Mes chères contrariennes, mes chers contrariens !
Métaux précieux : le fixing de l’argent à Londres s’arrêtera le 14 août prochain. Et si, pour que le cours des métaux précieux ne s’envole, on arrêtait tout simplement de fixer leur cours ?
C’était le titre de l’un des articles du Contrarien Matin de la fin de la semaine dernière. Voici ce que j’écrivais :
« C’est une dépêche de l’AFP qui nous a appris que le comité en charge de la fixation des prix de l’argent métal (le London Silver Market Fixing Limited), et dont les membres officiel de ce «cartel» sont la Deutsche Bank, HSBC et Scotiabank, cessera de fournir cette cotation le 14 août prochain.
Aucune raison officielle n’a été évoquée par le comité qui a laconiquement indiqué dans son communiqué que «la période jusqu’au 14 août 2014 permettra au marché de s’ajuster en concertation avec les clients et les participants du marché».
Seule réaction, celle de la London Bullion Market Association (pour l’or et l’argent) qui a fait part de sa «bonne volonté pour aider aux discussions entre les participants au marché dans le but d’explorer si le marché souhaite développer une alternative au fixing londonien de l’argent».
N’oublions pas non plus que la Deutsche Bank avait fait part en janvier dernier de sa volonté de se retirer du processus de fixation des prix de l’or et de l’argent sur fond d’enquête des autorités financière concernant de forts «soupçons» d’opérations de manipulation des cours sur les métaux précieux.
Du coup, cette nouvelle m’a fait penser à une hypothèse qui traînait dans un coin de ma tête depuis quelques années.
En effet, en cas d’envolées spectaculaires non voulues par les banques centrales et les gouvernements par exemple, la meilleure façon d’empêcher les cours de monter c’est tout simplement d’arrêter de coter l’or et l’argent !
Comme sur le marché français où l’or avait sa cotation jusqu’au milieu des années 90 officielle à la Bourse de Paris, son arrêt a conduit le marché de l’or local (français) à rentrer dans une forme de semi-clandestinité puisque tout le monde peut coter l’or comme bon lui semble… Résultat : un marché opaque n’inspirant souvent pas vraiment confiance d’où une défiance des gens et une marginalisation évidente de l’or comme placement populaire ces 20 dernières années, même si avec la crise depuis 2007 les choses évoluent plutôt favorablement pour les épargnants. »
Pour le moment, sachons raison garder !
Si en tant que contrarien je peux, comme vous, être prompt à voir « le mal » partout et à ne pas forcément prêter de bonnes intentions à ceux qui nous dirigent qu’ils soient politiques ou financiers, il est pour le moment trop tôt pour savoir concrètement ce qu’il va se passer.
Imaginons que l’argent métal ne soit plus l’objet d’une cotation officielle, il n’en restera pas moins vrai que des industriels auront toujours besoin de ce métal, que les compagnies minières continueront à extraire ce qu’il reste d’argent dans le sol de notre planète, que des entreprises qui frappent des pièces et des monnaies en argent ayant cours légal continueront à le faire, etc., etc. Donc la première chose que nous pouvons tenir pour sûr c’est que la fin éventuelle du fixing n’a rien à voir avec la fin d’un marché mondial et presque aussi vieux que l’humanité. Il en serait de même avec l’or.
Ensuite, l’arrêt du fixing à Londres ouvrirait grand la porte et un boulevard aux bourses asiatiques au premier rang desquelles on trouve évidemment la Chine, qui se ferait très certainement un malin plaisir à devenir « market maker », c’est-à-dire « teneur de marché », sur l’argent métal et pourquoi pas le plus vite possible également sur l’or. Dès lors, ce serait en partie la fin des manipulations que nous pouvons constater depuis des décennies sur l’or et cela pourrait ne pas arranger du tout les Américains et d’une façon générale le monde anglo-saxon de la finance.
Il ne faut pas oublier qu’après tout, cela est avant tout la faute d’une banque allemande engluée dans plusieurs scandales et qui cherche par tous les moyens à se débarrasser pour des raisons de risques qu’elle n’est plus en mesure d’assumer cette activité de teneur de marché sur l’argent métal. La Deutsche Bank cherche donc à vendre, sans succès, sa participation dans ce cartel. Hélas, personne n’en veut, ce qui est assez logique si l’on part du principe que tout repose sur une vaste triche, pour ne pas parler d’une franche escroquerie.
Les seuls qui pourraient avoir intérêt à reprendre cette activité est évidement le cartel qui a pour tâche actuellement de coter l’or et d’en « coiffer » le prix. Ils n’ont cependant aucune raison objective de faire un chèque à la Deutsche Bank qui les laisse tomber en rase campagne, alors que les Allemands aillent au diable, passent leur provision pour cette activité et prennent leurs pertes ! Rien ne les empêchera alors de coter eux-aussi l’argent métal et de faire un fixing !
Je pense plus raisonnablement que nous nous orienterons vers ce type de solution au courant de l’été et dans les 3 mois qui viennent.
Se préparer à toutes les éventualités
En attendant, comme nous le faisons chez AuCOFFRE.com, je vous conseille d’envisager toutes les éventualités possibles et de vous y préparer. Ceux qui ont investi massivement sur l’argent métal peuvent, s’ils sont en bénéfices, peut-être réduire leur position si cela les rend moins nerveux. Néanmoins, paradoxalement je pense que si l’argent n’est plus coté officiellement et donc manipulé, son cours montera d’autant plus vite. Tout au plus risquons-nous d’avoir quelques mois un peu difficiles, le temps que le marché se réorganise et que la liquidité soit réelle. En clair, le problème risque plus d’être sur la liquidité que sur la valeur. Vous devez donc dans un « worse case scénario » (« cas le pire ») envisager que votre argent ne soit pas négociable pendant quelques semaines (je n’y crois cependant pas trop car l’argent est avant tout une matière première indispensable à de trop nombreuses industries technologiques de pointe).
Préparez-vous donc au pire et espérez le meilleur. C’est encore une fois la « devise » des contrariens qui doit s’appliquer. Mais envisager les choses ne veut pas dire paniquer. Encore une fois, les « autorités » mondiales nous ont montré qu’elles faisaient tout pour empêcher le système de s’effondrer. Elles ne prendront donc pas a priori de décisions totalement suicidaires.
Je voulais également attirer votre attention sur le fait que la fin d’un fixing ne veut pas dire la fin d’une cotation. Une organisation quelconque pourrait même se mettre à coter l’argent différemment et introduire du temps réel en remplacement de ces fixing opaques et totalement anachroniques surtout sur des marchés en volumes de transactions aussi importants.
Le fond du problème
Comme je viens de vous l’expliquer, je pense que, dans cette histoire, le fond du problème ce sont les difficultés financières de la Deutsche Bank et que les autres membres du « cartel argent » ne veulent pas aller plus loin dans leur implication d’où le blocage et la décision de tenter de sortir de tout cela en bon ordre et pourquoi pas en « perdant » avantageusement quelques documents incriminant au passage.
Tout cela devrait donc se régler dans un délai assez court et vraisemblablement sans laisser la possibilité aux pays concurrents des USA comme la Chine ou la Russie de prendre en charge ce type de flux financiers.
Je resterai très vigilant sur ce sujet et je ne manquerai pas de vous tenir informé régulièrement dans les colonnes du Contrarien Matin. En attendant, il est « urgent d’attendre » et si vous reprenez les cours du métal argenté, cette annonce n’a provoqué aucune réaction particulière.
Préparez-vous et restez à l’écoute.
À demain… si vous le voulez bien !!
Charles SANNAT
« À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes »