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Les blessures de la modernité

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Published : December 05th, 2012
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Il existe très certainement un lien entre une culture à bout de souffle et une populace dévouée à tant d’arriération mentale qu’elle est incapable de percevoir la situation fâcheuse dans laquelle elle est plongée. Nous ne sommes pas capables de réaliser à quel point la cadence de la production industrielle de ces 200 dernières années nous a essoufflés, sans parler de l’écosystème dans lequel nous, humains, étions destinés à vivre. De mon humble avis, nous avons depuis ces dix dernières années commencé à clore ce chapitre de l’Histoire pour entrer dans quelque chose de plus simple et de plus restreint, que ce soit volontairement ou traînés par les circonstances.


Je suis très intéressé par le fait que beaucoup pensent que la manière dont les choses sont organisées aujourd’hui est la norme et qu’elles demeureront ainsi à jamais. Si vous vivez dans une grande ville telle que New York, au sein de laquelle tant de patrimoine est concentré, que vous êtes ébloui par les néons de lumière et assourdis par le vrombissement des voitures, attendez-vous à ce que la descente se fasse plus lentement.


Mais ici, dans la campagne, c’est une toute autre histoire. La fatigue est palpable. Je me suis rendu au centre commercial dimanche dernier en milieu de journée pour prendre la température, alors que les achats rituels annonçant l’arrivée de Thanksgiving auraient dû battre leur plein. L’endroit ressemblait à une ville fantôme. Le peu de consommateurs qui arpentaient les rayons avaient l’air fatigué de ceux qui ont été poussés au-delà de la limite du supportable, un peu comme des gens comme vous et moi qui se sont tout à coup retrouvés au beau milieu d’une zone de conflit.


Le comportement semblait pourtant quelque peu cérémoniel, ou peut-être faisaient-ils simplement semblant. Aucun d’entre eux ne transportait des sacs pleins de courses. Je n’ai vu quasiment personne acheter quoi que ce soit ni même tripoter la marchandise présentée dans les magasins alignés les uns derrière les autres dans la galerie marchande. Il n’y avait pas non plus beaucoup de caissiers et la plupart des magasins semblaient être en mode pilote automatique, tout simplement parce que les marges ne sont plus achevables. Ils semblent pour l’instant faire des affaires, mais passé Noël, ils ne seront déjà plus là. Les Etats-Unis en ont assez, ils ne supportent plus ces vidéos stupides de gens se battant pour des morceaux de plastique sans aucune valeur à l’ouverture des WalMart le jour du Black Friday.


La condition physique de ce que nous appelons nos villes (bon nombre d’entre elles n’étant rien de plus qu’un amas de ‘services ‘dans le paysage) est quelque peu différente. Nous ne prêtons plus attention à notre propriété d’une part parce que nous n’avons plus les moyens financiers pour et, d’autre part, parce qu’il ne sert plus à rien d’y prêter attention et que plus rien ne semble avoir été créé pour qu’on en prenne soin. Et de toutes les manières, les écrans plats narcotiques sont encore là pour distraire toute personne susceptible de s’opposer à l’entropie de notre temps. Le déshonneur de notre nation est aujourd’hui total, depuis nos corps jusqu’à tout ce qui nous entoure. Nous incarnons la définition parfaite d’une entropie devenue visible.


Différentes variations de ce phénomène sont également visibles de toutes parts du monde développé, en Europe comme au Japon, là où les instruments monétaires de la machine de la modernité gravitent et procèdent à leur autodestruction. La Chine en arrivera bientôt au même point, malgré le fait que tout y soit tout neuf – après tout, à quoi servent des chemins de fer ultra-rapides si le prix du pétrole reste au-dessus de 110 dollars le baril ?


Pourquoi ne pas simplement accepter le fait que notre aventure industrielle est terminée et qu’il nous faut passer à autre chose ? Pourquoi n’abandonnons-nous pas ? Que faisons-nous réellement de notre temps et de nos efforts ?


Il semblerait que la tendance soit à l’abandon de l’Etat-nation gigantesque du moins, sous sa forme corporatiste actuelle. Très récemment, en Espagne, les séparatistes ont remporté les élections en Catalogne. Peut-être l’Espagne finira-t-elle par rejoindre les entités défuntes que sont la Yougoslavie, la Tchécoslovaquie et l’URSS. En ce moment-même, nous entendons parler de sécession en Amérique du Nord, où une cohorte crétine supporte un retour à la guerre civile pour des raisons sentimentales très largement nourries par la télévision. Ce que les Etats-Unis ne semblent pas pouvoir avaler est le dépérissement de la brillante économie de la Sunbelt qui n’était en réalité rien de plus qu’une bulle sur le développement urbain et qui les renverra tout droit au fond du trou, tout comme la famille de Jeeter Lester dans Tobacco Road.


