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Cette pauvreté allemande qui rassure les rédactions françaises

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Publié le 27 septembre 2017
1068 mots - Temps de lecture : 2 - 4 minutes
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Rubrique : Editoriaux

La récente quatrième victoire de la chancelière Merkel s’est – bizarrement ? – accompagnée d’une nouvelle floraison médiatique de petits articles plus ou moins acrimonieux sur le thème usé de la pauvreté en Allemagne. Tout ceci est-il bien sérieux ?

L’idée générale, qui transpire grassement de ces articles régulièrement orientés, est de faire comprendre que, oui, certes, Merkel est réélue et dispose d’une belle longévité, au contraire flagrant des très amovibles nullards qui se succèdent à la direction de la France, mais son peuple prend cher à cause de ses mesures drastiques et tralali-libéralisme et tralala-austérité terrible avec des pauvres qui se multiplient partout.

Je n’exagère pas : taper « Allemagne » et « pauvreté » dans Google News ramène une moisson instantanée de douzaines d’articles qui se bousculent pour expliquer que les retraités sont de plus en plus pauvres, que lorsqu’ils ne sont pas retraités, ce sont les travailleurs qui sont pauvres, que les bons résultats allemands cachent une réalité sombre voire carrément brutale (i.e. pleine de pauvres). Bref, on trouve décidement plein de pauvres dans ce pays riche, c’est lamentable.

Depuis le nombre d’heures moyen effectué par semaine (plus grand là-bas qu’ici), le salaire médian, les fameux emplois précaires et d’autres indicateurs indiscutables, tout semble concourir pour notre belle presse française sur-subventionnée à prouver un fait indéniable : le miracle économique allemand, qui se traduit par des surplus budgétaires, un taux de chômage bas et l’élection, quatre fois de suite, de la même chancelière, ne tient qu’à un mirage où seules les vapeurs de schnaps expliquent que l’Allemand puisse encore se croire heureux. Le Français, toujours sobre, sait bien qu’on ne la lui fait pas, à lui, taratata.

Et dans ce flot d’indicateurs, notons tout particulièrement celui du taux de pauvreté. Ici, je vais faire référence à l’intéressante série de tweets de Guillaume Nicoulaud qui revient sur l’énorme carabistouille que perpétuent allègrement nos médias français d’articles approximatifs en notules lacunaires.

Présenté de façon brute, et si on en croit les données d’Eurostat pour 2015, 16.7% des Allemands vivent sous le seuil de pauvreté, alors qu’en France, ce sont « seulement » 13.6% des Français qui sont en dessous. La conclusion, immédiatement tirée par nos fins journalistes, est aussi évidente que fausse : il y a plus de pauvres en Allemagne qu’en France ; le miracle économique n’existe pas ; ♫ Merkel étrille son peuple ; ♬ halte à l’austérité ; ♩ l’ultralibéralisme ne passera pas en France ; ♩ ♪ no pasaran ! et soyons zinsoumis.

Malheureusement, la réalité est complexe, et rentre mal dans les canons journalistiques, surtout français.

En pratique, il faut bien comprendre qu’un seuil de pauvreté est une mesure relative à la population qu’on considère. En général, on estime qu’une personne est pauvre si elle dispose d’un revenu inférieur à 60% du revenu médian de son pays. Pour rappel, le revenu médian est celui qui coupe la population en deux : la moitié de la population gagne plus, et l’autre moins (et ce n’est pas la moyenne).

Par voie de conséquence, le nombre de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté d’un pays donné dépend évidemment du niveau dudit seuil (et de ce salaire médian). Autrement dit, si le salaire médian du pays A est plus élevé que le salaire médian du pays B, on peut trouver des individus qui sont en dessous de 60% du salaire médian dans le pays A (donc « pauvres » dans ce pays) et au-dessus de 60% du salaire médian du pays B (donc « pas pauvres » dans ce pays).

Plus concrètement, pour revenir au cas de l’Allemagne et de la France et en conservant à l’esprit que les données suivantes sont toutes normalisées en Standard de Pouvoir d’Achat pour tenir compte des écarts de prix d’un pays à l’autre, voici les seuils de pauvreté utilisés par Eurostat en 2015 (pour une personne seule) : en France, il s’établit à 11 931€ et à 12 219€ en Allemagne. Autrement dit, un célibataire qui disposerait d’un revenu annuel de 12.000€ (en tenant compte du pouvoir d’achat, toujours) est pauvre en Allemagne… mais pas en France.

