Mercredi dernier, le parlement européen fut le lieu d’une sévère joute verbale qui fut largement rapportée par les médias de tous le continent et qui opposa notamment Marine Le Pen avec François Hollande. Et si la volée de bois vert que la leader du Front National a infligé au président français a bien été commenté, cela a peut-être été au détriment d’une observation intéressante.
Or donc, Angela Merkel et François Hollande se sont exprimés devant le parlement européen en séance à Strasbourg dans un discours qui pouvait fournir, peut-être, quelques réminiscences avec les pages écrites par un autre couple franco-allemand, François Mitterrand et Helmut Kohl : il s’agissait, après tout, de galvaniser les peuples européens ou, tout du moins, d’essayer de donner un sens à l’idée d’Union européenne alors que cette union semble confrontée à la fois à une crise économique de plus en plus aigüe et à une autre crise, migratoire celle-là, dont tout indique qu’elle n’améliorera pas la précédente.
La comparaison avec Mitterrand et Kohl s’arrête ici : là où les actions des deux dirigeants avaient laissé un sentiment positif dans l’opinion publique (sentiment indubitablement aidé par des médias tous acquis à la cause), l’impression qui surnage après les débats de la semaine passée est nettement plus mitigée et s’apparente plus à celle d’un gâchis ou d’une énième démonstration du niveau assez consternant auquel se déroule la vie politique française, qui parvient ici à éclabousser l’allemande et par extension, l’européenne toute entière.
Cependant, ces constatations menées, à l’instar de ce qu’à fait Soriano Domingo dans un récent article de LibreMercado, je voudrais vous proposer de revenir un peu sur le contexte de l’intervention de Marine Le Pen.
Elle n’était pas toute seule à apostropher ainsi les dirigeants franco-allemands et si elle le faisait en tant que porte-parole du groupe « Europe des Nations et des Libertés », on a eu aussi l’occasion d’entendre Gabriele Zimmer, une socialiste de l’ex-RDA (die Linke) pour le groupe « Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique » (GUE/NGL), amalgame hésitant entre l’écologie collectiviste et le collectivisme bardé de verdure, bref, une gauche résolument à gauche de la gauche sociale-démocrate représentée par Hollande et Merkel.
Et lorsqu’on reprend les déclarations des deux extrêmes, force est de constater qu’il y a comme une ressemblance entre les positions des uns et des autres, pourtant aux antipodes de l’échiquier politique. Bien évidemment, sur la question spécifique des réfugiés, ces positions sont clairement dissemblables, mais l’écart s’arrête là surtout lorsqu’on entreprend d’analyser les deux discours dans leur composante économique, lorsqu’ils parlent austérité et modèle social européen. Lorsqu’on épluche les remarques des deux extrêmes, il devient vite difficile de savoir si l’on est plutôt dans le côté droit de l’hémicycle, ou le côté gauche.
D’ailleurs, je propose d’en avoir le cœur net par vous-même. Ci-dessous, je vous liste une dizaine de phrases extraites des discours des deux bords. À vous de trouver auquel de ces extrêmes il appartient. Soyez fair-play, ne cliquez pas sur le lien qui source la citation avant d’avoir choisi.
1. « Nous allons nous engluer dans une spirale austéritaire sans fin pour sauver l’euro et le modèle allemand de bas salaires » (Source).
2. « Les peuples rejettent une union européenne dans laquelle les ministres des finances dictent comment la solidarité et les conditions de vie doivent être comprises » (Source)
3. « Sur la pression de l’Allemagne, la volonté du peuple grec a été foulée aux pieds. » (Source)
4. « L’intérêt de la France, c’est ne pas abdiquer face au Dr Schaüble quand se décide la politique économique du continent. » (Source)
5. « Mais la véritable épée suspendue au-dessus de nos têtes est l’austérité et sous son joug, nous ne parvenons pas à défendre nos valeurs. » (Source)
6. « Merci Madame #Merkel de venir avec votre vice-chancelier, administrateur de la province France, François Hollande ! » (Source) – facile, celle-là 😉
7. « La grande coalition qui nous gouverne est celle de Merkel et Hollande, les dirigeants du PSOE et du PP. Nous méritons une alternative en Europe. » (Source)
8. « Cette politique est synonyme de chômage massif, de précarité et d’effondrement de notre système de protection sociale. » (Source)
9. « L’Eurogroup a exercé un chantage brutal sur la Grèce et malgré cela, le peuple grec n’a pas perdu confiance en Syriza » (Source)
10. « Votre modèle, c’est la vassalisation aux États-Unis, l’austérité, la concurrence déloyale ! » (Source)
À la lecture de ces dix extraits, avouez qu’il ne sera guère aisé de retrouver lequel des deux extrêmes a dit quoi. Et c’est normal, les deux groupes étant finalement aussi collectiviste l’un que l’autre, aussi euro-sceptique (pour ne pas dire anti-européen) l’un que l’autre, aussi interventionniste et nationaliste l’un que l’autre, on les voit mal se renier. Ce faisant, les deux extrêmes se rejoignent admirablement.
(Et pour information, l’extrême-gauche est responsable des tirades 2-5-7-9, et l’extrême-droite de 1-3-4-6-8-10.)
Finalement, comme je le mentionnais dans un précédent billet datant de 2012, il est bien difficile de distinguer ce qui différencie vraiment le discours maintenant véhément de Marine Le Pen de celui des collectivistes patentés de toute la gauche et de l’extrême-gauche européenne.
Dans ce contexte, on ne pourra s’empêcher d’admirer les manœuvres en demi-teinte et plus ou moins habiles de Jean-Luc Mélenchon, du groupe GUE/NGL justement, qui, sans doute conscient de l’étroitesse de ses différences avec celle de la leader du Front National, ne loupe jamais une occasion de rappeler que si lui dit globalement la même chose qu’elle sur la plupart des sujets, au moins, lui n’est pas fasciste.
Et comme il a, dernièrement, reçu le blanc-seing de la justice française pour utiliser le terme dans le contexte politique, il ne s’en privera pas. C’est assez pratique au passage, puisque du point de vue libéral, nous pourrons donc, toujours dans le strict contexte politique, appeler un chat un chat et rappeler que pour une Marine Le Pen effectivement fasciste et réclamant toujours plus d’Etat, nous disposons d’un Jean-Luc Mélenchon tout aussi fasciste et quasiment interchangeable.
L’observation ne laisse guère de doute : pendant que l’Europe s’empêtre dans des questions migratoires démontrant surtout l’absence totale de vision de nos dirigeants, les extrêmes, de droite et de gauche, gagnent les populations, montrent le poing et mobilisent l’attention des peuples.
Et ils sont bel et bien fascistes.
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