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Il est des signes qui ne trompent pas. Alain Affelou, 204e fortune française, PDG du
groupe d’optique portant son nom, part s’installer à
Londres pour les trois années à venir. Après le
départ tonitruant de Gérard Depardieu, le chef
d’entreprise a cru bon d’expliquer pourquoi il abandonnait
provisoirement l’Hexagone. En quelques courtes déclarations,
l’homme d’affaires met en lumière deux maux qui
fragilisent le tissu économique français.
Premier mal : la crise des marchés
français et de l’Europe du Sud. Face au marasme de ses
marchés historiques – la France, l’Espagne et le Portugal
notamment - Afflelou doit en conquérir de nouveaux s’il veut
assurer un avenir à son groupe et satisfaire ses actionnaires.
« Mon actionnaire anglais depuis le mois de juin, Lion
Capital, », précise-t-il, « m'a proposé
d'aller développer l'Europe du Nord où nous sommes
complètement absents ». Reconsidérer la
stratégie de développement est devenu un impératif pour
les entreprises françaises. Encore faut-il qu’elles puissent le
faire, car elles n’ont pas toutes les capacités
d’Afflelou. Grevées par le coût du travail et par un
contexte de moins en moins « business friendly »,
beaucoup d’entreprises hésitent à s’engager vers un
nouveau développement marketing qui implique un investissement
risqué d’autant plus que les prévisions de croissance
pour le premier semestre 2013 sont quasi nulles.
Second mal : la politique fiscale du gouvernement
français qui pénalise les entrepreneurs. «Le
système en France est extrêmement défavorable pour tous
les gens qui entreprennent », explique Afflelou, « à
partir de maintenant, les gens qui sont dans la tranche d'impôt sur le
revenu à 75 % peuvent dépasser 90 % d'imposition :
alors, oui on peut parler de fiscalité confiscatoire». Et
s’il y a bien deux mots que les entrepreneurs et les investisseurs ne
veulent pas voir accolés, ce sont bien ces deux
là.
Rien n’indique que la situation
s’améliorera en 2013. Le gouvernement français affiche sa
volonté de renforcer les services publics et l’intervention de
l’État – et donc les dépenses publiques – au
détriment de l’économie de marché. Rappelons, par
exemple, cette phrase scandée trois fois par la ministre de la
santé et des affaires sociales, Marisol
Touraine, lors de son discours du 7 septembre 2012 sur le pacte de confiance
de l’hôpital : « La santé n’est
pas un marché ! ». Une phrase qui met à
jour le principe économique collectiviste qui anime le
gouvernement et qui va bien au-delà de la santé seule. La
ministre, en effet, est en charge d’établir les projets de lois
de finances de la sécurité sociale du quinquennat et donc de
toutes les taxations sociales qui impacteront le coût du travail ainsi
que la compétitivité des entreprises. Sans compter la menace de
nationalisation d’Arcelor-Mittal, brandie par
Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, qui a frappé
les esprits entrepreneuriaux de stupeur.
Face à ce contexte fiscal et économique, les
investisseurs se méfient, les entrepreneurs se découragent et
la politique du gouvernement pousse les créateurs de richesses
à une délocalisation croissante. Plus de 5000 départs
ont été enregistrés depuis l’élection de
François Hollande. Devant ce brain-drain,
Affelou prévient : « Des
gens qui travaillent et en font travailler d'autres, on en a besoin ».
La conjonction entre crise économique,
fiscalité confiscatoire et intervention de l’État
entraîne un effet récessif sur l’économie
française et répulsif sur les investisseurs
étrangers. Cela contribue à la montée d’un
climat d’insécurité entrepreneuriale.
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