Dès lors, une comparaison réellement pertinente consisterait plutôt à savoir combien d’Allemands vivent sous le seuil de pauvreté français. Le calcul ne serait pas simple mais l’écart constaté (13.6% vs. 16.7%) serait probablement nettement moindre, ce qui entamerait nettement la superbe des sempiternels arguments de notre presse : l’Allemagne n’aurait plus autant de pauvres en comparaison de la France, et les résultats plus que médiocres de notre pays n’en seraient que plus cuisants.

Un autre aspect intéressant qui ressort de ces seuils et de ces calculs est la différence de dynamique assez flagrante entre ces deux pays.

Ainsi, de 2014 à 2015, le seuil de pauvreté français a augmenté de 3% (ce qui, vous allez le voir, est en réalité une bonne nouvelle) mais en Allemagne, il a augmenté de 6%. Si on comprend bien ce que veut dire ce seuil et comment il est calculé, cette augmentation signifie que le revenu médian augmente, et non que le nombre absolu de pauvres augmente, comme on pourrait le croire naïvement. Conséquemment, cela veut dire que le revenu médian des Allemands a augmenté deux fois plus vite que celui des Français.

Parallèlement, comme le taux de pauvreté allemand est resté stable à 16.7%, on peut en déduire assez logiquement que cette augmentation du revenu médian a profité au plus grand nombre. Dans une Allemagne qui, dans le même temps, absorbe une immigration pauvre massive qui plombe ses statistiques – à Francfort, par exemple, 49% des non-Allemands vivent sous ce seuil de pauvreté – cela rend la dynamique observée encore plus intéressante, et ce d’autant plus qu’en France, non seulement le seuil a progressé moins vite mais le taux de pauvreté a, lui, augmenté, passant de 13.3% en 2014 à 13.6% en 2015.

Bref, avec un peu de malhonnêteté, on peut faire dire ce qu’on veut à une statistique, et c’est ce qu’on observe avec une belle unanimité dans les médias français. Avec le même genre de raisonnements, on pourrait même conclure qu’il y a plus de pauvres au Luxembourg (15.3%) qu’en République Tchèque (9.7%).

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Source : h16free.com
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H Seize écrit sur http://h16free.com ses chroniques humouristiques d’un pays en lente décomposition, et apporte des solutions dans son livre, Egalité, Taxes, Bisous. Dans un monde toujours plus dur, et alors que la crise, la vilénie, les aigreurs et les misères allant de la maladie aux bières tièdes font rage, un pays fait courageusement face et propose toute une panoplie de mesures plaisamment abrasives qui permettront d'aplanir les aspérités, gommer les difficultés et arrondir les angles. Ce pays, rempli de gentils et d'aimables tous les jours mieux pensant, est devenu un véritable phare scintillant dans la nuit noire de l'obscurantisme des méchants et des vilains. Et pour mieux scintiller, il s'est doté d'une devise qui est parvenue à se hisser au rang de slogan, d'accroche et de modus vivendi : pour chacun et pour tous, il faudra de l'égalité, des taxes, et des bisous.
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Le revenu médian est un outil, avec ses qualités et ses défauts.
Comme souvent la malhonnêteté se cache dans les corrections ou normalisations, ici par le pouvoir d'achat.
Les données brutes sont meilleures, en particulier parce que la ventilation des dépenses des ménages varie en fonction de leurs niveau de revenu.
D'autre part, dans un continent sans frontières, même les pauvres vont faire des achats dans les pays frontaliers, physiquement ou par internet.
L'ajustement par le niveau des prix ou le pouvoir d'achat est encore plus biaisé.
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Oui, il y a beaucoup de pauvreté en Allemagne, beaucoup de gens proches de la pauvreté. Il y a une Allemagne qui galère avec des mini-jobs 2 à 3 par jours pour au mieux 1300 euros. Des retraités proches de la pauvreté. C'est tout de même étonnant, dans un pays soit-disant si dynamique et riche comme l'Allemagne ? Si l'extrême-droite a fait un si bon score, est-ce un hasard ? Non, nous le savons. Et si l'Allemagne allait si bien, comment expliquer taux de fécondité de 1,5 enfants par femme ? Sans l'immigration, ce serait bien moindre :
http://www.liberation.fr/planete/2016/10/17/taux-de-natalite-l-allemagne-inverse-la-courbe_1522580
Un pays qui croit en l'avenir fait des enfants. l'Allemagne est un pays de vieux.
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Il y a des pauvres, surtout à l'Est et surtout les familles.
La pension de retraite moyenne est de 1100/m mais tous ceux qui ont un peu de jugeote et n'ont pas où peu eu d'enfants ont eu des décennies pour s'y préparer.

