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Ce que je crois

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Extrait des Archives : publié le 23 mai 2013
1890 mots - Temps de lecture : 4 - 7 minutes
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Les Questions d'économie politique et de droit public (1961) sont composées de deux volumes d'essais et d'articles écrits entre 1845 et 1861. Ils couvrent des sujets tels que la liberté d'expression, le libre-échange, l'offre privée de sécurité, le droit de la guerre, et la propriété intellectuelle.


Dans cette introduction, Molinari donne un résumé très clair de ses idées et de leur évolution depuis son arrivée à Paris en 1840. Il a exercé une activité de journaliste économique, il a vécu un exil volontaire en Belgique après le coup d’état ​​de Louis Napoléon et s’est consacré au travail d’économiste universitaire à Bruxelles dans les années 1850 avant de revenir à Paris. Mais comme il l’affirme lui-même, pendant toute cette période son « Credo » est resté le même, à savoir une ferme croyance dans « la Liberté et la Paix ».


Dans la première partie de l’introduction, Molinari formule les principes sur lesquels repose l’organisation naturelle de la société, et les conditions nécessaires de tout développement, de tout progrès social : La liberté et la propriété. L’homme qui possède des valeurs est investi du droit naturel d’en user et d’en disposer selon sa volonté. Les valeurs possédées peuvent être détruites ou conservées, transmises à titre d’échange, de don ou de legs. A chacun de ces modes d’usage, d’emploi ou de disposition de la propriété correspond une liberté. La liberté : du travail, de l’enseignement, du commerce, de gouvernement, des associations, du crédit, de la charité, des cultes, des théâtres, des inventions. Il désigne les adversaires de la liberté : Les privilégiés, les socialistes et les interventionnistes.


La deuxième partie de l’introduction est particulièrement remarquable. Molinari y décrit les deux stratégies possibles que les défenseurs de la liberté pourraient adopter dans leur lutte. Dans son esprit, il y a deux écoles de pensée à ce sujet, il y a « l’école de la force » et « l’école de la persuasion », et il plaide avec vigueur en faveur de la seconde. Les 70 dernières années de guerres et de révolutions ont montré que, malgré leurs griefs légitimes, ceux qui utilisent la violence pour mettre un terme à l’oppression par l’État, obtiennent des bénéfices très inférieurs au prix à payer en termes de destruction des biens et des vies. La conclusion de Molinari est claire : « Nous repoussons de toute notre énergie l’intervention de la force pour imposer les idées; nous nous en tenons à l’emploi exclusif de la persuasion pour les faire accepter. »


Enfin, dans une troisième partie, il définit la tâche des amis du progrès : elle doit consister uniquement à détruire les entraves que des intérêts étroits et égoïstes, des passions aveugles ou des préjugés à courte vue ont opposés depuis des siècles à la liberté et à la propriété. Il faut restituer aux hommes la liberté de travailler, de s’associer, d’échanger, de prêter, de donner, la libre jouissance et la libre disposition de leurs propriétés, en empêchant simplement les uns d’empiéter sur la liberté et sur la propriété des autres, et pour éviter d’attenter à la liberté et à la propriété sous prétexte de les garantir, en se bornant à réprimer les atteintes qui y sont portées.

Note : [VI] pagination originale; *mot* en italiques.



I

En réunissant quelques travaux publiés dans une période de quinze années en France, en Belgique et en Russie, nous nous sommes proposé pour but d’aider à la démonstration d’une vérité que la science économique a commencé à mettre en lumière, mais qu’elle n’a point réussi encore à vulgariser, savoir que les sociétés humaines s’organisent, se développent et progressent d’elles-mêmes, en vertu de lois inhérentes à leur nature; qu’il suffit, en conséquence, de laisser les individualités dont elles se composent pleinement libres de déployer leur activité, d’user et de disposer à leur guise des produits créés et des capitaux accumulés en les déployant, en d’autres termes de respecter et de [vi] faire respecter la liberté et la propriété de chacun pour que le progrès s’accomplisse aussi largement et aussi rapidement que possible.


La liberté et la propriété, telles sont donc les bases sur lesquelles repose l’organisation naturelle de la société, et les conditions nécessaires de tout développement, de tout progrès social.


D’où il résulte que l’œuvre des amis du progrès doit consister uniquement à dégager la liberté des entraves artificielles qui la restreignent dans l’ordre matériel, intellectuel et moral, à affranchir la propriété des servitudes qui l’entament ou des charges qui la grèvent, en sus de ce qui est rigoureusement nécessaire pour assurer sa conservation.


Cette œuvre est, au surplus, beaucoup plus vaste et plus difficile que ne le supposent ceux qui prennent le mot liberté dans l’acception étroite et fausse que lui ont donnée les partis politiques; ceux encore qui s’en tiennent aux définitions que les codes ont formulées de la propriété et aux limites arbitraires et variables que les législateurs lui ont marquées.


La liberté embrasse, en effet, toute la vaste sphère où se déploie l’activité humaine. C’est le droit de croire, de penser et d’agir, sans aucune entrave préventive, sous la simple condition de ne point porter atteinte au [vii] droit d’autrui. Reconnaître les limites naturelles du droit de chacun, et réprimer les atteintes qui y sont portées, en proportionnant la pénalité au dommage causé par cet empiétement sur le droit d’autrui, telle est la tâche qui appartient à la législation et à la justice, et la seule qui leur appartienne.


La propriété qui n’est, en quelque sorte, que la condensation de l’activité humaine, se manifeste comme la liberté dans l’ordre moral, intellectuel et matériel. Il suffit de même de la reconnaître dans ses limites, en la grevant simplement des frais nécessaires pour la garantir.


Or, si nous examinons les sociétés qui se disent ou se croient le plus libres et où la propriété passe pour être le mieux respectée, quel spectacle frappera nos regards?

 

Nous verrons que, nulle part, la liberté et la propriété ne sont reconnues et garanties dans leurs limites naturelles; qu’il existe partout des entraves au déploiement de l’activité de l’homme; que la liberté des entreprises, du travail, de l’association, de l’échange, de l’enseignement, de la charité, des cultes, du gouvernement, est encore chargée de restrictions ou de prohibitions; que la propriété, à son tour, n’a point cessé d’être accablée de servitudes et de charges de tous genres; que la [viii] propriété des associations, par exemple, est étroitement garrottée; que la propriété intellectuelle est soumise dans sa durée au régime barbare du *maximum*; que la propriété morale est à peine définie; bref que le développement harmonique de la société sur la double base de la liberté et de la propriété, est de toutes parts enrayé et faussé par des abus ou des lacunes de la législation, qui maintiennent le privilège et le monopole à la place de la liberté, le communisme à la place de la propriété.


Différentes causes contribuent à perpétuer ces obstacles au progrès des sociétés : d’abord, les intérêts ordinairement mal entendus et à courte vue des classes qui détiennent les privilèges et les monopoles; ensuite et plus encore l’ignorance des lois naturelles en vertu desquelles les sociétés naissent, se conservent et se développent.


Ainsi, il existe dans chaque pays des classes politiquement et économiquement privilégiées. Ici, c’est la liberté du travail de toute une race qui est confisquée dans l’intérêt d’une classe de propriétaires d’esclaves; là, c’est la liberté des entreprises qui est sacrifiée à l’intérêt de corporations d’artisans, d’agents de change, de courtiers, etc.; ailleurs, la liberté des banques qui est confisquée au profit d’une banque d’État, [ix] investie du monopole du crédit; ailleurs encore, la liberté des échanges qui est surchargée de restrictions ou de prohibitions pour satisfaire à l’intérêt prétendu d’un petit nombre d’industries qualifiées de nationales, à l’exclusion des autres; ailleurs enfin, la liberté des cultes qui est immolée sur l’autel d’une religion d’État. Les privilégiés, ordinairement maîtres de l’appareil gouvernemental, emploient le pouvoir dont ils disposent à maintenir et à accroître leurs monopoles, ou si l’on veut, à étendre abusivement les limites de leurs libertés et de leurs propriétés aux dépens des libertés et des propriétés des autres membres de la société.


