Richard Cantillon mérite qu’on
se souvienne de lui. Cet Irlandais est né en 1680 et est décédé en 1734.
Il a travaillé dans la banque
à Paris et a été le témoin de l’apogée et de l’effondrement de l’entreprise
spéculative de John Law, entreprise qui a ruiné la France en investissant les
finances de la Couronne de France sur un projet fictif en Louisiane, et suite
à l’autorisation donnée par le Régent de France à la société de Law d’émettre
de la monnaie fiduciaire.
Cantillon était un homme d’une
intelligence extraordinaire. Il a su détecter la fraude commise par Law sous
la protection du Régent, et a clairement compris ses conséquences terribles et
inévitables.
Pendant l’essor de l’entreprise
de Law, le public se rendait en masse devant la maison de Law rue Quincampoix, dans l’espoir de pouvoir lui acheter des
actions.
Les proches de Cantillon l’ont
contacté pour lui demander d’aller acheter des actions auprès de Law. Il leur
a répondu qu’il ne recommandait pas cet investissement, mais ses proches ont
insisté.
Cantillon a fait ce qu’ils lui
ont demandé, avec leur argent. En tant que banquier, il a pu avoir accès à ces
actions et pouvait en faire ce qu’il voulait tant que ses proches ne lui en
demandaient pas la livraison ou ne lui donnaient pas l’ordre de vendre. Il a
immédiatement vendu les actions de ses proches contre de l’or. Il a également
liquidé ses propres actions et les a elles aussi échangées contre de l’or.
Le projet financier de John
Law n’a pas tardé à sombrer dans la banqueroute. Cantillon a pu racheter les
actions de ses proches pour quelques sous.
Il a mis tout son or dans une carriole
recouverte de foin et est parti pour la Hollande, d’où il a ensuite pu se
rendre en Angleterre.
Ses proches lui ont demandé
leur argent, mais Cantillon leur a donné les actions qu’ils lui avaient
demandé d’acheter pour eux, et qui ne valaient désormais plus rien. Il avait
acheté leurs actions, et le leur avait livré, comme le voulait leur contrat.
Ses proches ont porté plainte contre lui, mais le dossier de Cantillon a
prévalu.
Il n’y a que peu d’hommes
comme Cantillon. Des millions d’investisseurs se retrouveront ruinés lorsque
la version actuelle de la fraude de Law – les marchés des actions du monde,
basés sur la monnaie fiduciaire – iront inévitablement rejoindre les autres
déchets de l’Histoire.