Voici certaines choses avec lesquelles il serait préférable que nous nous familiarisions :


Le globalisme se tarit et disparaîtra dans un souffle (désolé, Tom Friedman). L’économie Nord-Américaine deviendra de plus en plus une économie interne au cours des décennies à venir. Si vous êtes jeune, pensez à vous lancer dans le développement des réseaux fluviaux nationaux. Il n’existera bientôt plus de camions pour transporter les marchandises et, au rythme où nous allons, les chemins de fer ne seront jamais réparés.


Les chaînes de distribution nationales mourront à mesure que disparaîtra l’économie de grande échelle. WalMart et tout ce qui y ressemble disparaîtra. Il n’y aura plus de bousculades le jour du Black Friday. Si vous êtes jeunes, pensez à monter une entreprise locale qui pourrait jouer un rôle dans la reconstruction du réseau économique local. Vous aurez beaucoup de travail, et bien moins d’objets inutiles en plastique desquels vous soucier. Il existe beaucoup d’opportunités pour ceux qui ont l’esprit d’entrepreneur.


L’agriculture reviendra au cœur de la vie économique. Cela peut être difficile à croire pour ceux qui vivent dans un monde d’iPhone, d’apps et de tweets. Oubliez tout ça. Les réseaux électriques ne fonctionneront plus, ou du moins ne seront plus assez fiables pour qu’on continue de s’en servir. Au cours de ces prochaines décennies, nous, les Hommes, aurons recours à la terre pour nous apporter ce dont nous avons besoin pour vivre. Il existe là aussi de nombreuses opportunités pour ceux qui aiment travailler au grand air. Il y a également de fortes chances que se développe une révolution qui puissent déboucher sur de nombreuses transformations en matière de tenure des terres.


Dîtes adieu à l’ère de l’automobile et saluez le retour des communautés. Difficile à croire, tout particulièrement pour ceux qui liront ceci sur leur iPad, mais nos jours de navetteurs sont comptés. L’industrie automobile semble toucher à sa fin plutôt brutalement – bien que nous faisions actuellement tout ce qui est en notre pouvoir pour la soutenir. Les gens font tout ce qu’ils peuvent tant qu’ils le peuvent, et quand ils ne le peuvent plus, alors ils arrêtent de le faire. Les implications de tout cela sur la manière dont nous occupons la terre seront phénoménales. Trouvez-vous une petite ville fluviale entourée de champs et préparez-vous à y reconstruire votre vie.


En attendant, alors que tous ces changements se préparent en arrière-plan, soyez certains que les gens qui tiennent les rênes continueront de mener campagne pour que leur racket reste d’actualité. Les conséquences en seront tristes et possiblement effrayantes. Soyez courageux et cherchez les opportunités que peuvent apporter ces transformations. La modernité nous a fait perdre notre travail. Laissez vos entreprises fatiguées derrière vous et recommencez à agir en tant qu’humain. Profitez de la vie en-dehors de ce que les progrès technologiques ont à nous offrir. Vous vous en remercierez un jour.




 

 

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James Howard Kunstler est un journaliste qui a travaillé pour de nombreux journaux, dont Rolling Stones Magazine. Dans son dernier livre, The Long Emergency, il décrit les changements auxquels la société américaine devra faire face au cours du 21° siècle. Il envisage un futur prochain fait de crises sociales à répétition, la fin de la Surburbia et du modèle économique associé, une guerre mondiale pour les ressources en énergie. Il prédit la déconstruction des empires européens et américains et pense que, lorsque les convulsions seront terminées, le monde fonctionnera de manière décentralisée et local.
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J'étais à Paris hier, un tourbillon, les gens qui y vivent ne voient pas la crise, mais la description d'howard sur son magasin de campagne c'est ce que je vois ici chez moi....nos régions, nos campagnes coulent à pic en ce moment, la trame est usée et pourtant c'est ici que l'avenir se trouve....
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J'étais à Paris hier, un tourbillon, les gens qui y vivent ne voient pas la crise, mais la description d'howard sur son magasin de campagne c'est ce que je vois ici chez moi....nos régions, nos campagnes coulent à pic en ce moment, la trame est usée et p  Read more
jymesnil - 12/5/2012 at 4:47 PM GMT
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