Dans cette vidéo promotionnelle de Blackrock , nous avons l’exemple d’une communication hautement maîtrisée qui répond en tout point à ce nouveau rôle qui est supposé engagé ce genre d’entreprises dans le bien-être social et sociétal. (Possible d’activer les traductions). Dans une convergence parfaite, cette com correspond à ce qui est décrit ci-dessous.
Le monde de la haute finance a pris l’ascendant sur les Etats. Et ceci n’est pas le fruit du hasard.
Dans le livre Coup d’Etat planétaire, nous avons livré deux précieux discours de 2 présidents des Etats-Unis d’Amérique. Et il y est clairement annoncé un Nouveau Monde, issu d’une mondialisation menée par le monde des affaires, et ce dès la 2ème guerre mondiale. Ce monde décrit semble si idéaliste et paradisiaque que nous l’avons présenté en tant que messianique.
La 2ème guerre mondiale n’était pas achevée que M Roosevelt livrait à la planète une vision dotée de four freedoms qui sont 4 libertés existentielles:
« Dans l’avenir, que nous cherchons à rendre sûr, nous attendons avec impatience un monde fondé sur les quatre libertés humaines essentielles. »
La première est la liberté de parole et d’expression – partout dans le monde.
La deuxième est la liberté pour chacun d’adorer Dieu comme il l’entend – partout dans le monde.
La troisième, c’est d’être libéré du besoin – ce qui, traduit au niveau mondial, signifie des accords économiques qui garantiront à chaque nation une vie saine et paisible, pour ses habitants – partout dans le monde.
La quatrième, c’est d’être libéré de la peur – ce qui, traduit au niveau mondial, signifie une réduction mondiale des armements, à un tel point et de manière si poussée qu’aucune nation ne sera en mesure de commettre une agression matérielle contre ses voisins – partout dans le monde. ». (Extrait du chapitre Aux origines, une mondialisation messianique, chapitre 5 de Coup d’Etat planétaire)
Le deuxième discours essentiel au Nouveau Monde et qui en constitue un pilier fondateur est celui du président Truman. Celui-ci fait la part belle au développement.
« Ce concept de développement va être inauguré par le président Truman en 1949 dans le cadre du discours d’investiture de son deuxième mandat à la Maison blanche. La vision de celui-ci reprenait et prolongeait les four freedoms, vus précédemment, au travers de quatre axes supplémentaires.
La réforme économique et sociale du Fair Deal fait suite au New Deal en ajoutant une touche sociale, insistant sur les droits civils, la santé, l’aide sociale, l’éducation, la protection des bas salaires, le logement, etc. Elle imprègnera l’allocution de la réélection de M Truman à la Maison Blanche le 20 janvier 1949. Le président va insister sur le thème de la pauvreté. Le 4ème point de son exposé va être très médiatisé. Il y fait évoluer le messianisme de Roosevelt vers un messianisme économique, voire consumériste :
« Quatrièmement, il nous faut lancer un nouveau programme qui soit audacieux et qui mette les avantages de notre avance scientifique et de notre progrès industriel au service de l’amélioration et de la croissance des régions sous-développées. Plus de la moitié des gens de ce monde vivent dans des conditions voisines de la misère. Leur nourriture est insatisfaisante. Ils sont victimes de maladies. Leur vie économique est primitive et stationnaire. Leur pauvreté constitue un handicap et une menace, tant pour eux que pour les régions les plus prospères. Pour la première fois de l’histoire, l’humanité détient les connaissances techniques et pratiques susceptibles de soulager la souffrance de ces gens.
Les Etats-Unis occupent parmi les nations une place prééminente quant au développement des techniques industrielles et scientifiques. Les ressources matérielles que nous pouvons nous permettre d’utiliser pour l’assistance à d’autres peuples sont limitées. Mais nos ressources en connaissances techniques – qui, physiquement, ne pèsent rien – ne cessent de croître et sont inépuisables.
Je crois que nous devrions mettre à la disposition des peuples pacifiques les avantages de notre réserve de connaissances techniques afin de les aider à réaliser la vie meilleure à laquelle ils aspirent. Et, en collaboration avec d’autres nations, nous devrions encourager l’investissement de capitaux dans les régions où le développement fait défaut.
Notre but devrait être d’aider les peuples libres du monde à produire, par leurs propres efforts, plus de nourriture, plus de vêtements, plus de matériaux de construction, plus d’énergie mécanique afin d’alléger leurs fardeaux.
Nous invitons les autres pays à mettre en commun leurs ressources technologiques dans cette opération. Leurs contributions seront accueillies chaleureusement. Cela doit constituer une entreprise collective à laquelle toutes les nations collaborent à travers les Nations unies et ses institutions spécialisées pour autant que cela soit réalisable. Il doit s’agir d’un effort mondial pour assurer l’existence de la paix, de l’abondance et de la liberté.
