Voici
quelques questions tirées du Trivial Pursuit :
1)
Quel est le plus grand marché du monde pour une matière
première physique ?
2)
Le marché de l’or est-il l’un des plus petits
marchés du monde pour une matière première physique
donnée ?
Je
parie que vous avez répondu :
1)
Le pétrole brut.
2)
Oui, l’or est l’un des plus petits marchés de
matières premières du monde.
Si
telles étaient vos réponses, elles sont incorrectes. Ce que
tout le monde pense être « un minuscule marché de
l’or » est, dans les faits, le plus grand marché du
monde concernant une matière physique négociée.
Les
faits :
Le
négoce hors cote (« over-the-counter »
ou OTC) du London Bullion Market
Association (LBMA) représente environ 90% du négoce physique de
l’or mondial. La quantité d’or vendue chaque jour est
indiquée sur le site internet du LBMA, ici :
http://www.lbma.org.uk/stats/clearing
Le
LBMA reporte la quantité nette d’or négociée ce
qui est traduit par le terme d’« onces
transférées ».
Cela n’est pas l’équivalent du volume
négocié brut. Par exemple, si un investisseur devait vendre un
million d’onces un jour et puis ensuite acheter 1,1 million
d’onces le négoce reporté serait de 0,1 million
d’onces soit la différence nette entre les achats et les ventes
d’or « transférés » sur le compte
de l’investisseur. Ainsi les chiffres reportés qui sont les
quantités d’or qui changent de propriétaire chaque jour.
La
valeur reportée du négoce journalier de novembre 2009 est de 22
milliards de dollars.
En
examinant les données, on pourrait penser que les quantités
négociées sont celles d’un mois entier mais elles
correspondent bien aux chiffres moyens quotidiens du mois. Cela ressort
clairement d’une autre page du site du LBMA qui affirme :
« Les onces d’or
transférées ont augmenté d’une moyenne quotidienne
de 20,6 millions en septembre à 20,8 millions soit une augmentation de
1,2%. Il y a eu une augmentation de 4,7% du cours moyen à 1 043,16 $,
ce qui a donné lieu à une augmentation en valeur de la moyenne
quotidienne à 21,8 milliards de dollars. Le nombre de transferts a
baissé de 0,8% pour une moyenne journalière de
1908. »
Le
monde consomme environ 82 millions de barils de pétrole brut par jour.
A 77$ le baril, le commerce de pétrole brut a une valeur de 6,3 $
milliards par jour. Cela signifie que la quantité d’or qui
change de propriétaire chaque jour, en termes de dollars, est 3,5 fois
supérieure à la valeur en dollars de pétrole brut
consommé chaque jour.
Dans
un communiqué du GATA d’octobre 2009, l’analyste de
marché Paul Mylchreest a estimé que
le volume d’or négocié par le LBMA chaque jour
était d’environ 2100 tonnes métriques.
http://www.gata.org/files/ThunderRoadReport-10-15-2009.pdf
Cela
équivaut aux 77 milliards de dollars par jour à 1150 $
l’once. Les contrats de pétrole brut au NYMEX WTI recensent 400
000 contrats par jour ce qui représente 400 millions de barils. A 77 $
le baril, la valeur brute négociée chaque jour est de 30,8
milliards de dollars, ce qui représente environ 40% de la valeur brute
du négoce d’or.
Le
mythe, même parmi les investisseurs et analystes dans l’or
chevronnés, que le marché de l’or est minuscule, est
totalement erroné. En
réalité, c’est le plus grand marché de
matières premières du monde. La perception du marché de
l’or comme étant un minuscule marché provient du fait que
la production annuelle d’or est minuscule. La production globale
n’est que de 2200 métriques par an ce qui est équivalent
à un jour seulement de commerce brut d’or sur le LBMA.
Dans
un article précédent, j’ai analysé les chiffres du
marché LBMA et j’en ai déduit qu’il était
impossible pour le LBMA d’avoir assez d’or dans ses coffres pour
négocier d’aussi importants volumes quotidiennement.
L’inférence inévitable étant que le LBMA
opère dans un système de réserves fractionnaires et qu’il
a vendu davantage d’or qu’il n’en a jamais eu et n’en
aura jamais. Le montant d’or vendu a été estimé
à environ 65 000 tonnes métriques alors que la quantité
maximum que de lingots du London Good Delivery qui
existe dans le monde est d’environ 15 000 tonnes métriques.
Ainsi, même si le LBMA possède le stock complet de lingots LGD,
il y a environ 50 000 tonnes d’obligations qui ne peuvent être
honorées si leurs propriétaires en demandaient la livraison.
Pour
mieux évaluer cette quantité d’or, notons qu’elle
équivaut à l’ensemble des réserves d’or du
sous-sol.
