus aisément s’ils sont indexés. En second lieu, l’injection massive de liquidités permettrait et permet déjà aujourd’hui au yen de baisser et de fait d’améliorer la compétitivité des entreprises nippones vis-à-vis de leurs concurrents étrangers, en particulier allemands.  


Un scoop : l’injection de liquidités est créatrice  de richesses !


La politique de Monsieur Kuroda repose donc sur l’idée que l’augmentation des salaires par l’inflation va convaincre les japonais qu’ils sont plus riches. Mais n’est-ce pas une façon de prendre les gens pour des « imbéciles » ? Comment peut-on croire une seconde que si les salaires augmentent grâce à l’inflation les japonais courront dépenser leur argent victime de l’illusion monétaire ? Tout d’abord, on peut toujours nourrir de sérieux doutes quant à l’existence de l’illusion monétaire étant donné que l’objectif de la politique monétaire est clairement énoncé.


Or lorsque Milton Friedman a expliqué les effets économiques temporaires de l’illusion monétaire, il avait bien précisé qu’elle n’existe que si les individus ne comprennent pas que l’inflation est présente ou la sous-estime. Or la politique de Monsieur Kuroda est claire : il veut atteindre un taux d’inflation-cible de 2% d’ici deux ans. En d’autres termes toute augmentation de prix et des salaires sera la traduction de cette expansion monétaire. 


Il est effectivement possible de considérer l’existence d’un décalage entre l’augmentation des salaires et l’augmentation des prix ce qui pourrait conduire les individus à croire qu’ils son « plus riches », au moins temporairement, et donc les inciter à dépenser davantage. La diminution des prix des biens manufacturés en raison de la mondialisation peut rendre ce scenario probable. Il n’empêche que compte tenu de l’objectif clairement affiché par la BC, les individus sont bien conscients qu’à terme l’inflation viendra réduire leur augmentation de salaire.


Nouvelle tentative d’assouplissement monétaire au Japon… après l’échec de celle des années 90 ?


L’annonce d’une telle politique est surprenante à plusieurs titres. Le Japon a été l’un des premiers pays à adopter une politique d’assouplissement monétaire dans les années 1990 et le bilan est plutôt mitigé. La reprise de l’activité économique n’a pas été au rendez-vous. Pourquoi  penser qu’une telle politique pourra être plus efficace aujourd’hui qu’elle ne l’a été hier ? Par ailleurs, la politique d’assouplissement monétaire menée par les USA et l’Angleterre n’a pas l’air d'e donner de meilleurs résultats au regard notamment des montants déjà mis en jeu en particulier dans le cas des USA ? Cette politique a été adoptée aux USA et en Angleterre à la suite de l’éclatement en 2007 des bulles immobilière et financière. Cela avait conduit à un effondrement de la valeur de certaines classes d’actif et à une crise de liquidités sans précédent.  La politique d’assouplissement monétaire a été considérée à tort ou à raison comme la seule politique capable de faire face à la crise de liquidité et restaurer la confiance.  Cette situation ne correspond pas à celle du Japon aujourd’hui.


Par ailleurs, cette politique menée au Japon ne trouve aucune justification théorique quoiqu’en disent les journalistes. Du côté monétariste comme du côté keynésien le recours à la politique monétaire  ne se justifierait que lorsqu’un pays manque de liquidités et certainement pas dans le cas du Japon dont la crise a des causes différentes. Milton Friedman, chef de file des monétaristes, a toujours défendu l’idée qu’une politique monétaire est inefficace pour relancer l’économie car la monnaie serait neutre. Keynes, de son côté, ne voyait pas non plus dans la politique monétaire le comme le moyen de sortir de la crise des années 30 puisqu’il défendait, au contraire, l’augmentation de la dépense publique afin de la substituer à une dépense privée en baisse.


la multiplication de la monnaie n’a-t-elle jamais réussi à créer autre chose que des bulles ?