Avec la collaboration des milieux d’affaires, du capital privé, de l’agriculture et du monde du travail de ce pays, ce programme pourra accroître grandement l’activité industrielle des autres nations et élever substantiellement leur niveau de vie. Ces développements économiques nouveaux devront être conçus et contrôlés de façon à profiter aux populations des régions dans lesquelles ils seront mis en œuvre. Les garanties accordées à l’investisseur devront être équilibrées par des garanties protégeant les intérêts de ceux dont les ressources et le travail se trouveront engagés dans ces développements.
L’ancien impérialisme – l’exploitation au service du profit étranger – n’a rien à voir avec nos intentions. Ce que nous envisageons, c’est un programme de développement fondé sur les concepts d’une négociation équitable et démocratique.
Tous les pays, y compris le nôtre, profiteront largement d’un programme constructif qui permettra de mieux utiliser les ressources humaines et naturelles du monde. L’expérience montre que notre commerce avec les autres pays s’accroît au fur et à mesure de leurs progrès industriels et économiques.
Une production plus grande est la clef de la prospérité et de la paix. Et la clef d’une plus grande production, c’est une mise en œuvre plus large et plus vigoureuse du savoir scientifique et technique moderne.
Ce n’est qu’en aidant ses membres les plus défavorisés à s’aider eux-mêmes que la famille humaine pourra réaliser la vie décente et satisfaisante à laquelle chacun a droit.
Seule la démocratie peut fournir la force vivifiante qui permettra de triompher non seulement de leurs oppresseurs mais aussi de leurs ennemis de toujours : la faim, la misère et le désespoir.
C’est sur la base de ces quatre principaux trains de mesures que nous espérons contribuer à créer les conditions qui, finalement, conduiront toute l’humanité à la liberté et au bonheur personnels ». » (Extrait de Coup d’Etat planétaire)
Ces deux discours sont officiels et répertoriés dans les bibliothèques universitaires de la planète. Ils sont fondateurs d’un projet de restructuration de la planète qui vont être soutenus par l’ensemble des Etats, et leurs partenaires du monde du business dont le centre névralgique est celui de la haute finance globalisée. Les ONG qui comptent y seront associées par la suite.
Au fil des années, le monde des affaires décrit par M Truman, au sein duquel on peut recenser les industriels de l’énergie, des hydrocarbures, de l’armement, etc., est devenu viscéralement dépendant de la haute finance par les effets concomitants de sa financiarisation et de son haut niveau d’endettement.
Côté pays, le développement est phagocyteur de capitaux que le monde des affaires utilise dans des projets utiles et inutiles contre endettement public et privé. Au fait ces capitaux d’investissements ne sont autres que ceux de l’épargne nationale (personnelle, retraite) que les populations actives de la planète ont été « légalement » forcées, ou pas, de mettre à disposition d’organismes supposés publics. En réalité, ils ne sont que l’interface entre les populations locales et la haute finance internationale.
Et pour aller les investir hors de leurs pays d’origine, les gouvernants se mettent en partenariat avec les représentants de la finance globale dont Blackrock n’est qu’une face parmi bien d’autres.
L’urgence climatique est dans ce contexte un formidable accélérateur de la mutation de l’environnement qui se fait via des investissements verts qui font le consensus des promoteurs du Nouveau Monde. Dans les faits, ils sont portés par les plus grands pollueurs de la planète.
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Forts de ce qui précède, un texte émanant du patron de l’établissement qui organise les rencontres de Davos, le World Economic Forum (WEF), illustre la convergence des points de vue de cet organisme avec les stratégies édictées par les présidents américains.
Le patron du WEF, Klaus Schwab, vante un objectif universel de l’entreprise à la fois humaniste, financièrement ambitieuse, et impliquée dans la gestion des territoires locaux.
« iv. Une entreprise est au service de la société dans son ensemble à travers ses activités. Elle soutient les communautés dans lesquelles elle travaille et s’acquitte des impôts qui sont dus. Elle garantit une utilisation sûre, éthique et efficace des données. Elle agit en qualité de garant de l’univers environnemental et matériel des générations à venir. Elle protège consciemment notre biosphère et se fait le défenseur d’une économie circulaire, commune et régénérative. Elle s’attelle à toujours repousser les limites de la connaissance, de l’innovation et de la technologie pour améliorer le bien-être de chacun. » (Klaus Schwab)
Portées par les organismes supranationaux (ONU, FMI, OMC, etc. eux aussi fondés au lendemain de la 2ème guerre mondiale), les visions de MM Roosevelt et Truman sont en cours de réalisation.
Atomisation, privatisation et corporatisation de l’espace public sont en cours de finalisation.
