Dans l’article qui suit, je
mettrais à jour mes calculs de mon indice de misère. Un indice de misère a
pour la première fois été établi par l’économiste Art Okun afin de fournir au
président Lyndon Johnson un aperçu de l’économie.
L’indice de misère était à l’origine
la simple somme du taux d’inflation d’une nation et de son taux de chômage. L’indice
de misère a été modifié de nombreuses fois, d’abord par Robert Barro, de
Harvard, et puis par moi-même. Mon indice de misère modifié est la somme du
chômage, de l’inflation et des taux de prêts bancaires, moins le pourcentage
d’évolution du PIB par habitant. Un indice de misère élevé reflète un niveau
de misère plus important. Il s’agit d’un outil suffisamment simple pour être
compris d’un seul coup d’œil par un président trop occupé pour participer à des
briefings économiques.
Voici ci-dessous un tableau
représentant mon indice de misère sur l’année 2016. Pour des raisons de
cohérence et de comparabilité, tous les chiffres utilisés sont issus de l’Economist
Intelligence Unit (EIU).
Le Venezuela arrive en
tête de la liste des pays les plus misérables de 2016, et occupait déjà la
même place en 2015. Les échecs de l’Etat pétrolier socialiste et corrompu ont
été bien documentés au fil de l’année dernière, notamment lorsque le
Venezuela est devenu le 57e
cas d'hyperinflation jamais enregistré.
L’Argentine arrive en
deuxième position, les raisons de ce classement n’étant pas trop difficiles à
comprendre. Après les années socialistes de Kirchner, l’Argentine se détache
peu à peu des politiques destructrices de l’ancienne administration, mais de
nombreux résidus problématiques se trouvent encore dans le tissu économique
du pays.
Le Brésil, qui arrive en
troisième position, est un foyer de corruption et d’incompétence, comme l’indique
la récente destitution du président brésilien, Dilma Roussef. La situation
est similaire en Afrique du Sud, qui arrive en quatrième position, et
où la corruption ronge jusqu’aux rangs les plus élevés de la société. Le
président d’Afrique du Sud a récemment survécu à une destitution après que la
Cour institutionnelle a unanimement décrété que Zuma avait manqué de faire
respecter la constitution de son pays.
L’Egypte, cinquième pays
le plus misérable du monde, souffre de contrôles des changes, d’un marché
noir en pleine expansion et d’un régime militaro-socialiste. En revanche, le
pays souffre potentiellement plus que l’indique ce tableau, parce que le taux
d’inflation estimé par l’EIU pour l’année 2016 (17,8%) est très éloigné de
celui indiqué par le Troubled
Currencies Project du Johns Hopkins-Cato Institute, qui s’élève à 150,7%.
Le pays suivant dans la liste
avec un score de 36, l’Ukraine, ressent toujours les effets de la
guerre civile qui a commencé il y a trois ans. Au vu de la guerre civile et
de la corruption endémique qui rongent le pays, est-il étonnant que les
Ukrainiens soient misérables ?
L’Azerbaïdjan est aussi
rongé par la corruption, la fraude et l’incompétence, et les dévaluations de
devise sont chose commune – le manat a été dévalué deux fois depuis 2015, et
a perdu 75% de sa valeur contre le dollar. Cette faiblesse sur les marchés
des devises rend le commerce très difficile, et l’économie du pays a beaucoup
souffert en conséquence.
La Turquie est gouvernée
par un chef islamiste despotique, Erdogan, qui dévoue toutes ses ressources à
la protection de son propre pouvoir plutôt qu’à la gouvernance de son Etat,
ce qui a généré une importante dévaluation de sa devise et a enlisé sa
population dans la peur. La lire turque a perdu plus de 24% de sa valeur
contre le dollar au cours de l’année dernière, et l’économie est soudainement
en cours de dollarisation. Il n’est pas surprenant que la Turquie fasse
partie des Cinq fragiles, qui incluent également le Brésil, l’Inde, l’Indonésie
et l’Afrique du Sud.
Les raisons qui expliquent le
classement de l’Iran sont trop évidentes et nombreuses pour être
énumérées. Il est cependant raisonnable de dire que ses problèmes sont un
mélange de corruption, d’incompétence et de gouvernance théocratique et
autoritaire.
Le pays qui vient compléter la
liste des dix nations les plus misérables est la Colombie. Le
gouvernement colombien est si préoccupé par ses négociations de paix avec le
groupe rebelle FARC que son économie a été négligée. Les taux d’intérêt sont
en hausse, et l’économie du pays est en stagnation.
De l’autre côté du tableau se
trouve le Japon, avec le très faible score de 0,4. Ce score n’est pas
le résultat d’une forte croissance du PIB par habitant (qui n’est que de
0,7%), contrairement aux autres pays du bas de la liste, mais à une inflation
de -3,5%. La Chine arrive ensuite, avec un score de 4,5, presqu’entièrement
dû à la forte croissance de son PIB par habitant (6,3%).
Notez également où se trouvent
les Etats-Unis dans la liste. Après la présidence d’Obama, les
Etats-Unis se trouvent en-dessous de la Slovaquie, de la Roumanie, de la
Hongrie, de la Chine et même du Vietnam. Quel héritage.
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