Ici,
aux Etats-Unis, l’un des mythes les plus célèbres
voudrait que nous ayons un marché libre, alors qu’en
réalité, le marché n’est que la structure de ce
qui était autrefois des institutions libres. Le gouvernement en tire
les ficelles. Aucune meilleure illustration ne peut être faite de la
manipulation des taux d’intérêts par la Réserve
Fédérale.
La
Fed joue avec les taux d’intérêts depuis des
décennies, mais elle le fait aujourd’hui avec beaucoup plus
d’ardeur au travers de ses politiques de quantitative easing. Lors de l’une de ses récentes
conférences de presse, le directeur de la Fed, Ben Bernanke,
a déclaré que la Fed désire influencer non seulement les
taux de la dette du Trésor à la baisse, mais aussi les taux des
prêts immobiliers, les taux des obligations de sociétés
et d’autres taux d’intérêts. Les marchés ont
accueilli ses déclarations avec enthousiasme, puisqu’elles
signifient que plusieurs trillions de dollars supplémentaires seront
créés pour prendre directement le chemin de Wall Street.
Parce
que les taux d’intérêts sont le prix de la monnaie, la
manipulation des taux d’intérêts a les mêmes effets
sur le marché des fonds prêtables que ceux qu’ont les
contrôles de prix sur les marchés des biens et services. Dans la
mesure où la demande en fonds a augmenté mais que l’offre
n’augmente pas, le seul moyen d’équilibrer la situation
est de continuer de créer du nouveau crédit. Mais ce processus
ne peut continuer indéfiniment. Viendra un jour où les projets
d’immobilisation financés par ce nouveau crédit seront
complétés. Des maisons devront être vendues, des mines
devront produire des ressources, et des usines devront proposer des biens
à la consommation.
Mais
parce que les schémas de consommation sont restés
inchangés ou sont devenus plus orientés vers le présent,
d’ici à ce que ces projets d’immobilisation soient
terminés et commencent à produire, les producteurs ne pourront
trouver aucun marché pour leur produit. Parce que la coordination
entre l’épargne et la consommation a été
brisée au travers de l’affaiblissement artificiel des taux
d’intérêts, les épargnants comme les emprunteurs
ont reçu des signes d’une activité économique
insoutenable. Les ressources qui auraient pu contribuer à la
production sous un régime de taux d’intérêts
déterminés par les marchés sont en fait
prédestinés à être non-profitables. Afin de
retourner à une économie qui fonctionne, ces ressources qui ont
été mal-investies ont besoin d’être
liquidées et transférées vers des secteurs au sein
desquels elles peuvent avoir une utilisation industrielle.
Un
autre effet de l’injection de crédit dans le système est
l’augmentation des prix. Plus de monnaie pour la même
quantité de biens entraîne une hausse des prix. Wall Street et
le système bancaire ont accès à ce nouveau crédit
avant que les prix n’augmentent. Main Street, en revanche, voit les
prix grimper avant même de pouvoir tirer avantage du nouveau
crédit. Le pouvoir d’achat du dollar s’érode et le
niveau de vie des Américains diminue.
Nous
ne vivons pas dans une économie de marché libre mais dans une
‘économie mixte’ marquée par un mélange de
corporatisme, de vestiges de capitalisme, de marché libre et de planification
centrale. Chaque infusion de crédit par la Fed distord la structure de
l’économie, endommage le rôle que jouent les taux
d’intérêts sur les marchés et érode le
pouvoir d’achat du dollar. Les hommes de la Fed se voient
eux-mêmes comme des gourous à la tête de
l’économie, et pourtant, chaque décision qu’ils
prennent ne débouche sur rien d’autre
que toujours plus de dévastations et de distorsions.
A
moins que le Congrès ne décide de mettre fin aux manipulations
de la Réserve Fédérale, les distorsions
économiques causées par la Fed ne pourront être
liquidées. Elles finiront par être renforcées et
maintiendront au large toute reprise économique en plantant les
graines de prochaines crises.
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