Scoop exclusif
pour nos lecteurs
L'American Pychiatric Association met
au jour
un nouveau trouble de la personnalité :
Le daltonisme politique
Par Sasha Suma,
journaliste d’investigation et
spécialiste en ophtalmologie intellectuelle
L'histoire du DSM – Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders-
est celle du progrès de la psychiatrie. Cet outil de diagnostic
édité par l'American Psychiatric
Association ne contenait que 106 troubles lors de sa première
version parue en 1952. Depuis, il n’a cessé d'être revu et
augmenté, dans un effort de démocratisation
des troubles mentaux et des soins psychiatriques. La 4ème
version actuellement en vigueur répertorie plus de 400 troubles. Comme
rien n'arrête l'industrie pharmaceutique le progrès
scientifique, la cinquième version prévue pour mai 2013
comprendra plus de 1000 troubles. Le DSM-V sera, on l'espère,
« un livre pour tous et pour personne », dans lequel chacun
pourra se reconnaître. Il contiendra notamment un nouveau
trouble de la personnalité : le daltonisme
politique.
Nous avons réussi à obtenir en
exclusivité pour nos lecteurs, le brouillon final de
présentation de ce trouble:
DALTONISME POLITIQUE
1. Critère diagnostic unique :
- Absence de perception de la différence entre des choses aussi
éloignées que, par exemple, les prélèvements
obligatoires et le vol, un gouvernement démocratiquement élu et
une bande organisée, ou encore la création monétaire par
des Etats souverains qui ont fait le choix de s’affranchir du joug de
l’étalon-or, et le faux-monnayage.
2. Caractéristiques associées :
- Recours excessif à la logique et aux faits aux dépens
de l’intelligence émotionnelle et de la compassion.
- Rigidité mentale assortie d’une
imperméabilité à l’influence de l’entourage,
et mépris du consensus et de l’avis des experts
- Réticence à toute dialectique et refus
d’admettre que « A n’est pas égal à
A », ou
que les dépenses publiques permettent de relancer
l’économie en temps de crise.
- Asthénie politique causée par le refus de
reconnaître qu’une volonté sociale permet de
s’affranchir des lois de la nature.
- Déni du trouble. Le sujet a une bonne image de lui-même
et rationalise son trouble qu’il désigne par des termes
valorisants, comme « libéralisme » ou
« libertarianisme ». Il
estime avoir un « mode de vie alternatif » et se
réclame d’une « culture différente ». Ce
faisant, il a recours à la même stratégie que les
personnes souffrant de troubles alimentaires (mouvement « pro-ana ») ou de troubles du spectre
autistique (mouvement « pro-neurodiversité »).
- Tendance grégaire
à s’organiser en groupes désignés par des noms
flatteurs ( « think-tank »
ou
« cercle » «
libéral »), mais qui sont de fait des associations de
malades où les moins atteints essayent de montrer aux plus atteints,
des nuances que ceux-ci sont incapables de percevoir (phénomène
appelé : « débat entre minarchistes
et anarcho-capitalistes »).
3. Comorbidité :
Plusieurs troubles se trouvent souvent associés à celui
de daltonisme politique :
- Trouble de la personnalité narcissique : le sujet
considère que le monde entier devrait tourner autour de lui et de sa
propriété.
- Troubles obsessionnels : le sujet est obsédé par
certains thèmes récurrents (« précautionnisme »,
« libération fiscale »…).
- Schizophrénie larvée, ou torpide.
Ce diagnostic peut être posé dans les cas ou au moins l’un
des deux traits suivants est manifesté:
a) Croyance en des
entités imaginaires comme le « droit naturel ».
b) Refus de
reconnaître que l'homme est entièrement mû par des
influences extérieures à sa volonté.
4. Diagnostic différentiel :
Certains diagnostics, quoiqu’apparemment proches, sont
incompatibles avec celui de daltonisme politique. Celui-ci implique une
exclusion des comportements hétéro-agressifs, et ne saurait
donc être compatible avec un diagnostic de trouble de la
personnalité antisociale.
5. Traitement et pronostic :
Hormis les médicaments préconisés pour les
troubles associés mentionnés ci-dessus, aucun traitement
spécifique du daltonisme politique n'existe à ce jour.
En raison de la ténacité du trouble et de
l’imperméabilité des sujets aux techniques classiques
d’intimidation et de terrorisme intellectuel, le pronostic est
réservé. Les chances de guérison sont quasi nulles. Tout
au plus peut-on espérer une atténuation des symptômes
avec l’âge (syndrome Robert Nozick).
Note de l’auteur : contrairement à ce que
l’on pourrait penser à la lecture de cet article et du précédent, je n’ai
rien contre les psychiatres. J’en ai même entretenu quelques-uns
pendant plusieurs années (comme ils avaient leur fierté, je
devais faire semblant d’être leur patiente).
|