Le peso argentin s’effondre

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Published : September 04th, 2014
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Category : Crisis Watch

Habilement géré par la banque centrale et le gouvernement, le peso argentin ne cesse plus de plonger, chose pour laquelle il est décidément très doué. Jeudi dernier, il a perdu 4,1% sur le marché noir, pour atteindre 14 pesos pour un dollar. Pour la toute première fois. Avec un taux officiel de 8,39 pesos pour un dollar, l’écart entre les deux taux a atteint un record de 5,61 pesos. Un signe que la confiance envers le peso s’évapore.

Il s’agit du plus gros plongeon enregistré depuis le 24 janvier, alors que la banque centrale dévaluait le peso de 15%.

« Attendez-vous à ce que le gouvernement prenne les choses en main et tente de réduire ce taux – et très vite », a écrit Bianca Fernet, économiste américaine installée à Buenos Aires, et contributrice de Wolf Street. Cette « politique monétaire argentine », comme elle l’a expliqué dans The Bubble, impliquerait ceci :

    • Forcer les agences gouvernementales à vendre des obligations en dollars à l’échelle locale
    • Fermer les bureaux de change pendant plusieurs jours
    • Augmenter les taux de prêts interbancaires et forcer les banques à vendre des actifs à l’échelle locale

Dans la journée de vendredi, le peso a enregistré une légère reprise, et son taux de change avec le dollar est passé en-dessous de 14 pesos par dollar, après que la banque centrale se soit débarrassée de 10 millions de dollars de ses réserves de devises étrangères. Mais elle a désespérément besoin de ces réserves – qui sont désormais de moins de 29 milliards de dollars – pour rembourser sa dette en devises étrangères, qui a fait l’objet d’un nouveau défaut le 31 juillet dernier.

« Les taux rendus publics sont inférieurs aux taux réels. Un taux supérieur à 14 n’est bien évidemment pas autorisé », m’a dit Bianca, peut-être de manière un peu ironique, comme c’est de coutume en Argentine. Et puis elle a ajouté : « Les courtiers négocient aujourd’hui à 14,35 ».

Lundi, les courtiers vendaient des dollars à 14,1 pesos par dollar, aussi illégal que ce puisse être.

En septembre 2012, il y a moins de deux ans, lorsque le taux baissait jusqu’à atteindre 6,4 pesos par dollar sur le marché noir (le taux officiel était alors de 4,66 pesos par dollar), l’Argentine a imposé de nouveaux contrôles monétaires afin de limiter l’hémorragie. Ont-ils été effectifs ? Avant la fin de l’année 2013, le peso avait perdu 36% de plus sur le marché noir, pour passer à 10 pesos par dollar. Au cours des dix mois qui se sont écoulés depuis, il a perdu 30% de plus.

En 2011, le peso était encore convertible en dollars au taux d’un pour un. Ce système a commencé à faillir en décembre de la même année, avant qu’un « jour férié » soit annoncé, au cours duquel les comptes en banque en dollars ont été convertis en pesos, et que ces pesos ont été dévalués. Les gens ont perdu 40% de leur épargne.

C’est ainsi qu’a pris fin une situation un peu particulière qui a duré un peu plus de dix ans : une devise « stable », qui ne perdait de sa valeur que « graduellement », à la même vitesse que le dollar. Avant ce semblant très bref de stabilité, la devise a perdu de sa valeur plus rapidement que n’importe qui aurait pu se l’imaginer (graphique). Au cours des treize années qui se sont écoulées depuis, elle a perdu 93% de sa valeur contre le dollar.

Alors que les Argentins frappaient sur des casseroles dans les rues de tout le pays en 2002, ils autorisent désormais la dévaluation continuelle de leur devise en haussant les épaules, bien qu’ils puissent de temps à autres décider de se déchainer sans raison (comme en décembre 2013… voir What the Hell Just Happened in Córdoba?).

Ils se sont résignés à ne pas conserver leur devise plus longtemps que nécessaire. Ils ont appris à échapper aux contrôles monétaires de leur gouvernement. Et ils ont perdu toute confiance en la capacité de leur gouvernement à gérer ses finances.

Avec un peso qui ne vaut presque plus rien et une inflation qui atteint un taux annuel de plus de 20%, le PIB, qui est mesuré en pesos et ajusté à l’inflation, ne peut plus être déterminé. La croissance économique de ces dernières années pourrait tout aussi bien n’avoir été qu’un fragment de l’imagination économique du gouvernement.

Mais la dévaluation d’une devise et l’inflation n’apparaissent pas accidentellement. Elles sont les conséquences de politiques préméditées et des actions de gouvernements démocratiquement élus et de banques centrales. Elles ne se terminent que par un défaut volontaire.

La manière dont le gouvernement gère sa dette en devises étrangères, qui ne peut être dévaluée, est une autre forme de défaut. Le 31 juillet, l’Argentine faisait défaut sur sa dette en devises étrangères pour la deuxième fois en treize ans, et la sixième fois depuis 1950 – un signe supplémentaire de sa volonté de ne jamais gérer ses dettes de manière honnête. Et comme nous avons pu le voir, l’identité du gouvernement au pouvoir ne fait aucune différence.

Mais la réalité de la dévaluation du peso contre le dollar est pire encore : depuis 2001, le dollar a perdu 26% de son pouvoir d’achat, grâce aux politiques de la Fed. Mais il y a une différence entre le gouvernement argentin et la gestion financière du gouvernement américain : le premier a dévalué son peso de 93% en treize ans, l’autre a dévalué son dollar d’environ 93% en un siècle.

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