La réaction de la Sénatrice Dianne Feinstein (D-CA) à l’annonce
de la fouille par la CIA des ordinateurs de la Commission du Sénat sur le
renseignement la semaine dernière en dit long sur l’idée que son font les
élites du gouvernement du reste d’entre nous. « Espionnez ceux-là, mais
pas nous ».
L’hypocrisie de la Sénatrice Feinstein est époustouflante. Elle est la plus fervente
partisante de l’espionnage des citoyens par la NSA, mais dès que l’attention
de cette dernière se trouve tournée vers son équipe, elle se met en colère.
Mais il y a plus encore. A Washington, on a tendance à penser que les lois
votées par le Congrès ne s’appliquent pas à ses Membres. Ils pensent pouvoir
piétiner nos libertés sans jamais affecter la leur.
Souvenez-vous que tout cela a
commencé quand les hommes politiques se sont dépêchés de signer le Patriot Act après le 11
septembre. Ceux d’entre nous qui pensaient qu’attribuer de tels pouvoirs à l’Etat
pourrait un jour se retourner contre nous ont été traités d’alarmistes et de
bien d’autres noms. Les premières violations ont eu lieu alors que nous
présentions nos mises en garde, mais quand nos dirigeants se sont aperçus de
la violation de nos libertés civiles, ils n’ont rien fait pour nous aider. Il
a fallu attendre que des dénonciateurs comme Edward Snowden
nous informent de ces abus pour que le débat autour de la surveillance qu’Obama
a toujours dit vouloir lancer le soit enfin. S’il n’avait été question que de
Dianne Feinstein, Mike
Rogers, et du président Obama, ce débat n’aurait jamais eu
lieu, et nous n’aurions jamais rien su.
Washington se moque de notre
vie privée. Quand des violations sont mises au grand jour, les hommes
politiques se précipitent pour protéger le statu quo plutôt que de défendre
la Constitution. C’est ce qu’a fait la Sénatrice Feinstein
quand les révélations quant à l’espionnage de la NSA ont commencé à peser sur
les épaules de la Commission sur le renseignement. Sa réforme de la NSA n’était
autre qu’un nuage de fumée : sous l’apparence d’une réforme, elle n’aurait
fait que codifier les violations déjà en place. Quand ce fait est devenu trop
évident pour être nié, le Sénat a été forcé de laisser mourir la loi.
Ce qui est intéressant, et
enterré au beau milieu des accusations et des dénégations, est que l’espionnage
de la NSA a eu à voir avec un rapport de 6000 page écrit par la Commission au
sujet de récentes affaires de tortures par la CIA dans « l’archipel »
de prisons secrètes du monde depuis le 11 septembre. Je peux comprendre
pourquoi la CIA ne voudrait pas que ces informations soient dévoilées.
Quand le dénonciateur John Kiriakou a exposé le rôle joué par la CIA dans la torture
de prisonniers, il a été jeté en prison pendant près de trois ans. Mais la
Sénatrice Feinstein et ses collègues n’ont pas
bougé le petit doigt pour l’aider.
L’essence du problème est liée
à la difficulté représentée par la gestion de l’empire américain. Quand le
gouvernement se comporte tel un empire plutôt qu’en tant que république, nous
mentir est chose permise. Il nous espionne parce qu’il n’a confiance en
personne. La solution est simple : mettre un frein à la CIA et l’empêcher
de mener des actions sous couvert. Mettre un frein au gouvernement. Espérons
que la Sénatrice Feinstein finira par se réveiller et
commencera bientôt à nous défendre de ce gouvernement qui nous perçoit de
plus en plus comme ses ennemis.