Ce texte est l’introduction de l’analyse de l’économie mondiale de Ray Dalio, qui résume la situation d’ensemble. Les détails sont disponibles via le texte original en anglais publié sur son compte LinkedIn. Nous l’avons traduit pour vous ! Ray Dalio est le fondateur de la firme d’investissement Brigwater et figure parmi les 50 hommes les plus influents… au monde !! Un avis utile à lire donc.
« Dans l’ensemble, les perspectives à court terme sont positives tandis que les perspectives à long terme sont effrayantes. Parce que :
- l’économie est désormais à son mieux, ou proche de celui-ci, nous ne voyons pas de risque économique majeur d’ici un ou deux ans ;
- il y a des problèmes à long terme significatifs (la dette, les promesses de l’État, les capacités restreintes des banques centrales à stimuler, etc.) susceptibles d’étrangler l’économie ;
- nous sommes proches de la pire situation de ces dernières décennies en termes de conflits politiques et sociaux ;
- et les conflits empirent lorsque l’économie se dégrade.
Même si nous n’avons pas d’inquiétudes à court terme pour l’économie dans son ensemble, nous craignons de voir ce qu’il adviendra de ces conflits lorsque l’économie recommencera à se détériorer.
Pour clarifier les choses, nous allons mentionner notre modèle et expliquer où nous nous situons actuellement.
Trois grandes forces font l’économie : il y a le cycle économique classique, un cycle à court terme de la dette qui dure habituellement entre 5 et 10 ans. Il y a ensuite le cycle de la dette à long terme, et il y a la productivité. Deux leviers permettent d’agir sur ces éléments : les politiques monétaires et les politiques fiscales. La prime de risque des différents actifs fluctue au gré des changements de politiques monétaires et fiscales afin de véhiculer l’effet de richesse.
Les grandes économies mondiales sont actuellement au milieu de leur cycle à court terme de la dette, les taux de croissance sont moyens. Autrement dit, l’économie mondiale est dans sa phase « Boucles d’Or » du cycle, à savoir pas trop chaud ou pas trop froid. En conséquence, la volatilité est basse en ce moment, comme c’est souvent le cas dans une telle phase. Concernant ce cycle, nous ne voyons pas de nuages classiques à l’horizon. Contrairement à 2007/2008, nous ne voyons pas des flux de dette qui ne puissent être remboursés, tout comme nous ne voyons pas de menace du côté des politiques monétaires. Au pire, la FED pourrait provoquer un léger coup de frein à la croissance. Sous réserve de choc géopolitique, l’horizon des 12 à 24 mois à venir semble dégagé.
Simultanément, la situation à long terme est inquiétante car nous avons beaucoup de dette et de promesses à tenir (les retraites, les soins de santé, la sécurité sociale, etc.), qui vont petit à petit étrangler l’économie. L’impact sera graduel, il n’y aura pas de choc, et ce sont les gens les plus en difficultés qui seront les plus touchés.
Les pouvoirs des banques centrales de rectification de ces soucis sont plus réduits qu’à l’accoutumée, ce qui ne fait que renforcer ce risque. La capacité des banques centrales à fournir des politiques accommodantes est moindre car il leur sera difficile de baisser les taux vu leur niveau actuel, et que de nouveaux QE seraient moins efficaces en raison des primes de risque actuelles. De même, un coup de main en provenance des politiques fiscales semble peu probable en raison de la fragmentation politique.
Nous craignons donc que le prochain revers économique, quel que soit son ampleur, exacerbe les conflits politiques et sociaux actuels. (…) »