Nous en venons ainsi à la question fondamentale : ces politiques de création monétaire excessive   peuvent-elles relancer l’activité économique? Évidemment, c’est la conviction des banquiers centraux qui les mènent ainsi que de la majorité des économistes mais sur la base de quelle justification? Pour le moment, il est certain que les marchés financiers sont les premiers à se réjouir de ces politiques de largesse en matière de liquidités. Pour preuve, tous les jours, les indices boursiers aux États-Unis battent des records et la bourse nippone a régi très positivement à l’annonce de la nouvelle politique monétaire. La bonne tenue des marchés financiers a un impact sur les entreprises qui y ont accès puisqu’elles leur permettent de financer à moindre coût leurs projets. En revanche pour les entreprises qui n’y ont pas accès (entreprises de petite et moyenne taille), la situation est différente. En effet, les banques préfèrent actuellement accumuler les liquidités obtenues de la BC plutôt que de les transformer en crédit. Il y a deux raisons essentielles à cela : elles doivent digérer la crise et gérer les pertes et elles font également face à un renforcement de la réglementation qui demande un temps d’adaptation et n’est pas favorable à l’activité de crédit.


Outre cette discrimination entre les entreprises, la possibilité de se financer sur les marchés à moindre coût n’est-elle pas malgré tout une bonne nouvelle ? N’est-ce pas le signe d’une reprise économique ? Il y a des raisons d’en douter car cette reprise risque de ne pas être pérenne. Elle comporte en elle les germes de la future crise. En effet, les taux d’intérêt qui prévalent aujourd’hui sont maintenus à des niveaux « artificiellement »  bas favorisant ainsi le financement de projets qui n’auraient pas vu le jour sinon. Le problème de ce type de trajectoire de croissance est qu’elle repose sur des bases illusoires. Dès lors que la politique d’assouplissement monétaire cessera et que les taux d’intérêt augmenteront, les marchés financiers ralentiront au mieux et s’effondreront au pire sachant que simultanément les projets entrepris par les entreprises ne se révéleront  plus viables.


Après la crise de 2007 et la crise de la dette souveraine que nous vivons depuis 2010, est-ce un futur souhaitable ? Rien n’est moins sûr… Finalement, nous pouvons nous réjouir en Europe d’avoir une d’avoir une BC qui se révèle in fine moins laxiste.


 

 

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Toujours est-il que les banques préfèrent actuellement accumuler les liquidités obtenues de la BC plutôt que de les transformer en crédit. Et ce sont encore et toujours les marchés financiers qui sont les premiers à se frotter les mains de ces politiques délétères de surabondance de liquidités... ou comment créer et entretenir des bulles financières qui, quand elles font exploser les banques, ces dernières étant décrétées 'too big to fail' par principe cupide et irresponsable de nos dirigeants, envers et contre les lois basiques du marché capitalistique libéral inhérentes entre autres, à "l'alea moral", ces banques sont renflouées avec l'argent du contribuable, lequel n'est bon qu'à 'essuyer les plâtres' en toutes occasions...
En attendant, tout cet argent créé ex-nihilo, renforce le caractère virtuel de nos économies Occidentales... Pas étonnant qu'elles n'en soient plus réduites qu'à des paradis virtuels, puisque les marchés sont 'drogués par les liquidités' (expression chère à Olivier Delamarche).
Bien que je revendique l'abolition des banques centrales et que je suis opposé, par principe autant que par raison au système 'd'une vie à crédit', fondement malheureux de notre Civilisation actuelle et par lequel elle creuse sa tombe, je dois reconnaître qu'en attendant 'Le' défaut systémique et la nouvelle donne sur la base de l'or qui s'en suivra nécessairement, on est bien obligé de faire avec... L'économie ne peut fonctionner sans, c'est d'accord... Mais de là à ce que les entrepreneurs de PME n'en voit pas/plus la couleur, SURTOUT en ce moment, c'est à mon avis, l'erreur la plus grave qui est commise, et ce, depuis 40 ans... pour ne pas remonter à 1913, date de la création de la FED, qui comme chacun sait et se doit de bien garder à l'esprit, est l'acte socle de l'élection du funeste et du sordide, scellant le sort de générations au liant d'une certaine dose de schizophrénie et d'aliénation, accompagnée de grands gâchis : retournons-nous et affrontons ce qu'a été ce XXème siècle... à l'aune de la 'facture salée' qui commence à sortir de l'imprimante et que les peuples et leurs fils/filles s'apprêtent à devoir payer !
Oui, nos dirigeants sont bien coupés des réalités. Ils ne savent faire que des numéros d'illusionnisme dont la 'vraie' économie n'a que faire...
La véritable addiction ce sont 'les diables d'en-haut' et les gouverneurs des BC de l'appareil mondial robotisé en mode 'CTRL + PRINT', qui l'ont : leur 'shoot' quotidien est celui de l'argent, du pouvoir et de l'irresponsabilité.
Ah, vivement l'or (et l'argent) pour que tout ça se termine, et ça viendra assurément... Bientôt, le pire ennemi de ces machiavels erratiques et sans foi ni loi, s'imposera à eux dans toutes ses dimensions !