L’or
est unique entre toutes les matières premières parce que sa
nature elle-même permettent la
réalisation d’une telle escroquerie. En effet, l’or
n’est consommé par pratiquement aucune utilisation. Sa fonction
principale est celle de réserve de valeur et l’or peut assurer
cette fonction tout en étant dans votre maison, votre coffre ou
même de l’autre côté du monde dans le coffre de
quelqu’un d’autre. Quand il constitue une réserve de
valeur dans le coffre d’une tierce personne, vous devez faire confiance
à cette personne que l’or se trouve bien dans le coffre en
question.
De
nombreux individus, institutions et états souverains achètent
de l’or par le biais du LBMA sur des comptes non-alloués et
confient l’or qu’ils supposent posséder en curatelle au
LBMA.
Que
les gens achètent et vendent de l’or sans jamais en prendre
livraison, cela signifie qu’il existe une opportunité pour les
banques bullions (c’est à dire spécialement
habilitées à négocier l’or) de vendre de
l’or qui n’existe pas. Les banques bullions ne considèrent
probablement pas que cette perspective est illégale ou
malhonnête parce qu’elles opèrent sur un mode de
réserves fractionnaires tout comme le font les banques avec la monnaie
à cours forcé et qu’elles s’assurent avoir toujours
suffisamment d’or sous la main pour la quantité estimée
maximum du volume d’or qui pourrait être réclamé
à la livraison à un moment donné.
Pour
que cette escroquerie puisse continuer sans être menacée, il
faut qu’il n’y ait pas de défaut de livraison quelque soit
le client du LBMA car, dans le cas contraire, une ruée massive sur les
banques pourrait se déclencher.
Elle
constitue la base “de la politique du dollar fort”, qui permet
aux taux d’intérêts d’être plus bas
qu’ils ne devraient l’être et en retour de baisser le cours
des matières premières et des importations parce qu’elles
complètent artificiellement le pouvoir d’achat du dollar. De
plus, les banques centrales sont ainsi en mesure de gagner un loyer sur leur
or thésaurisé.
Si
les commissions sont de l’ordre de 3%, alors la commission annuelle
rapportée par le LBMA est d’environ 585 milliards de dollars
pour seulement 500 milliards d’actifs. Un retour sur investissement
annuel de 100% est certainement un beau profit.
Les
enchères publiques bien annoncées de la moitié du stock
d’or de la Banque d’Angleterre étaient
réservées aux membres du LBMA exclusivement.
A
partir de la thèse présentée ici, on peut voir que la
suppression du cours de l’or arrange les banques centrales et
qu’administrer un inventaire d’or basé sur un
système de réserves fractionnaires est extrêmement
lucratif pour le LBMA, et cela en particulier quand il est couvert par les
banques centrales.
Mobiliser
l’or des banques centrales pour maintenir la liquidité du
marché est essentiel. Maintenir le secret sur de telles
activités de l’or est tout aussi essentiel. Ces dix
dernières années le GATA a amassé un large nombre de
preuves selon lesquelles au moins la moitié de l’or des banques centrales a
été soit vendu, mis en leasing ou bien échangé
(swaps) sur le marché. C’est le cœur des procédures
judiciaires engagées par le GATA sous le Federal
Freedom of Information Act
(Loi sur la liberté d’information fédérale) contre
la Réserve Fédérale. La Fed refuse l’accès
à des centaines de pages de documents qui ont trait aux
réserves d’or américaines parce qu’elle
prétend être exempte de divulgation publique comme étant
des « secrets commerciaux ». Le GATA pense que la Fed
est en train d’essayer de couvrir ses activités dans la
manipulation du cours de l’or dans le cadre de la mise en place
d’une politique de « dollar fort » qui,
nécessairement, implique la mobilisation ou l’hypothèque
d’une manière ou d’une autre des réserves
d’or US. Le GATA a l’intention de découvrir la
vérité.
Les
investisseurs dans les métaux précieux devraient prendre
livraison de leur or. Peu importe l’issue des procédures
judiciaires du GATA, l’escroquerie ne sera divulguée que si les
clients du LBMA réclament leur or. Quand il deviendra évident
qu’il n’existe pas assez d’or pour donner suite à
toutes les demandes de livraison, le cours de l’or devrait monter en
accord avec la nouvelle réalité du marché qui atteste
d’une offre bien plus petite qu’il n’apparaissait
auparavant. Si vous ne prenez pas livraison de votre or, vous pourriez
découvrir que les investissements que vous pensiez avoir
réalisés dans l’or ne sont en fait que des billets
porteurs de belles promesses.
Adrian Douglas
Marketforceanalys.com
Adrian Douglas est
l’éditeur de la lettre d’investissement Market Force Analysis (www.marketforceanalysis.com).
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