Reste l’opinion publique, mais ceci est un autre sujet.
Liliane Held-Khawam
Manifeste de Davos 2020: L’objectif universel d’une entreprise dans la Quatrième Révolution Industrielle. Klaus Schwab
A. Une entreprise a pour objectif d’impliquer tous ses partenaires dans la création d’une valeur commune et pérenne. Pour ce faire, l’entreprise doit répondre non seulement aux besoins de ses actionnaires, mais également des autres acteurs qu’elle implique : employés, clients, fournisseurs, communautés locales et la société dans son ensemble. Le meilleur moyen de comprendre et d’harmoniser les intérêts divergents consiste à susciter un engagement commun en faveur de politiques et de décisions qui renforcent la prospérité de l’entreprise à long terme.
i. Une entreprise est utile à ses clients dès lors qu’elle leur apporte une proposition de valeur qui répond au mieux à leurs besoins. Elle accepte et encourage la concurrence loyale et les règles du jeu équitables. Elle ne tolère pas la corruption. Elle assure la fiabilité et le sérieux de son écosystème numérique d’intervention. Elle communique à ses clients toutes les informations relatives à la fonctionnalité de ses produits et services, y compris leurs implications indésirables ou aspects externes négatifs.
ii. Une entreprise traite son personnel avec dignité et respect. Elle respecte la diversité et cherche toujours à améliorer les conditions de travail et le bien-être des employés. Dans notre monde en constante évolution, l’entreprise favorise le maintien de l’aptitude à l’emploi en permettant l’acquisition de nouvelles compétences ou l’adaptation à la formation continue.
iii. Une entreprise considère ses fournisseurs comme de véritables partenaires de création de valeur. Elle laisse une chance équitable aux nouveaux entrants sur le marché. Elle intègre le respect des droits de l’homme à l’ensemble de la chaîne logistique.
iv. Une entreprise est au service de la société dans son ensemble à travers ses activités. Elle soutient les communautés dans lesquelles elle travaille et s’acquitte des impôts qui sont dus. Elle garantit une utilisation sûre, éthique et efficace des données. Elle agit en qualité de garant de l’univers environnemental et matériel des générations à venir. Elle protège consciemment notre biosphère et se fait le défenseur d’une économie circulaire, commune et régénérative. Elle s’attelle à toujours repousser les limites de la connaissance, de l’innovation et de la technologie pour améliorer le bien-être de chacun.
v. Une entreprise fournit à ses actionnaires un retour sur investissement qui tient compte des risques entrepreneuriaux engagés et de la nécessité d’innover et d’opérer des investissements durables en continu. Elle assure une gestion responsable de la création de valeur à court, moyen et long terme en vue de produire des rendements durables pour les actionnaires sans toutefois privilégier le présent au détriment du futur.
B. Une entreprise est plus qu’une simple entité économique qui génère des richesses. Elle répond à des aspirations humaines et sociétales dans le cadre du système social général. Ses performances doivent être mesurées non seulement en termes de retour pour les actionnaires, mais également de réalisation des objectifs environnementaux, sociaux et de bonne gouvernance. La rémunération des dirigeants devrait prendre en compte leurs responsabilités vis-à-vis de tous les acteurs impliqués.
C. Une entreprise dont les activités s’étendent à l’international est non seulement au service de tous les acteurs directement impliqués, mais agit elle-même en qualité de participante (avec les gouvernements et la société civile) – à notre avenir global. La conscience sociale mondiale exige de l’entreprise qu’elle exploite ses compétences fondamentales, son dynamisme commercial, ses aptitudes et ses ressources compétentes pour contribuer aux efforts de collaboration déployés avec d’autres entreprises et “stakeholders” en vue d’améliorer l’état du monde.
Source: WEF
Commentaire du billet de M Schwab. LHK
Ce rôle du monde des affaires dans, entre autres, l’écologie, le social ou le sociétal, fait référence directement aux objectifs de Développement durable promus par les instances supranationales, et leurs sponsors.
https://lilianeheldkhawam.com/2019/10/23/depossession-la-2eme-contrainte-qui-sabote-les-etats-le-lobbying/
Le texte de M Schwab est un bijou en matière de management d’entreprise qui rappelle de manière impressionnante le modèle que nous avons défendu dans un livre publié en 2002, « Management par le Coaching, ou le cadre à la recherche de ses repères », à la différence près et essentielle c’est que dans un cas on évolue dans un cadre de développement de l’entreprise dans un cadre défini par des autorités et que dans l’autre, il est question d’entreprises qui ont des responsabilités dans la gestion, y compris sociétales, de territoires en principe publics.
De fait, le modèle du WEF laisse peu de place aux « autorités nationales et/ou publiques », ce qu’il nous était impossible d’envisager dans les années 90-2000.
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