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Au cours de ce dernier
siècle et demi, le parti Républicain américain s’est lui-même fait
appeler ‘parti des grandes idées morales’. Inutile de dire
que ‘parti des grandes fraudes morales’ aurait été
bien plus approprié. Le parti Républicain fit ses premiers pas
en tant que protecteur du mercantilisme, des sociétés
parasites, des tarifs protectionnistes, des subterfuges constitutionnels, du
système bancaire centralisé et de l’impérialisme.
Sa plateforme présidentielle de 1860 promit de ne pas se prononcer sur
la pratique de l’esclavage dans les Etats du Sud. Son premier
président supporta le Fugitive Slave Act
ainsi que l’amendement Corwin qui visait
entre autres à interdire définitivement toute prise de
décision de la part de l’Etat fédéral quant
à l’esclavage dans le sud des Etats-Unis. Le parti
Républicain commit également un acte de trahison en
‘désertant une guerre contre les Etats-Unis’ (exacte
définition de l’acte de trahison selon la Constitution) et en
assassinant des centaines de milliers de citoyens en vue de détruire
l’union volontaire des Etats ayant été établi par
les Pères Fondateurs. Il refusa de faire ce que l’Angleterre, la
France, l’Espagne, la Hollande, le Danemark, la Suède et les
Etats du nord des Etats-Unis avaient entrepris en vue de mettre fin à
l’esclavage de manière pacifique. Il utilisa les esclaves comme
les otages d’une guerre visant à consolider le pouvoir politique
de Washington en général, et celui du parti Républicain
en particulier.
Trois mois après la fin
de la guerre ayant interdit l’indépendance des Etats du Sud, le
parti Républicain se lança dans un génocide de 25 ans
contre les Indiens Américains, assassinant plus de 60.000 personnes,
dont plusieurs milliers de femmes et d’enfants, et plaçant de
nombreuses autres en camp de concentration. Selon le général
Sherman, qui mena cette épouvantable croisade, le parti
Républicain aurait fait cela dans l’objectif de ‘faire de
la place pour les nombreux chemins de fer’ qu’il avait
subventionnés. Il imposa également aux Etats du Sud de lourdes
taxes et y légalisa la saisie de propriétés par le
gouvernement durant plus d’une dizaine d’années
après la fin de la guerre (dans le cadre de la fameuse
‘reconstruction’), tout en ne mettant rien en œuvre pour
venir en aide aux anciens esclaves devenus libres. Le parti se contenta de
rester les bras croisés alors que plus d’un million
d’anciens esclaves succombaient de diverses maladies quelques temps
après la fin de la guerre. Ce fut le pire épisode de
santé publique de l’histoire des Etats-Unis.
Les administrations Grant sont
connues pour la corruption colossale associée à la construction
des lignes transcontinentales de chemin de fer subventionnées par
l’Etat, qui furent ouvertes au public peu de temps après
qu’ait éclaté le scandale de Crédit Mobilier.
Le parti Républicain
s’est toujours affairé à déguiser son désir
de pillage économique sous les idées fausses que sont la
‘liberté’, le ‘christianisme’,
l’’égalité’, la ‘civilisation’,
et bien d’autres… La guerre ayant interdit l’indépendance des Etats
du Sud lui permit finalement à l’établissement d’un
système hamiltonien, avec la mise en place
de tarifs protectionnistes au bénéfice des producteurs des
Etats du Nord et aux dépens de tous les autres, d’une
réserve monétaire nationalisée par les lois sur le
Change Légal et sur la Devise Nationale, et d’un soutien de
l’Etat aux sociétés parasites, à commencer par la
subvention du gouvernement aux sociétés ferroviaires. Tout ceci
permit à l’élaboration d’un système de
revenus interne, d’une douzaine de nouvelles taxes, d’un complexe
militaro-industriel, ainsi qu’à la destruction du
fédéralisme ou droit des Etats tel que l’avaient
imaginé les Pères Fondateurs.
Le génocide des Indiens
d’Amérique fut une manière de socialiser le coût de
construction des lignes de chemins de fer subventionnées par le
gouvernement. Ayant éradiqué les Indiens avec succès, le
parti Républicain jeta ensuite son dévolu sur de plus petits
pays tels que Cuba et les Philippines afin de les piller sous le
prétexte de diffuser ‘liberté’ et
‘manière de vivre Américaine’ autour du globe. Le
parti Républicain disait avoir embrassé la parole transmise par
le révérend Josiah Strong dans son
ouvrage de 1885 intitulé Our
Country, prônant la civilisation et la christianisation des peuples
inférieurs par les Etats-Unis. Ils s’imaginaient eux-mêmes
comme étant une clique de mères Theresas
se sacrifiant avec abnégation au bénéfice
d’habitants d’autres territoires.
L’un des exemples les
plus époustouflants de cette hypocrisie et de cette
malhonnêteté est la conquête du royaume d’Hawaii. Au
début des années 1890, de nombreux hommes d’affaires
étaient déjà présents sur les terres
Hawaïennes en tant que producteurs de sucre et d’ananas.
