Mes chères contrariennes, mes chers contrariens !
C’est assez incroyable le temps que peuvent mettre les choses, un temps qui est lié beaucoup plus à des problèmes de compétences de « complot ».
Il en aura fallu donc du temps pour comprendre ce que n’importe quel banquier d’en haut comme d’en bas savait depuis le départ, depuis le premier jour, depuis la première heure, évidemment la Société Générale ne pouvait pas ignorer les agissements de son trader Jérôme Kerviel.
Pourquoi ? Comment avoir une telle certitude ? Simple. Dans n’importe quel système où vous avez de l’argent en jeu, aucun salarié n’est en mesure de faire les opérations seul. Il faut toujours « 4 yeux », ou « 4 mains », ou des validations.
Il y a des contrôles, des contrôleurs, des auditeurs, des inspecteurs.
Il y a des pages et des pages remplissant des classeurs et des classeurs de procédures.
Il y a des hiérarchies.
Il y a même ce que les experts comptables ou les commissaires aux comptes nomment pompeusement la « circularisation ». C’est y quoi donc ? C’est le fait de s’adresser aux tiers de l’entreprise pour savoir si eux comme l’entreprise que vous vérifiez ont la même information.
Par exemple, votre entreprise explique à son expert comptable qu’elle a 100 clients qui lui doivent 100 000 euros chacun… Pas mal hein… Mais ces créances à venir sont-elles vraies ou fausses ? Il suffit d’écrire à ses clients pour leur demander confirmation… S’ils infirment tous devoir ces sommes, alors il y a fort à parier que vous êtes face à un cas avéré de fraude massive…
Le cas des opérations de marchés !
Depuis le départ, on sait – et il est de notoriété publique – que certaines contreparties ont contacté la Société Générale pour lui dire : « Hé la SG… t’es bien au courant là des dizaines de milliards d’euros de tes positions ? Parce qu’en face, c’est moi… Coucou, c’est moi… Si tu paumes, je gagne donc tu es bien consciente que tu va me payer un max sur ce coup-là… » Bon, ce n’était pas dit de cette façon-là dans les mails… mais l’idée est la bonne.
Il y avait aussi les chambres de compensation… qui voyaient bien les flux et certains engagements de la Société Générale.
Vous devez bien comprendre que dissimuler de telles informations et de tels montants c’est tout simplement impossible. Et encore plus grave, si c’est possible alors il faut en tirer la seule conclusion intellectuellement honnête qui s’impose : si une telle chose est possible, c’est que les défauts de contrôle sont massifs. S’ils sont massifs à ce point… alors dans quelle mesure votre argent est-il en sécurité ?
Alors non, ne vous précipitez pas fermer votre compte bancaire à la Société Générale pour acheter de l’or chez auCOFFRE.com (bien que vous devriez acheter de l’or et de l’argent métal sans même vous poser la question de son prix cher, pas cher, va-t-il monter ou baisser…) ! Pourquoi ? Tout simplement parce que la taille même de la Société Générale dans le paysage financier européen fait que cette banque étant systémique elle ne peut pas faire faillite. Enfin si, elle peut mais l’État, c’est-à-dire le con-tribuable, la sauvera. Mais tout de même, il y a de quoi se gratter la tête.
L’incompétence à la Société Général avait-elle atteint un niveau tel que personne n’était en mesure de contrôler et de surveiller les agissements d’un traders dont la position représentait environ 50 milliards d’euros ? 50 !!
Le faux scoop de Mediapart et la fausse découverte…
Pour tout vous dire, je suis assez sceptique sur cette agitation soudaine et sur la mise en cause de la Société Générale qui, finalement, aurait été au courant et aurait caché des choses à l’enquêtrice de police…
Je ne veux en aucun cas être désagréable vis-à-vis de cette policière qui a dû subir au court de cette enquête des pressions plus ou moins subtiles, fortes, répétées, ou suggérées… mais tout de même, encore une fois, comment cela peut-il être possible dans un « État de droit » comme le nôtre que personne ne se soit posé les bonnes questions dès le départ.
Encore une fois, cette affaire est d’une très grande simplicité. Soit Kerviel a détourné de l’argent et c’est du vol, ce qui n’était pas le cas. Soit Kerviel a certes totalement perdu les pédales, mais dans ce cas, les procédures, les contrôles et votre hiérarchie veillent justement à ce que les « pétages de plombs » soient identifiés avant de faire trop de dégâts.
Essayez quand vous êtes caissière chez Leclerc de partir avec une boîte de conserve… ou de ne pas scanner des articles…
Autre exemple, chez McDo, vous ne pourrez jamais mettre un billet dans la poche de votre futal… Vous savez pourquoi ? Il n’y a pas de « pôches » dans les uniformes McDo… Elles sont factices et c’est volontaire…
Mais la Société Générale n’était pas au courant.
Soit la Société Générale avait au mieux les plus grandes carences en terme de contrôle, soit la Société Générale était au courant. Dans les deux cas, la culpabilité de la banque est évidente.
Le témoignage de la policière !
« Chargé de ce dossier, le juge Roger Le Loire a auditionné début avril, selon le site d’information en ligne, la commandante de police Nathalie Le Roy, qui avait dirigé l’enquête sur les conditions de la perte de 4,9 milliards d’euros déclarée en janvier 2008 par la Société Générale.
«À l’occasion des différentes auditions et des différents documents que j’ai pu avoir entre les mains, j’ai eu le sentiment puis la certitude que la hiérarchie de Jérôme Kerviel ne pouvait ignorer les positions prises par ce dernier», a déclaré Mme Le Roy, selon Mediapart.
À l’appui de cette impression, l’enquêtrice, qui ne travaille plus aujourd’hui dans un service de police, a notamment évoqué le témoignage d’un ancien salarié de la banque.
Opérant au sein de l’entité «risques opérationnels», il a assuré à l’enquêtrice que «l’activité de Jérôme Kerviel était connue» et affirmé avoir alerté sa hiérarchie par le biais d’un message électronique «avec une tête de mort pour attirer leur attention».
«C’est un élément parmi d’autres», estime, au sujet du témoignage de Mme Le Roy, une source proche du dossier, qui souligne que la policière n’avait jamais fait état du moindre doute lors de l’enquête, notamment dans ses procès-verbaux de synthèse. »
Pourquoi ce témoignage arrive maintenant (sans que cela ne retire rien au courage de cette désormais ancienne policière) ?
Pourquoi brusquement donne-t-on crédit à ce témoignage alors que l’on a ignoré l’évidence depuis des années maintenant ?
Et je me demande, pour tout vous dire, ce que cela cache et à quel type de règlements de compte nous avons affaire…
Il est déjà trop tard, préparez-vous.
Charles SANNAT
« À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes » (JFK)