Mes chères contrariées, mes chers contrariens,
Comme vous l'aurez compris, je suis agacé. Pas par la gauche,
je suis plutôt bienveillant à l'égard des belles
idées, quoique... Non, je suis agacé par la bêtise, qui
est la qualité la mieux partagée, toute couleur politique
confondue.
Il semblerait que notre président, Normal 1er, ait
décidé d'aligner le statut des auto-entrepreneurs sur le
régime des TNS (travailleurs non salariés),
ce qui revient évidemment à supprimer ce statut et à
demander encore une fois au créateur de verser 10 000 euros de taxes,
charges et sommes en tout genre avant d'avoir réussi à avoir
même son premier client.
Le principe du régime de l'auto-entrepreneur était
justement de ne payer que lorsque vous aviez réalisé un chiffre
d'affaires. Sur ce montant, une fois encaissé, l'État
prélève donc environ 25 %. Cela signifie qu'un auto-entrepreneur
réalisant 30 000 euros de chiffre d'affaires doit tout de même
payer à l'État 7 500 € par an. On ne peut quand
même pas parler de cadeau ni de gratuité à ce niveau.
Mais c'en est trop pour notre gouvernement qui souhaite, semble-t-il,
vouloir supprimer ce qui fut un véritable succès pour la
création d'entreprise.
Par ailleurs, dans un monde ouvert, de libre circulation des biens,
des capitaux et des personnes, notre gouvernement décide de surtaxer
nos riches.
Pourquoi pas. Je rappelle juste que les frontières sont
ouvertes, et que nous ne pouvons pas les forcer à rester !! Alors
certains peuvent regretter leur manque de patriotisme, certes, mais il est un
fait qu'à vouloir casser l'État-nation, qu'à force de
traiter de fasciste toute personne aimant son pays, le patriotisme n'est plus
en France une valeur vraiment partagée. D'ailleurs la gauche est
essentiellement responsable de cet état de fait, puisque le
patriotisme mène dans le corpus idéologique de la gauche
française au fascisme, au racisme et tous les autres trucs en « -isme » incompatibles avec la bien-pensance « boboïsante » moderne.
A force de cracher sur l'Histoire, sur le Drapeau, sur
l'identité nationale, ne comptent plus que l'identité et
l'épaisseur de mon porte-monnaie... Vous êtes surpris ? Vous ne
vous y attendiez pas ?
C'était une évidence. Le patriotisme ne se découpe
pas en tranches. Il ne peut pas être à géométrie
variable. Et oui, comme toute chose, il peut entraîner des
excès.
Résultat : on demande aux riches de faire preuve de
patriotisme alors que l'essentiel de notre pays
« crache » sur tout ce qui est justement patriotique.
Je ne juge pas. Je constate.
Logiquement, les riches déjà, quoi qu'on en dise,
fortement taxés – la France a l'un des plus forts taux de
taxation – font un bras d'honneur aux mêmes qui crachent sur le
patriotisme mais qui voudraient les voir payer pour leur confort personnel au
nom même d'une valeur qu'ils rejettent par ailleurs.
Comme les choses ne peuvent pas fonctionner comme cela, eh bien
figurez-vous qu'elles ne marchent pas.
Où en sommes-nous donc après 100 et quelques jours du
règne de Normal 1er ?
Les riches ont commencé un véritable exode. Pas bien
loin, rassurez-vous pour eux. 2 heures d'Eurostar, 1h30 de Thalys, ou 3
heures pour atteindre Genève. Rien de très difficile.
Plus de contrôle aux frontières et un réseau de
trains à grande vitesse performant.
Les auto-entrepreneurs vont se faire liquider. Parfait. C'est une
excellente idée. Allons-y.
Enfin, le projet de loi de finance présenté vendredi 28
septembre n’a pas plu aux entrepreneurs français, qui le font
savoir. Né sur les réseaux sociaux, le mouvement des «
pigeons entrepreneurs » a rapidement fédéré une
importante communauté.
Au commencement, une intervention de Jean-David Chamboredon
(CEO d’ISAI) dans La Tribune,
dénonçant l’alignement de la fiscalité du capital
sur celle du travail. Conséquence : la taxation de plus de 60 % de la
plus-value de cession ou, dit autrement, la fin de l’entrepreneuriat
français.
Nos « pigeons entrepreneurs » rappellent,
à juste titre, que dans notre douce France, l'immobilier, qui ne produit
aucune richesse lorsque l'on se le revend entre nous avec 15 % d'augmentation
par an mais produit des bulles spéculatives dramatiques pour
l'économie, dispose d'une fiscalité extraordinaire puisque les
plus-values sur la résidence principale sont tout simplement de 0.
Rien, gratuit. Exonéré. Je ne juge pas. Je constate.
Ils font également remarquer qu'une plus-value sur un tableau
de Picasso de 100 millions d'euros, c'est 0, et que bien sûr un
tableau, cela ne rentre pas dans l'assiette ISF !! NORMAL.
