L’or pourrait poursuivre sa hausse alors que la croissance
mondiale ralentit, que la volatilité des marchés actions reste importante et
en raison des attentes d’un ralentissement du rythme de resserrement de la
vis monétaire aux États-Unis par la FED, d’après un gestionnaire de BlackRock
qui affirme que le métal jaune offre une assurance efficace.
« Les craintes de récession sont probablement exagérées, mais je
pense que nous assistons à un ralentissement », a écrit Russ
Koesterich, gestionnaire du fonds de 60 milliards BlackRock Global Allocation
Fund, à l’occasion d’une interview. Il a cité le ralentissement économique aux
États-Unis, en Chine et en Europe pour justifier sa position. Si BlackRock
n’a pas défini d’objectif en termes de prix, il a augmenté son exposition à
l’or durant ces 3 derniers trimestres via les ETF.
Le cours de l’or a bondi en décembre alors que les marchés actions
mondiaux enregistraient leur pire performance mensuelle depuis la crise
financière. Les investisseurs se sont mis à se faire du souci en raison de
signes de faiblesse économique dans les grandes puissances du monde,
notamment en Chine (guerre commerciale avec les États-Unis). D’autres
incertitudes politiques, telles que le Brexit et la fermeture de certains
services publics américains, ont également dopé l’attrait des valeurs
refuges.
« Nous sommes constructifs sur l’or », a déclaré
Koesterich vendredi dernier à l’occasion d’une interview téléphonique.
« Nous pensons qu’il s’agira d’une assurance précieuse pour tout
portefeuille. Nous investissons dans toutes les classes d’actifs. Nous
envisageons donc ses effets sur l’intégralité d’un portefeuille. Et en ce
moment, nous percevons l’intérêt d’avoir de l’or dans une stratégie de
diversification. »
Le prix de l’or grimpe
Le prix de l’or sur les marchés à terme du Comex a grimpé de 7,1 % durant
le dernier trimestre 2018 alors que les ETF ajoutaient du métal à leurs
stocks. Les cours ont poursuivi leur hausse durant les premières sessions de
l’année 2019 pour atteindre 1300 $ l’once vendredi. Le prix est ensuite
quelque peu parti à la baisse après la publication des chiffres de l’emploi
américain. Il a clôturé à 1293 $.
La FED a relevé son taux directeur à 4 reprises en 2018. Les investisseurs
tentent de deviner combien de relèvements auront lieu cette année. Vendredi,
le président de la FED a indiqué que les hausses de taux pourraient être
mises en pause en cas de fléchissement de l’économie américaine. Une FED plus
dépendante des chiffres, en combinaison avec une détérioration substantielle
de ceux-ci, pourrait faire baisser le dollar selon Goldman Sachs.
Tandis que le dollar et les taux pourraient être confinés dans un écart
restreint, une telle configuration pourrait profiter au métal jaune, d’après
Koesterich.
« Pendant la majorité de l’année dernière, deux choses ont joué
en défaveur de l’or, à savoir la hausse des taux et la vigueur du dollar, soit
le résultat de la politique de relèvement des taux de la FED. Si cette
tendance devait s’arrêter, cela minimiserait ou supprimerait les deux vents
contraires qui ont fait du tort au métal durant les 9 premiers mois de
l’année 2018. »
Les investisseurs suivent de près la fermeture partielle des services
publics américains, désormais dans leur 3e semaine, alors que le président
Trump républicain et les démocrates sont toujours dans une impasse sur le
dossier du financement de la sécurité aux frontières. Si le blocage n’est pas
suffisamment significatif pour pénaliser l’économie ou les marchés, il
pourrait à terme miner la confiance, selon Koesterich.
« Cette fermeture a lieu dans un contexte général d’incertitude
politique, de tensions commerciales », a déclaré Koesterich.
« La relation entre les incertitudes, la volatilité des marchés et
la performance relative de l’or est à suivre. Le métal jaune est une réserve
de valeur depuis longtemps, le passé montre qu’il a très régulièrement permis
de réduire le risque lorsque la volatilité augmente. »
Article de Bloomberg, publié le 7 janvier 2019