Mes chères contrariennes, mes chers contrariens !
Je dois vous avouer que je n’en ai pas cru mes chastes oreilles, moi qui pensais naïvement que la reprise était là, que la « crôassance » allait revenir, ou encore que la courbe des « chômistes » allait s’inverser, et ne voilà pas que l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin nous fait une sortie digne d’un Fillon en pleine verve qui avait osé dire qu’il « était à la tête d’un État en faillite », ce qui fut à l’époque très mal pris et tout le monde lui demanda de se taire.
Que vient de dire Raffarin ? Oh rien de bien grave, juste que « ce gouvernement est la dernière étape avant le chaos ». Il se reprend d’ailleurs aussitôt en disant en substance qu’il y aura nécessairement une grande crise politique nécessitant une dissolution, mais en réalité, Jean-Pierre Raffarin n’a en aucun cas peur d’une dissolution qui reste avant tout une action politique, démocratique et dans un cadre connu de tous. Des élections législatives n’ont jamais constitué un « chaos » quel qu’il soit et une cohabitation non plus. Alors pourquoi l’utilisation de ce terme en particulier ?
« Personne n’a intérêt à ce que Valls échoue »
Raffarin a développé une analyse de la situation particulièrement exacte en insistant sur la vitesse de dégradation de la situation dans notre pays et sur l’impuissance de l’action publique. Il a bien décoché quelques piques à l’égard des socialistes mais cela n’a pas été le cœur de ses propos.
Il a même indiqué avec une grande justesse que personne n’avait intérêt à ce que Valls échoue mais que le virage social-libéral arrivait au pire moment pour sa mise en place et que cela ne fonctionnerait très probablement pas. Il a, hélas, parfaitement raison.
Lancer notre pays dans une grande politique de libéralisation lorsqu’il n’y a pas de travail, c’est précipiter des centaines de milliers de gens ou des millions vers une pauvreté assurée. Or c’est la misère qui fait le lit des révolutions violentes dont notre pays a le secret.
Vous savez à quel point je suis critique à l’égard de nos dirigeants, quel que soit leur bord ou le parti qu’ils représentent, ils sont en grande partie responsable depuis des années par leur mollesse et leur manque de courage de la situation désespérée dans laquelle nous nous trouvons et que nous allons devoir tôt ou tard affronter.
Néanmoins, nous devons tous souhaiter le succès de ce nouveau gouvernement, mais ne soyons pas naïfs : il n’y a presque aucune chance pour que Valls réussisse puisqu’il est déjà dans son propre camp très affaibli, minoritaire idéologiquement. Valls est plus un Premier ministre de droite que socialiste et son score de 5 % à la primaire PS le démontre parfaitement.
Le « chaos », en France, ce sera quoi ?
Nous avons dans notre pays deux immenses faiblesses qui, lorsqu’elles rentreront en résonance – et elles vont le faire –, provoqueront une situation explosive pouvant rapidement dégénérer vers un chaos plus ou moins prononcé.
La première faiblesse est économique. Sans l’argent public (et il n’y a plus d’argent public dans notre État qui dépense depuis 40 ans l’argent qu’il n’a pas et qu’il n’a même plus la possibilité de créer puisque nous avons abandonné notre planche à billets à l’Europe dans le cadre de la monnaie unique), ce sont des pans entiers de notre société qui cesseront très rapidement de fonctionner.
Plus de pensions de retraite ou des versements partiels, plus de minimas sociaux ou des versements partiels. Des fournisseurs de l’État français qui ne sont déjà plus payés depuis des mois et dont les retards de paiements provoquent, au moment même où j’écris ces lignes, des faillites d’entreprises de plus en plus nombreuses et la mise au chômage des salariés… Plus d’accès aux soins ou aux médicaments. Les problèmes bancaires arriveront rapidement et de grandes banques pourraient ne pas y survivre. La France étant le maillon faible de l’Europe malade, une France partant à la dérive entraînerait avec elle l’ensemble de la zone euro et vraisemblablement sa dislocation.
