Un brouillard
de discussions et de non-sens autour de l’impression monétaire
de la Réserve Fédérale, de la guerre des devises, de
l’intransigeance fiscale, des taux de change et de
l’alphabétisation des opérations de sauvetage s’est
abattu sur la réalité historique du moment : toutes les
économies font désormais face à une contraction plus
importante que jamais, y compris la Chine et son pari absurde de devenir la
nouvelle grande utopie universelle. Les nations de notre monde que nous
appelons encore ‘avancées’ se transforment en quelque
chose qu’elles ne désirent pas être, alors que les nations
en développement et celles qui ne verront jamais le développement
frapper à leur porte s’enfoncent dans la pauvreté et
l’anarchie.
La contraction
à laquelle nous assistons aujourd’hui n’est que la
conséquence de la diminution des réserves disponibles de
pétrole, le maître de toutes les ressources. Dans notre monde
où la fantaisie a remplacé l’analyse, les voix
prônant l’indépendance énergétique des
Etats-Unis, la renaissance de la manufacture domestique et la naissance
d’un tourisme de l’espace se font encore
entendre. Les plus paranoïaques s’imaginent que
l’élite a délibérément planifié
l’effondrement des Etats-Unis pour s’amuser et que le
Département de la Sécurité Nationale s’est
affairé à attiser des bouleversements sociaux pour le seul
plaisir d’y mettre fin. Tout ceci n’est qu’un amas de
bêtises absurdes qui met le voile sur les machinations de ceux qui se
trouvent être au pouvoir sans pour autant avoir la capacité de
contrôler quoi que ce soit. Quand le contrôle n’est plus,
les fantaisies paranoïaques viennent combler les esprits de ceux qui
rêvent à un retour de l’ordre.
Soyez certain
d'une chose: le climat géopolitique actuel finira par changer. Le
brouillard finira par se dissiper. Tant de risques nous tournent autour que l’un
d’entre eux finira par entrer de plein fouet en collision avec toutes
ces fantaisies. Lorsque cela se produira, chaque communauté se refermera
sur elle-même, et il n’existera plus de communauté
à proprement parler – comme par exemple la matrice des banlieues
qu’ont composé les Etats-Unis dans leur objectif de devenir leur
propre fantaisie télévisée – et nous
découvrirons le côté obscur de la
‘liberté’ que les conservateurs invoquent sans cesse.
Depuis la
guerre civile (1861-65), il ne s’est rien passé de très
dramatique aux Etats-Unis, où le public est aujourd’hui peu
préparé à la catastrophe à venir malgré
une immersion totale dans le monde télévisé
héroïque peuplé d’avatars tels que Dwayne Johnson.
La convulsion des années 1860 a été
précédée par un climat similaire à celui dans
lequel nous vivons actuellement : les figures politiques (il serait un
crime de les surnommer ‘dirigeants’) tentaient furieusement de
faire marche arrière dans une pente couverte de gravier.
Souvenez-vous
de cela lorsque vous regarderez le président Obama remuer ses
lèvres jeudi prochain sous les applaudissements de la Chambre des
Représentants. Il prononcera les mots ‘changements
climatiques’, et la salle s’emplira d’un tonnerre
d’applaudissements et de sifflements – mais cela n’aura
aucune signification, puisque ni le président ni les citoyens
Américains n’ont envie de changer la manière dont ils
vivent. Monsieur Obama parlera en faveur de la reprise économique bien
qu’elle ait complètement disparu du tableau. Votre
activité économique peut être florissante –
notamment si vous réformez (littéralement) le système
dont vous dépendez : l’agriculture, le commerce, la
médecine et les transports – cela n’apporterait rien au
PIB ou aux bilans de CitiGroup et de Morgan
Stanley.
Au cœur
de cette contraction se trouve la disparition du capital réel –
le patrimoine accumulé – pour la simple et bonne raison que nous
détruisons ce qu’il en reste dans un vain espoir de continuer de
vivre comme nous avons l’habitude de le faire. Contrairement à
ce que pensent les fantaisistes comme David Leonhardt, directeur du New York
Times à Washington qui est persuadé que la Fée
Croissance viendra bientôt se poser sur la pelouse de la Maison
Blanche, notre niveau de vie se détériorera très
rapidement.
Le discours
sur l’état de l’Union est sur le point d’être
prononcé à une heure où les feux de forêt
financiers semblent avoir été contenus et les cendres qui en
restent couvrent le brasier qui fait encore rage sous la surface. Notre
système économique est en feu, et personne ne désire
encore parler de celui qui viendra le remplacer.
Ceux qui
auront la chance de s’en tirer seront ceux qui se seront établis
au sein d’une communauté authentique capable de produire quelque
chose de ses mains et qui auront accumulé de l’or et de
l’argent.
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