Mais les intérêts particuliers des classes influentes n’agissent pas seuls dans ce sens. L’ignorance et les préjugés des masses ne leur viennent que trop souvent en aide pour imposer des bornes arbitraires à la liberté et à la propriété, en invoquant l’intérêt général.


C’est à l’ignorance et aux préjugés des masses que doit revenir par exemple la responsabilité des doctrines du socialisme et des pratiques de l’interventionnisme, qui n’est qu’un acheminement au socialisme.


Les socialistes voient bien, quoique parfois avec un verre grossissant, les maux qui affligent la société, mais ils en voient mal les causes. Ils en accusent la propriété et la liberté, et ils proposent d’organiser la [x] société sur d’autres bases. Leurs systèmes sont tombés aujourd’hui dans un profond discrédit; mais c’est le feu qui couve sous la cendre, et le jour n’est pas éloigné peut-être où les révolutions sociales succéderont aux révolutions politiques.


Les interventionnistes partagent, au sujet de la propriété et de la liberté, l’erreur des socialistes, mais ils sont moins *avancés* ou plus timides. Ils pensent que la société ne peut être abandonnée à elle-même sous peine de demeurer stationnaire ou même, pis encore, de retourner à la barbarie, qu’elle a besoin d’être poussée en avant par un gouvernement faisant office de Providence. Ce gouvernement-Providence emploie dans l’accomplissement de sa tâche des procédés de deux sortes : d’abord il réglemente, en suivant les inspirations de son intelligence supposée supérieure, la liberté et la propriété des particuliers dans l’intérêt prétendu de la généralité; ensuite il s’empare de certaines branches de travail, il en subventionne ou il en protège d’autres, aux frais de la communauté. Ainsi, il construit des routes, des canaux, des chemins de fer, il transporte les lettres et les dépêches, il organise l’enseignement, il salarie les cultes, il subventionne les théâtres et encourage les arts, etc., etc. Cette intervention dans le domaine de la production a pour objet d’y [xi] faire régner l’ordre et d’y susciter le progrès; mais elle a pour résultat inévitable d’y jeter le trouble et de ralentir l’essor naturel des branches de travail dont il s’agit précisément de hâter le développement. En effet, tantôt, comme dans le cas de l’enseignement et des travaux publics, le gouvernement a pour principe de ne point couvrir ses frais, et il ralentit ou il empêche la multiplication des entreprises libres qui sont tenues de couvrir les leurs pour subsister; tantôt, au contraire, comme dans le cas du transport des lettres et des dépêches télégraphiques, il veut réaliser des bénéfices supérieurs à ceux des entreprises libres, et dans ce but, il interdit à l’industrie privée de lui faire concurrence. Dans les deux cas l’ordre naturel du développement de la production est troublé et ce développement est ralenti. Il en est de même encore lorsqu’il subventionne ou protège certaines branches particulières de la production matérielle ou intellectuelle, aux dépens des autres; comme s’il était plus capable que les intéressés eux-mêmes de savoir quels besoins il est plus essentiel ou moins urgent de satisfaire.


Les privilégiés, les socialistes et les interventionnistes, tels sont donc les adversaires que nous avons à combattre pour asseoir la société sur ses deux bases naturelles : la liberté et la propriété. [xii] 


A suivre

 

 

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Gustave de Molinari (1819 - 1912) est un économiste belge. Disciple de Frédéric Bastiat, il est considéré comme le fondateur de l'anarcho-capitalisme. Il était partisan du libre-échange laissé à sa propre impulsion. Les Soirées de la rue Saint Lazare ont été écrites au lendemain de la Révolution de 1848 quand des politiciens socialistes sont arrivés au pouvoir et ont essayé de mettre en place le premier État-providence moderne de l’histoire.
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