Dans des économies complexes fonctionnant en flux tendus, les pénuries apparaissent en moins d’une semaine. Une grande ville comme Paris ne dispose que de 3 jours de stocks dans ses magasins et ses supermarchés. Une situation de blocage des comptes pendant plus de 15 jours comme ce fut le cas à Chypre entraînerait une situation quasi-insurrectionnelle dans notre pays avec pillages et autres joyeusetés.
L’autre faiblesse c’est évidemment que cela plaise ou non, que vous soyez pour ou contre, la communautarisation excessive de notre pays pour ne pas dire sa quasi-balkanisation, avec des communautés qui ne se parlent plus, qui ne se supportent plus et pour qui, disons-le, le « vivre-ensemble » a laissé place, au mieux et pour rester sobre, à une grande méfiance.
Je ne juge personne et ne condamne encore moins, car tel n’est pas le but de cet article. Je pose juste un fait, aussi désagréable soit-il pour toutes les bonnes âmes bien-pensantes. La « diversité », le « multiculturalisme » appelez cela comme vous voudrez est un échec cuisant partout en Europe. Il est d’ailleurs forcément un échec lorsqu’il n’y a plus « intégration » et encore moins « assimilation ». Il ne reste alors plus que des haines qui s’autoalimentent jusqu’à devenir incontrôlables. J’ai beau le déplorer, j’ai beau le regretter, cela ne changera rien, hélas et triplement hélas, aux drames qui s’annoncent pour notre pays et pour nos concitoyens, quelle que soit leur « palette de couleur » !
Lorsque les difficultés financières rencontreront les difficultés sociétales que nous refusons d’affronter, alors les tensions s’exacerberont. C’est une évidence. C’est parfaitement prévisible. Logique, imparable et nous n’y couperont pas.
Comment s’y préparer ?
Lorsqu’un ancien Premier ministre, dans le cadre d’une émission de grande écoute, utilise le terme « chaos », vous vous devez de l’entendre et de le prendre pour ce qu’il signifie même si cette signification peut vous sembler effrayante et elle l’est bien.
N’oubliez pas le PEL (patrimoine, emploi, et localisation) et le PEBC (plan épargne boîtes de conserve).
Soyez en mesure de quitter les grandes villes. Préparez-vous à rejoindre des zones moins exposées aux grands mouvements sociaux.
Soyez prêts en ayant devant vous les ressources nécessaires pour tenir plusieurs mois (en mode dégradé certes mais vous tiendrez mieux que les autres) en stockant ce qui est nécessaire à votre vie quotidienne (alimentation, médicaments, produits d’hygiène, etc.).
Pour votre patrimoine, pensez à l’assurer avec de l’or et de l’argent (métal) car si le chaos devait s’installer en France, n’imaginez pas que l’euro s’en sorte indemne, votre monnaie pourrait se disloquer ou s’effondrer. L’euro sans la France ou l’Allemagne n’est plus l’euro et la tentation du retour aux monnaies nationales risque de s’imposer comme une évidence. Néanmoins, prévoyez une somme d’argent en espèces car en cas de blocage des distributeurs de billets ou de fermeture des banques (hautement probable dans un contexte insurrectionnel ou de plus les transporteurs de fonds ne transporteront plus rien), seules les espèces vous permettront de fonctionner un peu et de parer au plus pressé tant que l’euro sera encore accepté.
Enfin, pour votre localisation, tous ceux qui peuvent s’installer en zone rurale et cultiver un potager ont plus qu’intérêt à le faire et ce n’est pas faute de vous répéter ce discours depuis des mois pour ne pas dire des années.
En attendant, espérons tous le meilleur et que ce gouvernement, qu’il nous plaise ou non, réussisse mais préparons-nous au pire et à affronter une situation de « chaos » comme l’a si bien dit Jean-Pierre Raffarin.
Préparez-vous et restez à l’écoute.
À demain… si vous le voulez bien !!
Charles SANNAT
« À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes » (JFK)