Le détenteur d'un tableau est forcément un être de
lumière culturel qu'il faut à tout prix privilégier. Je
ne juge pas. Je constate.
Pas comme ces riches, pas comme ces entrepreneurs qui doivent
être cloués au pilori.
Il faut dire, les entrepreneurs sont des salops. D'ailleurs, plus ils
deviennent gros... plus ils ont de salariés, plus ils exploitent du
monde. C'est une honte. On devrait limiter enfin la taille des entreprises et
les empêcher de grossir. Toute entreprise devenant trop importante
devient un véritable lieu d'exploitation des masses laborieuses de
travailleurs et de travailleuses.
Quant aux riches, eux aussi ils devraient être interdits.
Puisque nous sommes tous égaux, nous devrions tous recevoir un salaire
identique. Si moralement, rien ne justifie un écart de 1 à 100,
rien non plus ne justifie un écart de 1 à 50. Suivant ce
principe qui me semble frappé au coin du bon sens, je ne vois pas non
plus ce qui moralement peut justifier un écart de 1 à 2.
Par conséquence, je ne peux imaginer que tout le monde ne soit
pas d'accord avec moi. Logiquement, nous devrions tous gagner la même
chose. Il y a une base excellente pour ça. Le Smic. Tout le monde
à 1 000 € net, y compris les profs. Je ne vois pas selon
quel principe ils devraient gagner plus que 1 000 € par mois. Il en va
de la nécessité d'être tous égaux. Un prof ne vaut
pas plus, ni mieux (et pas moins) qu'un ouvrier, qui ne vaut lui-même
pas plus que n'importe quel cadre de la finance ou de tout autre secteur.
Dès lors, nous pourrions envisager un monde se rapprochant de
la perfection. Comme tout le monde serait enfin sur le même pied
d'égalité, je ne vois pas au nom de quel principe moral nous
pourrions accepter que certaines personnes fassent des choix
différents des autres.
Nous ne pouvons donc pas accepter, par exemple, que chaque citoyen
français fasse un choix de consommation qui lui serait propre.
C'est pourquoi, moi, Normal 1er, roi de France, je viens de
demander à mon ministre du Redressement improductif d'établir
la liste des produits qui seront autorisés à la vente en
France, mais qui continueront à être produits en Chine, puisque
la mondialisation ne doit pas être remise en cause.
Pour chaque besoin, un seul produit sera disponible pour tous. En
effet, au nom du principe d'égalité, il n'est pas concevable
que l'un d'entre vous puisse en avoir une plus grosse que la mienne, je parle
de la voiture bien sûr. Il n'y aura donc que le modèle de DACIA
Logan entrée de gamme sans option qui sera vendu en France à
compter de ce jour. Une seule couleur. Le blanc. Que les « Daciaïstes » se rassurent, je suis un
heureux propriétaire de Dacia par choix, et je n'éprouve
nullement le besoin de critiquer ceux qui font le choix d'avoir une belle
voiture, que mon fils est très content de pouvoir admirer dans les
rues !!
Pour les téléphones portables, les Samsung et Iphone sont désormais interdits – avouez, un
truc comme ça, ça en emmerderait plus d'un !! Seul le
modèle Sagem sera désormais distribué par les PTT (le
nouveau nom d'Orange) que je nationalise à compter de ce jour.
Selon ce principe d'égalité, avec lequel je ne
conçois pas un instant qu'une seule personne soit en opposition, nous
interdisons toute notion de propriété. L'ensemble des logements
est donc nationalisé. Un logement sera attribué par le
gouvernement à chaque famille suivant le principe de la mixité
sociale et de la taille de la famille concernée. Enfin, le
critère sera la rotation. Les familles des quartiers aisés
devront rejoindre à due proportion les quartiers populaires et inversement.
Un tirage au sort, au nom du principe d'égalité, sera
effectué par la ministre Duflot.
Bref, l'égalitarisme c'est bien, l'égalité c'est
beau, nous sommes tous pareils, donc nous touchons tous la même chose.
Plus de riches, plus de pauvres. Voilà un monde idéal que moi,
Normal 1er, je vous promets, car en vérité je vous
le dit, rien, je dis bien RIEN, moralement ne justifie quelque
inégalité que ce soit.
Alors, enfin, tous ensembles, nous pourrons partager la misère,
mais de façon égalitaire !!
L'égalitarisme aussi, peut-être un totalitarisme...
Charles SANNAT
PS : ma femme me signale que ce que je viens d'écrire
ressemblerait à une expérience déjà tentée
sous d'autres contrées et qui aurait échoué. Je ne sais
pas à quoi elle pense.
D'ailleurs, je déteste quand les libéraux expliquent que
toute restriction, c'est du communisme !! Peut-être faudrait-il enfin
juste du bon sens. Plus d'idéologie, juste du bon sens !!
|