Les Gilets jaunes n’ont pas que des inconvénients, et ils permettent même
aux grands riches de la planète, qui se retrouvent à Davos, de s’interroger
sur le capitalisme social qu’ils devraient incarner, car le problème avec
cette histoire de Gilets jaunes figurez-vous, c’est qu’elle devient mondiale
et que la peur, qui avaient quitté les milliardaires avec l’effondrement du
mur de Berlin et du communisme, les tenaille à nouveau !
Victoire par KO du capitalisme sur le communisme.
En 1989, c’est l’effondrement du principal rempart à l’idéologie du
capitalisme débridé qui sera appelé improprement « néolibéralisme »
qui va marquer l’économie des années 90 et de la fin du siècle.
Sans contre-pouvoir idéologique, beaucoup veulent croire à la fin de
l’histoire. C’est un peu la concrétisation du « il n’y a pas
d’alternative » lancé par Thatcher. Le capitalisme a gagné. Point final.
Progressivement, toutes les conquêtes sociales seront remises en cause
partout à travers la planète. Avec la mondialisation, les délocalisations et
l’immigration, le totalitarisme marchand va utiliser les instances
internationales comme l’OMC, le FMI, etc., pour imposer des formes de dumping
social, fiscal et environnemental absolument terribles avec un objectif en
tête : des profits toujours plus importants avec le développement d’un marché
mondial unifié et sans entraves. Plus de frontières, plus de monnaies, plus
de règles ou de normes nationales. Tout ce qui entravait ou limitait les
profits doit être combattu, supprimé, annihilé.
Tout y passe. États, normes, frontières, monnaies, droit, progressivement
on impose aux peuples l’unification de tout.
La toute-puissance est rarement utilisée à bon escient.
L’homme n’a pas changé et n’a jamais brillé par sa sagesse. Le meilleur
service que l’on puisse rendre à un proche, c’est évidemment de faire en
sorte qu’il ne se sente pas tout-puissant, et cela commence par… nos enfants,
qu’en tant que parents nous éduquons et élevons en étant pour eux un contre-pouvoir
qui les aide à ne pas dériver vers des eaux troubles.
Mon épouse est, évidemment, comme presque toutes les épouses du monde, un
contre-pouvoir évident aux tentations de toute-puissance auxquelles nous
pouvons tous si vite succomber. Ce qui est valable pour un homme l’est
collectivement.
Les contre-pouvoirs sont la base intellectuelle qui permet d’organiser
l’équilibre des choses.
Le communisme était le contre-pouvoir idéologique au libéralisme et
faisait très peur aux riches et aux milliardaires ! Du coup, naturellement,
ils préféraient être un peu moins riches que morts, ou croupissants dans un
goulag sibérien.
C’est fou comme quand une clique est à portée de claques elle devient
immédiatement ou presque nettement moins suffisante et beaucoup plus
partageuse. Les milliardaires sont pragmatiques.
Ils préfèrent avoir un peu moins que plus rien du tout !
Ils savent évidemment qu’ils sont allés beaucoup trop loin dans la
prédation économique mondiale et il est particulièrement savoureux de voir
les richissimes maîtres du monde se réunir à Davos, présidés par la France…
parler de capitalisme social.
Voici deux exemples pris au hasard…
Davos : Huawei veut mettre davantage d’accent sur la valeur sociale à
l’ère de la mondialisation 4.0
« DAVOS (Suisse), 23 janvier (Xinhua) — Avec la mondialisation 4.0, à
savoir une nouvelle vague de mondialisation dans le numérique, l’attention va
davantage se porter sur les bénéfices sociaux que commerciaux, a pronostiqué
mardi Ken Hu, un haut responsable de l’entreprise chinoise de technologies de
l’information et de la communication Huawei. »
Ou encore, comme vous pouvez le voir sur cette copie d’écran d’un article
des Échos, notre ministre de l’Économie, le grand mamamouchi Bruno
Le Maire, explique qu’il faut un capitalisme générant moins d’inégalités !
« Dites-moi de quoi vous avez besoin et je vais vous
expliquer comment vous en passer ! »
Évidemment, nos grands timoniers de l’économie mondiale n’ont nullement
l’intention de partager quoi que ce soit.
Le capitalisme social de Davos, c’est un peu comme l’alcoolique qui vous
fait une leçon sur la sobriété, et d’ailleurs, pour le moment, il n’y a pas
d’idéologie suffisamment fédératrice susceptible de remettre en cause la
suprématie intellectuelle du capitalisme… Pour le moment seulement, car
partout émerge, et les Gilets jaunes en sont une expression évidente, un
besoin immense d’humanité, de solidarité, d’entraide et de sens.
