Un compte non-alloué n’offre pas à un client le droit de réclamer des barres d’or spécifiques, et en fait le créditeur d’une banque commerciale. Tant que le client est satisfait du risque de contrepartie qu’il court, il s’agit là de l’exposition la moins chère qu’il puisse obtenir sur l’or. Du point de vue de la banque, il n’est pas nécessaire de détenir plus d’or que nécessaire pour satisfaire les demandes de retrait des clients. De plus, l’or n’a pas à être acheté, il peut être prêté par une banque centrale et demeurer dans les coffres de la Banque d’Angleterre jusqu’à ce qu’il soit demandé. Il ne fait aucun doute que l’augmentation des quantités d’or déposées dans les coffres de la banque entre 2006 et 2013 reflète entre autres la garantie physique nécessaire au comptes non-alloués qui ont vu leur nombre grimper au cours du marché haussier de 2000-2012.
Par le passé, les risques auxquels faisaient face les banques centrales en cas de hausse du prix de l’or n’étaient pas couverts, ou étaient gérés au travers des produits dérivés grâce notamment aux contrats à terme et aux options. Ainsi, tant que le risque systémique n’est pas perçu comme un facteur matériel, la communauté bancaire d’investissement peut absorber une importante demande en or de la part d’investisseurs en élargissant des comptes non-alloués sans pour autant acheter de métal physique. En revanche, le public prend aujourd’hui peu à peu conscience des risques représentés par les bail-ins, ce qui pourrait changer la donne dans le futur. Et ce n’est pas plus tard que cette semaine que de riches citoyens allemands ont de nouveau été avertis de ce risque lorsque leur gouvernement a approuvé l’introduction de procédures de bail-ins en cas d’insolvabilité des institutions bancaires.
La réalisation de ce risque systémique par les riches et super-riches pourrait alimenter une préférence pour les comptes alloués ou les coffres hors du système bancaire. Ceci étant le cas, le prix de l’or devrait pouvoir grimper plus rapidement que par le passé. Pour justifier cette conclusion, il n’est pas nécessaire de regarder plus loin que les mouvements du prix de l’or de cette semaine, qui ont présenté une forte hausse au moment où les parts des banques européennes chutaient soudainement.
Il n'est pas dit que les revendeurs se rendent comptent de cette nouvelle dynamique. L’augmentation des positions nettes à découvert des banques sur le Comex reflétée par le Rapport de participation bancaire ne le suggère pas.
Il est bien évidemment possible que le marché de l’or se rallie sur une tendance baissière, auquel cas cette analyse devrait être gelée, mais pas oubliée. Ceux qui pensent que le prix de l’or est encore en phase de marché baissier devraient garder à l’esprit que les seules fois que le prix de l’or a été moins cher que la quantité de dollars fiduciaires en circulation était à la fin des années 1960 suite à l’effondrement de la Gold Pool et en 1999/2000, quand la Banque d’Angleterre vendait la moitié de l’or de son pays sur les ordres de Gordon Brown.