Le salaire minimum (8,50/h) s'applique aussi aux minijobs !

Le minijob est un appoint, pas un substitut au travail "normal" car il n'est pas accessible à ceux qui n'ont pas déjà une assurance sociale par ailleurs.
Le minijob est une bonne idée, appréciée de tout le monde, les Français feraient bien de s'en inspirer, les rapports république-nation seraient bien plus sains.

PS: il y a de la pauvreté mais il n'y a pas de misère, à part des clandestins dépourvus de réseau. Alors qu'elle apparaît en France, en ville comme à la campagne, y compris chez les naturels.
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La natalité n'est pas une question d'espoir, ni d'argent d'ailleurs.
Un exemple parmi tant: entre 1946 et 1991, les deux Allemagne ont eu exactement la même natalité, alors que les deux sociétés et leurs contextes n'avaient pour ainsi dire rien à voir.
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« La natalité n'est pas une question d'espoir, ni d'argent d'ailleurs. »
Tout à fait ! On a qu’à regarder les pays où le taux de natalité est élevé, ce sont des pays pauvres pour la plupart.
Pour ce qui est du salaire minimum, on ne doit pas que regarder le salaire brut, il faut prendre en compte les prélèvements et la différence entre les prix à la consommation. Il semble que les allemands soient avantagés. Autre chose, les travailleurs ne sont pas limités aux 35 heures, la semaine normale est de 40 heures en Allemagne.
Un autre mythe qui semble de plus en plus rependu est de dire que l’euro favorise l’économie allemande. Les politiques de la BCE avec ses QE minent le pouvoir d’achat des allemands qui ont misé depuis longtemps sur une monnaie forte et la demande intérieur en souffre. Je le dis depuis longtemps, les allemands risquent de vouloir en sortir les premiers. On ne peut reprocher aux allemands d’avoir eu une vision de développement à long terme de leur économie, ce qui n’est pas le cas en France. Il semble y avoir d’avantage de courage politique de l’autre côté du Rhin.
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Avantagés sur les prélèvements ??
Globalement la part publique dans le PiB est un peu plus faible.
Si les entreprises sont moins taxées, les particuliers le sont bien plus.
Le Lohnsteuer (irpp) est payé par tous, à partir de 450€/m.
Il est payé par tête et non pas par foyer, chacun des parents payé autant qu'un célibataire : un, deux, cinq mois de paye chacun, même s'ils ont huit enfants !
Une famille peut facilement être sous le seuil de pauvreté et payer plus de 4000€ d'impôt par an.

Les cotisations maladie sont comparables mais les caisses sont excédentaires.
Les cotisations chômage sont faibles, mais les allocations très faibles aussi.

D'où le succès des minijob, de 13 à 99 ans, qui sont exonérés de charges sociales et d'impôt.

La semaine légale dure 60h mais toutes les branches ont des accords plus court. Toute la métallurgie-mecanique-electricite par ex travaille 35h depuis 22 ans... Ou moins si l'entreprise le décide.
Lorsque je parle de semaine normale, les 35 heures françaises correspondent aux heures légales tandis que les 40 heures allemandes correspondent à la moyenne des heures travaillées.
Les allemands ont la possibilité d’augmenter leur salaire mensuel en travaillant plus, ce qui n’est pas le cas en France où les employeurs refusent pour ne pas payer les majorations du taux horaire des heures supplémentaires.
Pour l’année 2016, un salarié allemand à temps plein, le salaire minimum s'élève donc à 1473 euros brut par mois :
https://www.destatis.de/EN/FactsFigures/NationalEconomyEnvironment/EarningsLabourCosts/MinimumWages/MinimumWages.html