Alors, les mamamouchis, qui voient des Gilets jaunes partout dans le monde
entier, jusqu’en Allemagne où Merkel et Macron ont été copieusement sifflés
par un rassemblement massif… de Gilets jaunes parlant allemand, se disent
qu’il est temps de tenter d’apaiser la grogne par de la
« pédagogie », ce qui est le mot pudique pour désigner la « propagande ».
Nous en sommes au moment des « grands débats ».
Rien ne changera fondamentalement, mais partout la pression monte.
Les « populismes » menacent les « progressistes » et
les « globalistes ».
Sous la pression des peuples, les représentants du totalitarisme marchand
commencent à infléchir les discours.
Il n’y a pas d’acte, mais pour la première fois depuis 30 ans, la peur a
changé de camps et c’est déjà une immense victoire des peuples.
Reste à inventer le corpus intellectuel du dépassement du
capitalisme actuel. Quelques pistes !
Nous n’y sommes pas encore, mais nous n’en sommes plus très loin. C’est
là, sur le bout de la langue…
Entre la simplicité volontaire, une forme de décroissance (bien que le
terme ne fasse pas rêver), les technologies collaboratives permettant de
repenser totalement différemment le rôle de la politique, du politique et de
la représentativité, les défis environnementaux et les multiples crises
auxquelles le monde entier est confronté, nous devrons, dans les années qui
viennent, réussir à imaginer une société post-libérale et post-consommation
de masse, qui puisse être une société respectueuse de l’homme, de la planète,
des autres et aussi de ce que nous sommes, à savoir des êtres de complexité
et de paradoxes.
Les trois premiers mots des hommes sont « papa »,
« maman », « à moi ». Il ne sert à rien de se battre
contre le besoin de propriété. Il est inné.
C’est parce que nous ressentons ce besoin de possession que nous sommes
également capables de don et de dépassement. L’un et l’autre vont ensemble.
C’est parce que nous sommes profondément individualistes, mais vite
limités en possibilité lorsque l’on est seul que nous sommes toujours attirés
par les autres et que tout aussi naturellement, nous nous regroupons. Individualisme,
et aussi besoin social. Capitalisme et socialisme.
Dit autrement, les problèmes c’est les « autres », mais les
solutions c’est aussi les autres !
La solution sera dans notre capacité d’unification et
d’unité.
Ce qui va émerger et qui sera sans doute un tournant dans l’histoire de
l’humanité est assez simple à définir. C’est notre capacité à inventer un
système qui prenne en compte notre complexité et nos paradoxes.
Un système où nous unifierons nos aspirations humanistes, socialistes,
altruistes, avec nos tentations individualistes, personnelles, de propriété,
de possession et de liberté.
Si vous me demandez, et l’on me pose tellement souvent la question, si je
suis de droite ou de gauche, je vous réponds à chaque fois la même chose : je
suis de gauche quand un médecin sauve mon enfant à 4 heures du matin et me
sourit pour toute demande de règlement en voyant un petit plein de vie là où
il y avait un mourant, je suis de droite lorsqu’il faut payer des impôts
toujours plus cher, toujours trop cher.
Il ne faut plus opposer ces deux tentations, mais au contraire, comprendre
que la richesse de l’homme, l’immense force de l’humanité est justement dans
cette dualité. Il faut cesser de la contrarier. Nous avons été emprisonnés
dans une dualité depuis trop longtemps. De gauche ou de droite, entrepreneur
ou salarié, exploiteurs ou exploités, gentils ou méchants, radins ou
généreux, nous sommes à chaque fois un peu de tout cela à la fois. Souvent
petits. Parfois grands.
Il faut assumer nos deux dimensions et les dépasser, les transcender,
c’est-à-dire fédérer les énergies individuelles pour bâtir un projet commun
et bénéfique à tous.
Le bonheur collectif réside dans l’unification de chacun et dans l’unité
de tous.
Vaste programme !
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !
« Insolentiae » signifie « impertinence » en latin
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pouvez également vous abonner à ma lettre mensuelle « STRATÉGIES » qui vous permettra
d’aller plus loin et dans laquelle je partage avec vous les solutions
concrètes à mettre en œuvre pour vous préparer au monde d’après. Ces
solutions sont articulées autour de l’approche PEL – patrimoine, emploi,
localisation. L’idée c’est de partager avec vous les moyens et les méthodes
pour mettre en place votre résilience personnelle et familiale.
« À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend
inévitables les révolutions violentes » (JFK)