_ " Les banques centrales sont la plus grande escroquerie inventée pour dépouiller un public ignorant. Leur ennemi éternel est l'or. " Richard Russel
_ " La monnaie fiduciaire est de la dette organisée en monnaie. " Charles Holt Caroll
_ " L'inflation, c'est la taxation sans législation. " Milton Friedman
_ " Les BC doivent digérer la crise et gérer les pertes et elles font également face à un renforcement de la réglementation qui demande un temps d’adaptation et n’est pas favorable à l’activité de crédit (Elles ne gèrent plus rien du tout, c'est du grand n'importe quoi, elles sont devenues folles et/droguées par le 'fric' ; NdL*). " Nathalie Janson
_ " On est clairement dans le piège des taux bas, comme on le vit dans la situation japonaise depuis 30 ans. Dans le cas où les taux d’intérêt européens et américains remonteraient à 5 ou 6%, c’est l’insolvabilité ; nous serions incapables de payer les intérêts de notre dette. " Charles Sannat ; lecontrarien.com ; 19 avril 2013.
_ " Celui qui contrôle le volume de monnaie dans un pays est le maître absolu de l'industrie et du commerce (mais à trop vouloir 'tout trop mal' contrôler... que maîtrisent-ils encore ? Réponse : regardons l'état du NWO... c'est 'éloquent', n'est-il pas ? ; NdL*). " Paul Warburg
_ " Nous allons connaître un effondrement total... " Bob Chapman - 2012 ; 1935-2012 --+ ; Investisseur, Analyste, Intervenant, Conférencier, 1980-1988 : plus grand courtier d'or et d'argent du monde avec 6000 clients. ; http://theinternationalforecaster.com/Bob_Chapman
_ " (...) Ces mondialistes voudraient éviter à tout prix que l’or soit considéré comme la seule valeur refuge (...) " Antal Fekete, www.gold.fr/news/2013/04/12
_ " Une monnaie convertible en or est le droit sur lequel reposent toutes nos libertés. " Howard Buffet
_ " 2008 - 2015 : 'Pourquoi l'or va battre la performance des actions et des obligations et comment vous pouvez en profiter' " Léonard Sartoni
_ " L'assouplissement monétaire (Quantitative Easing ou 'Q.E.') va s'accélérer et l'or suivra... " Egon von Greyerz ; fév. 2013.
_ " Lorsque les politiciens vous disent de ne pas vous inquiéter… Ne faites confiance à aucun gouvernement. Si vous les écoutez, vous finirez ... en banqueroute. Je veux m’assurer de ne pas me faire avoir. " Mac Slavo - ShtfPlan ; Prenez le chemin du maquis ; 18 avril 2013.
_ " Aurum et argentum comparendi sunt (Il faut acheter de l'or et de l'argent). " MàR ; 24hGold



*NdL = Note de L'auteur
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c'est marrant de parler d'inflation alors que la banque du japon a cassé le prix de l'or DE 45 $ en 30 minutes dimanche dans la nuit.
"Le Japon a été l’un des premiers pays à adopter une politique d’assouplissement monétaire dans les années 1990 et le bilan est plutôt mitigé. La reprise de l’activité économique n’a pas été au rendez-vous", dans les années 90, le reste du monde n'était pas en crise... mais la reprise n'était pas au rendez-vous ... : pourquoi cela irait-il mieux maintenant alors que le monde entier est en crise et imprime à tout va ...
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Bonne analyse! ceci dit les gouverneurs de banques centrales (de même que les politiques) ont des mandats à durée déterminée et ne pensent pas à long terme (" A long terme on est tous mort...."). Donc l'effet à court terme: 1) effet de richesse sur les ménages due à la hausse de la bourse, et 2) croissance économique par l'augmantation des exportations due à la dépréciation de la monnaie (jpy). C'est ça qu'on leurs demande
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Toujours est-il que les banques préfèrent actuellement accumuler les liquidités obtenues de la BC plutôt que de les transformer en crédit. Et ce sont encore et toujours les marchés financiers qui sont les premiers à se frotter les mains de ces politiques  Read more
debudelafin - 4/22/2013 at 1:24 AM GMT
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