"Nous
courons sans souci dans le précipice, après que nous avons mis quelque chose
devant nous pour nous empêcher de le voir".
Pascal, Pensées.
Quand
j'ai intitulé mon dernier livre "Le modèle français dans l'impasse",
je ne croyais pas si bien dire et j'aurai sincèrement préféré me tromper.
Mais cet essai - qui n'a pas une prétention scientifique - est aussi le
produit d'une réflexion qui m'anime depuis plus d'une décennie à l'instar de
mes chroniques reprises sur les différents blogs (
Québécois Libre, Contrepoint, Atlantico, 24hGold).
J'ai
passé les trois quarts de ma vie dans un pays où les gouvernements
fraîchement élus nous annonçaient que la crise était derrière nous. On se
souvient encore de la fameuse phrase du président Giscard d'Estaing : "Je
vois le bout du tunnel". De la même manière, on a vu la côte de
popularité de chaque président élu dans l'euphorie s'écrouler quelques mois
après leur prise de fonction, faute d'avoir accompli les inévitables réformes
que tous les autres grands pays ont fait depuis
longtemps. Enfin, chaque année, on nous assène que "la rentrée sera
difficile".
Mais
comment cela pourrait-il en être autrement puisque tout est mis en oeuvre pour dépecer notre appareil productif et faire
fuir le capital humain en étouffant l'économie, la seule source de création
de richesses. Comment peut-on continuer à avoir la prétention de distribuer
des richesses quand on affaiblit le moteur de la production de ces mêmes
richesses ? Il est quand même stupéfiant de constater, qu'en 2014, le fait
que le ministre du travail se propose de "contrôler les chômeurs
fraudeurs" ou que le premier ministre annonce devant le MEDEF qu'il
"aime les entreprises" provoque un tollé et fasse la une de
la presse dithyrambique.
C'est
pourtant tellement basique pour qui possède quelques connaissances
élémentaires de l'économie. Dans ce contexte délétère, les partis de
gouvernement (PS, UMP) sont eux-mêmes dans un état de crise profonde ce qui
fait l'affaire des partis extrêmes dont l'ascension prévisible et inévitable
n'augure rien de bon pour notre pays.
Mais
l'histoire montre toujours que, lorsque les partis parlementaires sont
déficients, les institutions démocratiques sont fragilisées, ce qui fait le
terreau de la montée des partis populistes. A l'instar d'un pays, quand une
entreprise est mal gérée, elle fera l'objet d'un redressement drastique. Mais
comment des partis politiques, qui ne savent pas se redresser ni gérer
eux-mêmes, pourraient-ils prétendre redresser et gérer tout un pays aussi mal
en point que le notre ? Même si je l'ai déjà dit à
d'autres occasions, le manque de culture économique de notre classe politique
est consternant et provient certainement du fait que la grande majorité du
personnel politique n'a jamais eu à gérer une entreprise, n'étant jamais
soumis à aucune obligation de résultat.
Immanquablement,
et malgré les alternances, ils conduisent la France vers la faillite.
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