Peu de temps après avoir rejoint
l’équipe de The Real Asset Company, j’ai assisté à une
conférence sur l’effondrement à venir du système
de papier monnaie dans une petite pièce des Houses
of Parliament. C’est dans ce lieu historique
qu’un homme qui est désormais l’un de mes bons amis a dit
quelque chose qui restera avec moi à jamais : ‘Je ne sais
pas quelle monnaie est la meilleure, mais si le peuple en choisit une, alors
ce doit être celle-ci’. Je suis parfaitement d’accord avec
lui, mais comme nous le savons tous, ce n’est pas le cas des
gouvernements.
Alors que notre système
monétaire se bat chaque jour pour remettre sa fin au lendemain, les
gouvernements font tout leur possible pour empêcher les gens de choisir
comment conserver leur monnaie. Ici, en Occident, nous sommes majoritairement
séduits par le monopole de la monnaie que nous font miroiter les
gouvernements, alors qu’ailleurs, il semblerait que la tendance soit
assez différente : épargner en or, et prendre conscience
que les gouvernements ne sont pas capables de gérer la monnaie. Mais
dans de nombreux cas, si ce n’est tous, les gouvernements ne se rendent
pas sans se battre.
Alors que les gouvernements et les
fidèles de Bernanke continuent de nous
rabâcher que l'or
n'est pas une monnaie, leurs actions ne cessent de nous prouver le
contraire.
Comme j’ai pu l'écrire avant
l’été, le gouvernement Turc vient de lancer une campagne
qui vise à encourager ses citoyens à sortir leur or de sous leur matelas (les
ménages Turcs possèderaient 5512 tonnes d’or).
Plus tôt cette année, le Conseil
Mondial de l’Or rapportait une transition graduelle depuis un
investissement se faisant majoritairement en bijoux vers un investissement
plus centré sur les barres et pièces d’or. La demande en
barres et pièces a récemment augmenté de 80%.
L’histoire économique de la Turquie n’a jamais été
pour ainsi dire facile, son inflation moyenne s’élevant à
39,78% pour la période 1965-2001. Au vu d’un climat
économique incertain et des politiques employées par le
gouvernement Turc et ceux des pays voisins, il n’est donc pas
surprenant de noter une transformation de l’investissement en or.
La campagne qui vise à promouvoir les
comptes en or s’inscrit dans le cadre de l’effort du gouvernement
de réduire son déficit de compte courant, qui est
aujourd’hui le deuxième plus important déficit du monde
après celui des Etats-Unis. En poussant les individus à
injecter leur épargne en or au sein du système bancaire, le
gouvernement pense pouvoir venir à bout d’une grande partie de
ses problèmes. Il dit encourager les ménages qui
épargnent sur l’or à réaliser que le fait que leur
or ne soit pas stocké auprès d’un système
d’épargne reconnu par le gouvernement ne signifie pas
qu’il n’est pas une forme d’épargne.
Les gens qui décident d’ouvrir
ce type de compte or reçoivent une somme en lire équivalente
à la valeur métal de leur or, qu’ils peuvent retirer ou
utiliser pour rembourser leurs prêts. La banque est quant à elle
autorisée à prêter ou à vendre l’or ainsi
obtenu. C’est une très bonne nouvelle pour les banques, qui ont
il y a quelques mois vu la part légale de leurs réserves
pouvant être détenue sous forme d’or être
portée à 30%.
Comme Zero Hedge l’expliquait à l’époque,
il ne s’agit que d’une manière de légaliser la
confiscation de l’or. C’est une preuve du besoin pour le
gouvernement d’établir une forme ultime de monnaie pour se
sortir du pétrin dans lequel il s’est lui-même
placé.
Le gouvernement Turc, comme je l’ai
déjà mentionné, reconnaît parfaitement les dangers
que représente le papier monnaie et la sécurité que peut
apporter l’or. Plus tôt cette semaine, le premier ministre Turc Recep Tayyip Erdogan expliquait que le FMI ferait mieux
d’utiliser de l’or plutôt que des dollars lorsque
qu’il apporte son aide à un pays. Il a décrit l’or
comme une devise internationale qui a su préserver son honneur au fil
des siècles. La quantité de dollars disponibles peut quant
à elle s’avérer dangereuse.
