Attention, chaud devant !
La nervosité grimpe dans les cercles de pouvoir de la troisième économie de la zone euro, l’Italie.
Elle est en proie à un véritable effondrement de son secteur bancaire, susceptible de provoquer l’effondrement d’un projet européen déjà bien vacillant.
L’Italie, ou la France ? Lequel de ces deux pays fera chuter une monnaie unique, l’euro, déjà très mal en point et sous respiration artificielle depuis de bien trop nombreuses années.
En cette année d’élection en France, puis l’année prochaine en Allemagne, il est assez prévisible de dire qu’il ne se passera pas grand-chose sur le front du grand « saut fédéral », et vous devez savoir que soit nous allons vers plus d’Europe, soit l’euro explosera. Soit la survie par beaucoup plus d’intégration, soit la désintégration. Or les Allemands ne voudront jamais payer pour les méchants grecs ou les Italiens dispendieux.
Bref, ne croyez pas que tout soit réglé et que tout va bien. En réalité, nous sommes tous assis sur un volcan. Il menace d’exploser à tout moment.
Le monde change considérablement.
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Voici donc en exclusivité pour vous, la traduction de ce nouvel article.
Volcan italien !
Dans son discours annuel aux marchés financiers, Giuseppe Vegas, le président du régulateur boursier CONSOB, un parfait initié, a fait un pronostic lugubre. Le QE de la BCE a « réduit la pression sur les pays, comme le nôtre, qui plus que quiconque ont besoin de regagner en compétitivité, en stabilité et en convergence ».
Mais cela n’a pas marché, a-t-il déclaré. Malgré des milliards d’euros d’assouplissement quantitatif, la productivité italienne a continué de baisser par rapport à l’Allemagne, reculant de 30 % durant les deux dernières décennies. Aujourd’hui, l’Italie doit commencer à se préparer au pire de ses cauchemars, à savoir au serrage de vis graduel des politiques monétaires de la BCE.
« L’inflation remonte petit à petit vers la zone de l’objectif des 2 %, tandis qu’aux États-Unis on est en train de serrer la vis monétaire », a déclaré Vegas. Le gouvernement allemand met de plus en plus la pression sur la BCE afin qu’elle commence à réduire son QE avant les élections de septembre.
Tout comme les Pays-Bas, dont les parlementaires ont aujourd’hui mis comme jamais Mario Draghi sur le grill. À la fin de la cession, ils ont remis à Mario Draghi en tant que cadeau de départ une tulipe solaire, un rappel en forme de clin d’œil de la tristement célèbre crise financière hollandaise du milieu du XVIIe siècle créée par la bulle sur les tulipes.
Jusqu’à présent, Draghi et ses collègues de la BCE refusent de plier. Mais avec un bilan qui vient d’atteindre les 38,7 % du PIB de la zone euro, soit 15 points de pourcentage de plus que la FED, la BCE pourrait ne plus vraiment avoir le choix. Comme Vegas le met en exergue, pour l’Italie (et les autres pays dans une situation similaire), cela signifiera devoir faire face à une toute nouvelle situation « dans laquelle il ne sera plus possible de compter sur le support externe des effets de levier monétaires ».
Ce qui risque d’être un problème majeur pour un pays devenu dépendant du soutien extérieur. D’après la BRI, en 2016, les banques internationales, et particulièrement celles allemandes, ont réduit leur exposition à l’Italie de 15 %, soit pour plus de 100 milliards de dollars, et la moitié de cette réduction a eu lieu durant le dernier trimestre de l’année. De son côté, la BCE a déjà réduit ses achats de dette européenne, passant de 80 à 60 milliards d’euros par mois.
Alors que l’appétit pour la dette italienne tombe, les taux obligataires italiens vont grimper. Les seuls autres acteurs du marché semblant encore vouloir et pouvoir les acheter (pour le moment) sont les banques italiennes.
Durant une période de deux mois, les banques italiennes ont augmenté leur portefeuille d’obligations de la zone euro de 20 milliards d’euros. De cette somme, 12,3 milliards ont été alloués à des obligations italiennes, d’après une étude conjointe de la BCE et de Jefferies International. Il s’agit de la plus forte augmentation depuis 2015, ce qui signifie que la détention d’obligations italiennes par les banques locales s’élève désormais à 235 milliards d’euros. Lorsque les taux de ces actifs commenceront à monter, ces mêmes banques, qui dans leur grande majorité sont déjà au bord de l’insolvabilité, devront encaisser de nouvelles pertes.
Il s’agit d’une bombe à retardement financière. Comme le Financial Times l’a récemment rapporté, toutes les solutions qui ont été adoptées pour tenter d’enrayer la crise financière italienne n’ont servi à rien. Cela semble inclure le dernier plan B, qui consiste en bref à titriser des milliards d’euros d’actifs toxiques afin de les disséminer aussi loin que possible, et parmi un spectre d’entités le plus large possible, avec l’assistance des banques de Wall Street. D’après le Financial Times, ce plan piétine déjà.
En attendant, Bruxelles continue de cogiter quant à la façon de gérer le sauvetage de la banque la plus insolvable d’Italie, Monte dei Paschi di Siena, qui vient juste d’annoncer de nouvelles pertes trimestrielles de 169 millions d’euros. D’autres banques majeures, comme Banco Popolare di Vicenza (BPVI) et Veneto Banca, sont dans des situations tout aussi bancales. Une fois de plus, les régulateurs italiens avertissent des dangers découlant de l’application à la lettre des règles de renflouement interne de l’UE.
Dans son discours, Vegas a proposé l’introduction d’un filet de protection de 100 000 € pour les porteurs obligataires, la plupart d’entre eux étant des citoyens italiens ordinaires. Ensemble, ils possèdent pour environ 200 milliards d’euros d’obligations alors que les banques leur avaient dit qu’il s’agissait d’un investissement sûr. Ce qui n’est plus le cas.
« La gestion des crises peut parfois requérir une intervention incompatible avec les mécanismes de Francfort et de Bruxelles », a ajouté Vegas.
Pour faire passer le message, il a proféré une menace à peine voilée en direction de Francfort et de Bruxelles, à savoir celle de la sortie de l’Italie de la zone euro. Une perspective qui ne doit pas être ignorée vu la progression récente du sentiment anti-européen et l’augmentation de la stabilité politique dans la Botte. Il a donc menacé : « Rien que l’annonce d’un retour à la monnaie nationale provoquerait une fuite immédiate des capitaux qui remettrait sérieusement en question la capacité de l’Italie à refinancer sa dette, la troisième du monde. »
Il s’agit de la menace ultime : la souveraineté monétaire, avoir sa propre devise, dans un contexte très difficile. »
Article de Don Quijones, publié le 10 mai 2017 sur WolfStreet.com