Contre 1466 euros brut en France :
https://www.insee.fr/fr/statistiques/1375188
Évidemment, le travailleur allemand aura travaillé plus d’heures pour améliorer son sort, mais c’est une possibilité que le travailleur français n’a pas.
La comparaison des montants bruts ne veut pas dire grand-chose en raison des différences de prélèvements sur ces salaires et des écarts de prix en France et en Allemagne.
Pour rendre la comparaison possible, Eurostat a calculé ce que représentent les salaires minimum allemand et français en standard de pouvoir d'achat (sur une base mensuelle). Résultat : 1443,17 euros de l'autre côté du Rhin contre 1391,18 en France. Le salaire minimum allemand est donc plus élevé que le Smic français.

http://ec.europa.eu/eurostat/statistics-explained/index.php/Minimum_wage_statistics/fr

Vous dites : « Le Lohnsteuer (irpp) est payé par tous, à partir de 450€/m.
Il est payé par tête et non pas par foyer, chacun des parents payé autant qu'un célibataire : un, deux, cinq mois de paye chacun, même s'ils ont huit enfants !
Une famille peut facilement être sous le seuil de pauvreté et payer plus de 4000€ d'impôt par an. »
Le lohnteuer (impôt sur les salaires) est calculé sur la base du salaire imposable (zu versteuernde Einkommen).
En Allemagne, il existe une progressivité fiscale dépendamment du salaire.
Un barème selon la situation familiale permet un classement en six catégories d'imposition (Steuerklasse: de I à VI). Elles prennent en considération le statut familial, célibataire ou marié, le nombre d'enfants, et si le revenu représente une deuxième rentrée d'argent Zweitverdiener). Lorsque dans un ménage, les deux conjoints ont des revenus imposables, certaines combinaisons de catégories d'imposition peuvent s'avérer particulièrement avantageuses.
Oui, dans certains cas, un travailleur allemand se verra désavantagé par rapport au travailleur français même s’il est à faible revenu. Cela est dû à la progressivité à l’intérieur de chaque tranche d’imposition. Il reste que les charges de famille sont prises en compte par la déduction d'un abattement : 2 200 € par enfant à charge et par contribuable. Soit un abattement de 4 400 € pour un couple optant pour l'imposition commune.
Les parents isolés bénéficient d'un abattement supplémentaire de 1 300 €.
L’exemption de base est de 8 004 € (667/mois) pour personne seule et de 16 008 € pour les couples, même si votre épouse ne travaille pas et qu’elle reste à la maison.
L’impôt est aussi compliqué, si non plus, en Allemagne qu’en France, mais tout n’est pas noir ou blanc. Le taux d’imposition sur le revenu des entreprises en Allemagne est assez comparable avec celui de la France; ce sont les charges sociales qui sont plus élevées chez nous. Le travailleur français a du mal à comprendre que les cotisations sociales des entreprises font partie de sa rémunération, il le considère comme un dû. Et pourtant…
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Je n'ai pas le temps de répondre point par point.
Oui, il existe un abattement par enfant, mais c'est À LA PLACE des allocations familiales. À chacun de faire son calcul, en fonction de sa position dans les taux d'imposition progressifs.
Car il n'y a pas de caisse d'AF du tout. Les AF n'y sont pas une mutualisation des foyers cotisants et des foyers allocataires. Le Kindergeld est un crédit d'impôt pris sur le budget fédéral général.
Oui, il y a des classes d'impot. Mais si deux conjoints gagnent à peu près autant chacun, ils sont en classe IV et payent chacun à peu près autant que des célibataires.
Si les deux revenus sont nettement différents, alors le petit en classe V se fait matraquer, au point de perdre l'intérêt.
Pour un conjoint, il vaut mieux rester à la maison, ou bien prendre un minijob à 450, ou éventuellement un "double" à 900/m plutôt que de prendre un job normal à 1000 ou 1200 en classe V et de tout laisser au fisc ! Sinon, il faut gagner autant que le conjoint, et raquer en classe IV !
L'ajustement par les prix est d'autant plus faux que les revenus sont faibles, car c'est sans doute les loyers et l'alimentation qui présentent la plus grosse différence de prix avec la France, or ces deux postes sont prépondérants chez les pauvres.
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Je n'ai pas le temps de répondre point par point. Oui, il existe un abattement par enfant, mais c'est À LA PLACE des allocations familiales. À chacun de faire son calcul, en fonction de sa position dans les taux d'imposition progressifs. Car il n'y a pas  Lire la suite
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