Mes chères contrariennes, mes chers contrariens !
Il est très important d’essayer de se forger une opinion aussi juste que possible de la réalité de la croissance américaine que l’on cherche à nous vendre presque avec désespoir.
Mon point de vue est que malgré les milliards de milliards de dollars qui ont été créés et déversés dans l’économie américaine, la reprise économique n’a pas été au rendez-vous. Certes cela a permis d’empêcher provisoirement une immense dépression dont l’ampleur aurait été égale au moins à celle de 1929 si ce n’est pire, mais point de relance véritable. Point de reprise économique durable. Point de croissance saine et auto-entretenue autrement que par une accumulation de nouvelles dettes, ou de nouvelles bulles spéculatives.
L’augmentation du dollar est équivalente à une énorme augmentation des taux d’intérêt et va freiner l’expansion économique.
Retenez ceci. Dans les 9 derniers mois, le dollar s’est apprécié de 25 % ! Rien de moins. Il est bien sûr plus que difficile pour les entreprises d’augmenter leur productivité de 25 % en 9 mois pour maintenir leurs parts de marché à l’étranger. Conclusion ? Le made in America devient 25 % plus cher. Logiquement le made in China, lui, est devenu mécaniquement 25 % moins cher ainsi évidemment que le made in Europa.
Il n’y a pas là de quoi anticiper une croissance très forte aux États-Unis pour 2015. D’ailleurs, la FED d’Atlanta – qui est l’une des banques centrales régionales comme la FED de Saint-Louis par exemple et dont les chiffres ou les prévisions sont bien plus justes que ce que l’on vous raconte par ailleurs, sachez que les vrais chiffres existent, il suffit juste de savoir ou aller les chercher – ne s’y trompe pas.
Une prévision de croissance de 0,1 % !
Vous trouverez ci-dessous le texte exact de la FED d’Atlanta que je vous laisse volontiers lire pour nos camarades comprenant l’anglais. Pour tous les autres, ce texte peut se résumer de la façon suivante.
Le modèle de prévision de croissance du PIB fait apparaître une prévision de croissance annualisée du PIB américain de… 0,1 % !
Mazette, pour de la croissance et de la reprise forte, vous en conviendrez, il vaut mieux repasser !!
Vous avez même un beau graphique qui vous montre comment les prévisions sont orientées d’ailleurs à la baisse depuis quelques mois et que ce n’est donc évidemment pas une surprise.
Pourtant, invariablement, lorsque j’explique cela, on me fait passer pour un abruti en concluant par un lapidaire et indiscutable « mais non, voyons, la croissance aux USA est bien là ! Vous ne pouvez pas dire le contraire »… Eh bien si !
« Latest forecast. The GDPNow model forecast for real GDP growth (seasonally adjusted annual rate) in the first quarter of 2015 was 0.1 percent on April 2, up from 0.0 percent on April 1. Following this morning’s international trade release from the U.S. Census Bureau, the nowcast for the change in real net exports in 2009 dollars increased from -40 billion to -33 billion. The nowcast for real equipment investment growth declined from 7.5 percent to 6.1 percent following the international trade report and the Census Bureau’s M3 manufacturing report ».
Source Federal Reserve Atlanta ici
Oui mais aux États-Unis, le chômage baisse…
Et même que c’est pour ça qu’il faut « absolument » flexibiliser encore plus le marché du travail qui est « trop rigide » comme chacun sait… Il n’y a pas « d’alternative » ! Sauf que tout cela est bidon !
Bidon comme la réalité fantasmée de la reprise US. Certes le nombre de bénéficiaires des food stamps (le programme d’aide alimentaire pour les plus pauvres) n’augmente plus, voire même baisse enfin très légèrement, mais se maintient très largement au-dessus des 45 millions, ce qui est colossal et matérialise une misère devenue la norme.
Mais au-delà, lorsque vous creusez les chiffres du chômage, ils sont très mauvais. Mauvais car les boulots créés sont de très mauvaise qualité (temps partiel et mal payés), mais là n’est pas l’essentiel, car l’essentiel se cache dans ce que l’on appelle « le taux de participation à la population active ».
Comme vous pourrez le voir sur ces graphiques, jamais depuis 1978, la population active n’a été aussi faible aux États-Unis. La raison est simple. Les gens par millions, ici nous parlons tout de même de 93 millions d’Américains, savent qu’ils sont tout simplement exclus et définitivement du monde du travail. Pour faire baisser le nombre de chômeurs, il suffit de faire disparaître de la population active tous ceux qui cherchent du travail…