Les Iraniens, qui ont cette année pu
voir leur devise être dévaluée jusqu’à ne
quasiment plus rien valoir à la suite de politiques menées par
leur gouvernement, se sont tournés vers l’or pour
protéger leur épargne. Il semblerait que la Turquie ait
envoyé de l’or vers Dubaï pour le vendre ensuite à
des Iraniens.
Le gouvernement Iranien a également
accumulé beaucoup d’or au cours des six premiers mois de cette
année, les exportations de la Turquie vers la république
Islamique ayant atteint un excédent de 6 milliards de dollars.
Comme nous le savons tous, les sanctions
imposées par la communauté internationale ont poussé
l’Iran à accumuler de l’or pour mener à bien ses
opérations commerciales. Aujourd’hui, le gouvernement du pays
impose des sanctions à ses citoyens qui tenteraient d’exporter
de l’or en raison des ‘taux de change en vigueur sur les
marchés Iraniens’. Ce pourrait en être une raison, mais je
pense que cette décision est principalement liée à la
volonté du gouvernement de maintenir une certaine quantité de
monnaie réelle au sein de son économie au cas où le rial
viendrait à s’effondrer.
En Asie, un continent entier peuplé de
citoyens qui comprennent l’or, nous pouvons aussi relever quelques
problèmes en termes de relation des gouvernements avec l’or.
Au Vietnam, qui comme l’Iran souffre de
problèmes d’inflation, la possession d’or par les
ménages est découragée. Il en est ainsi parce que le
gouvernement souhaite ‘stabiliser’ son économie
malgré la dévaluation du dong et la confiance grandissante de
son peuple envers le dollar et l’or, ce dernier étant même
utilisé pour déterminer les prix de l’immobilier.
Plus tôt cette année,
l’utilisation de l’or comme moyen d’échange était
rendue illégale et sept solutions visant à combattre
l’entrée de l’or dans l’économie ont
été mises en place. A la fin du mois, les institutions
créditrices ne seront plus autorisées à accorder des
prêts en or.
Le Vietnam est un pays dans lequel la demande
en or s’élève à 3,1% du PIB et qui souffre
d’une inflation à deux chiffres. Mettre fin à
l’utilisation de l’or sur le système bancaire et les
marchés n’est qu’une autre stratégie
employée par le gouvernement pour prouver que sa monnaie est la meilleure
de toutes… mais il aura à contrôler l’or pour
pouvoir le prouver.
L’Inde, pays sur lequel sont
tournés tous les regards, pourrait selon certains affecter le
marché global de l’or d’un mouvement de la main. Le
gouvernement du pays semble toutefois traîner derrière celui de
la Turquie.
Bien que l’Inde soit loin de souffrir
des mêmes problèmes de déficit, elle s’inquiète
de l’impact des importations d’or sur sa balance de compte
courant. Le pays n’est pas encore parvenu à convaincre ses
citoyens d’intégrer leur or au système bancaire, mais
fait de son mieux pour les pousser à épargner en roupies
plutôt qu’en métal jaune. Les taxes d’importations
ont également été augmentées malgré les
vives protestations des revendeurs d’or.
Les importations d’or sont
attribuées par le gouvernement Indien à la très faible
roupie plutôt qu’à la mauvaise gestion économique.
Comme pour les autres exemples que j’ai cités, l’or
apparaît comme une cible facile qui, lorsqu’elle est
touchée, punit le peuple mais noie le gouvernement et les banques dans
la prospérité.
Nous devrions tous savoir que dès
qu’un gouvernement nous propose quoi que ce soit en échange de
notre or, nous devons refuser son offre immédiatement. Nous devrions
également savoir que dès qu’une forme de contrôle
est imposée à la circulation de notre or, cela signifie
qu’il est sur le point d’être reconnu en tant que monnaie.
S’il est une preuve de
l’utilité de l’or en tant que monnaie, alors la voici.
Quatre pays dans lesquels les problèmes financiers nés de
dépenses gouvernementales trop importantes et de l’utilisation
de monnaie fiduciaire ont vu leurs citoyens se tourner vers l’or. La
monnaie à laquelle nous devons faire confiance est celle qui ne peut
être affectée que par celui qui la possède.
Le marché noir de l’or ne cesse
de s’étendre, ce qui prouve une fois de plus que la monnaie
fiduciaire et ceux qui la gèrent ne peuvent survivre que grâce
à la confiance de leurs citoyens.
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