Encouragés par les politiques étrangères
impérialistes et agressives du parti Républicain, ils
poussèrent ce dernier à renverser le gouvernement de Hawaii et d’en faire une province
Américaine sous leur contrôle
politique. En d’autres termes, ils voulaient en faire un Etat
corporatiste hamiltonien. Voici comment Gregg
Jones décrit la situation à la page
23 de son livre Honor in the Dust: Theodore
Roosevelt, War in the Philippines, and the Rise and Fall of America’s
Imperial Dream :
Le 14 janvier 1893, la reine de Hawaii, Liliuokalani, tenta
de freiner les intérêts commerciaux des Etats-Unis sur son
royaume en promulguant une nouvelle Constitution. Une coalition de 13
Américains se faisant appeler Comité de Sécurité
s’y opposa avec violence. Deux des membres du Comité, le juge Stanford Dole et l’homme d’affaires Lorrin Thurson
créèrent une alliance secrète avec le négociateur
Américain John Stevens et planifièrent de renverser la
monarchie Hawaiienne. La milice armée du Comité s’empara
de bâtiments stratégiques, déclenchant
l’arrivée de troupes Américaines à Honolulu. Le
groupe y installa ensuite un nouveau gouvernement, dirigé par Dole.
Le Comité de
Sécurité employait une organisation paramilitaire se faisant
appeler ‘Honolulu Rifles’, étant elle-même
alliée à son parti politique fantoche connu sous le nom de
Société Missionnaire de Hawaii. Stanford
Dole était le fils d’un missionnaire de Nouvelle-Angleterre
ayant immigré à Hawaii depuis le Maine. Les Honolulu Rifles
forcèrent le roi de Hawaii à signer une nouvelle constitution
qui fut par la suite surnommée ‘Constitution de
baïonnette’, puisque le roi fut menacé d’être
étripé s’il refusait de la signer, à la
façon du Parrain. La nouvelle constitution priva tous les Asiatiques
du droit de vote (l’élite Républicaine les
considérant comme appartenant à une ‘race
inférieure’), avec pour seule exception les propriétaires
fonciers les plus importants, bon nombre d’entre eux étant
déjà à l’époque des Américains. Stanford Dole devint le président fantoche de ce
nouveau gouvernement. Peu de temps après, son cousin James Dole
créa à Hawaii la société Dole Fruit, qui existe
encore à ce jour.
Avant même que le parti
Républicain n’ait eu le temps de demander au Congrès et
au président des Etats-Unis d’annexer officiellement Hawaii, le
Démocrate Griver Cleveland prit en mars 1893
la décision de refuser sa proposition et de condamner
‘l’envoi illégal de troupes Américaines à
Honolulu’. Grover Cleveland fut le dernier
président Jeffersonien des Etats-Unis, et le dernier bon
Démocrate. Tout ceci déboucha sur l’arrivée au
pouvoir du théoricien de la supériorité de la race
blanche qu’était Théodore Roosevelt, président
favori des néoconservateurs d’aujourd’hui. ‘Il est
difficile d’écrire un mauvais livre au sujet de Théodore
Roosevelt’, avait déclaré Charles Kessler,
de l’Institut Claremont, dans un commentaire écrit en 1998.
Selon ses amis néoconservateurs William Kristol
et David Brooks, Kessler apercevrait Roosevelt
comme étant ‘le saint patron du nationalisme Américain et
de la vigueur du gouvernement’
En octobre 1895, Roosevelt
déclara au club Républicain du Massachussetts qu’il
était ‘un crime non seulement contre les Etats-Unis, mais
également contre la race blanche, que les Américains
n’aient pas annexé Hawaii il y a trois ans’ (Jones, page
24). Il prononça ce discours en réponse aux plaintes ayant
été faites par son ami proche et collègue
Républicain Henry Cabot Lodge quant à la conquête par les
Espagnols et les Anglais de tous les ‘terrains vagues de la
planète’. Selon lui, les Etats-Unis n’étaient pas
suffisamment impérialistes.
Après avoir
été élu au poste de Président, Roosevelt
perfectionna la politique de pillage économique du parti
Républicain en développant un impérialisme
déguisé sous une rhétorique humanitaire. Il
dénonça les Jeffersoniens pacifiques comme étant
‘séniles et idiots, et rien de moins que des traitres’
(Green, page 162). Comme Jim Powell l’explique dans son excellent
ouvrage intitulé Bully Boy: The Truth About
Theodore Roosevelt’s Legacy,
Roosevelt apercevait le gouvernement des Etats-Unis comme étant le
policier du monde, mettait constamment en garde contre ‘la menace de la
paix’, et planifiait de faire la guerre à Cuba, à Hawaii,
à la Chine, aux Philippines, au Nicaragua, au Panama, au Chili,
à la République Dominicaine et au Canada. Aucune de ses
interventions militaires n’a jamais rien eu à voir avec la
défense nationale. ‘Selon lui, les Etats-Unis se devaient d’intervenir
lorsqu’une nation cessait de se comporter correctement’,
écrivait Powell. ‘Les plus grandes races ont toutes combattu des
races inférieures’, proclamait Théodore Roosevelt. Selon
Powell, Roosevelt revigora le ‘parti de Lincoln’. C’est en
effet le secrétaire d’Etat de Lincoln, William Steward, qui
ordonna le premier la conquête par les Etats-Unis du Canada, du
Mexique, de l’Asie, des Caraïbes, de Cuba, d’Haïti, de
la Guyane Française, de Porto Rico et de Saint Bartholomée.
Le général des
Marines Smedley Butler savait parfaitement de quoi
il parlait lorsqu’il écrivit son fameux monographe
War is a
Racket. La guerre est un racket, elle l’a toujours
été.
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