Voilà qui a certainement à voir avec l’hystérie que les élections ont fait
naître parmi les avocats de la justice sociale et leurs parrains de la
branche politique progressiste, plus particulièrement ceux qui cherchent à supprimer
ou à éliminer les hommes. Ce n’est qu’au cours de l’année dernière que leur
animosité est devenue explicite, et s’est particulièrement tournée contre l’homme
blanc. Avant, tout n’était que sub rosa, un simple sous-produit de la
campagne en faveur des femmes, des gens de couleur et des nombreuses
catégories de sexe théoriques luttant pour leur suprématie sur les valeurs
morales. Hillary était sensée planter le dernier pieu dans le cœur démoniaque
de la masculinité… mais quelque chose s’est mal passé… et elle a été
désarmée. Voilà maintenant qu’un monstre à la tête de Cheetos en cravate
rouge est sur le point de présider sur les Etats-Unis. Il y a dû y avoir une
erreur administrative quelque part.
Donald Trump est aussi éloigné de mon idéal masculin que le serait Golem.
Ses accomplissements – développer des hôtels qui ressemblent à des trophées
de bowling et produire des émissions télévisées idiotes – me semblent aussi
piètres que les blasons de plastic doré placardés sur ses casinos. Ses
connaissances du monde qui nous entoure ne semblent pas plus développées que
celles d’un enfant de maternelle. Il est à peine capable de faire le lien
entre deux phrases cohérentes sans son téléprompteur. J’ai été tout aussi
étonné que n’importe qui d’autre de son conseil obscène donné à Billy Bush. D’après
ma propre expérience, c’est une stratégie qui ne mène jamais à grand-chose.
Et c’est le moins qu’on puisse dire. Dans le meilleur des mondes - et
peut-être même dans les grands Etats-Unis qu’il nous fait miroiter – Donald Trump
ne serait qu’un monstre parmi les hommes, une blague, une parodie de la
masculinité.
Mais à en juger par le cirque ambulant qu’est devenue la culture
américaine, il ne devrait pas nous surprendre qu’une nation cartoonesque se
soit retrouvée avec à sa tête la caricature d’un homme. A vrai dire, je doute
qu’il existe encore aujourd’hui une notion collective de la masculinité en
termes de vertus ancestrales. Honneur ? Dignité ? Patience ?
Prudence ? Oubliés. La mémoire culturelle de tout cela a été effacée. L’apothéose
de Trump rappellera peut-être à certains ce qui a été perdu, mais cette
découverte ne partira que de presque rien.
Voyez aussi le calibre des individus de sexe masculin qui se sont
présentés dans l’arène au printemps dernier, au début du spectacle des
élections. Seul Bernie Sanders a su représenter un semblant de masculinité
honorable – sous une forme que nous pourrions qualifier de « vieux
socialisme » - alors que le reste d’entre eux s’est comporté à la
manière d’Elmer Fudd, Mighty Mouse, et Woody Woodpecker. Quand les primaires
ont touché à leur fin, Bernie s’est lui-même planté un pieu dans le cœur dans
une étrange représentation politique du hara-kiri.
Dès le départ, la campagne d’Hillary Clinton a été destinée à détruire la
masculinité américaine dans ce qui s’est avéré être un très mauvais calcul de
trajectoire. « Je suis avec elle (et contre lui). » La récente
histoire des Etats-Unis a vu bien trop d’évènements contre « lui »,
et bien trop de « luis » en sont venus à réaliser qu’ils se
trouvaient évincés de la vie de leur nation à la manière de pépins de
pastèque. Plus particulièrement, les hommes ne sont plus considérés comme
nécessaires dans ce qui reste aujourd’hui de la sphère familiale. Ce qui est
bien évidemment complètement dénué de sens, parce que rien n’a jamais plus
porté atteinte à la vie de tous les jours que l’absence de pères. Tout ceci
se rattache à la calamité secondaire qu’est le déclin du rôle des hommes sur
le lieu de travail – et la perte du respect de soi qui lui est associée. Les
élections ont réveillé la notion dormante selon laquelle la vie américaine
est extrêmement déséquilibrée. Et c’est ce déséquilibrage qui l’a fait
balancer dans la direction opposée.
Ce qui viendra peut-être corriger tout cela sera notre traversée chaotique
des tribulations qui attendent le monde monétaire. Soyez certain qu’une
majorité des présomptions populaires concernant le fonctionnement du monde se
trouveront bouleversées, pour représenter de grandes opportunités pour les
hommes qui chercheront de nouveau à agir en tant que tels – et à défendre la
vérité plutôt que le mensonge réfléchi. Certains hommes pourraient se relever
du champ de ruines pour redonner naissance à l’esprit masculin. Trump finira
peut-être par n’être rien de plus qu’un monument détruit parmi les ruines,
une sorte de veau d’or construit par le peuple dans son désespoir de se
frayer un chemin hors des étendues sauvages.
Mais l’explosion du système bancaire et financier pourra aussi représenter
la détonation finale de la masculinité, compte tenu des doses de testostérone
séquestrées dans les sombres recoins de Wall Street et des autres centres
monétaires du monde. Quand elle se produira, il se pourrait que les hommes se
trouvent discrédités des milliers d’années durant.