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Le pays installe à tour de bras de gigantesques fermes solaires pour faire
face à ses besoins énergétiques. Mais d’ici 30 ans, ces montagnes de panneaux
arriveront en fin de vie et absolument rien n’a été prévu pour leur collecte
et leur recyclage. /Source image https://spacegate.cnes.fr/fr/insolite-pandas-...nneaux-solaires
Sur le plateau tibétain de la province du Qinghai, au centre de la Chine,
les panneaux solaires s’étendent à perte de vue. Sur 27 kilomètres carrés, le
parc solaire du Longyangxia, inauguré l’an dernier, couvre 13 fois la surface
de Monaco et produit une électricité représentant la consommation de
200.000 target="_blank" foyers.
À plusieurs centaines de kilomètres au nord, dans le target="_blank" désert
de Tengger, se trouve le plus grand parc solaire du monde avec ses 1.500 MW.
Le pays s’est également illustré avec la mise en service de la plus grande target="_blank" ferme
solaire flottante, d’une capacité de 40 MW, et même d’un parc solaire en
forme de panda.
(…)
La Chine est incontestablement la championne mondiale du solaire. Elle
détient un quart des capacités mondiales et fabrique la moitié des target="_blank" panneaux
solaires vendus dans le monde, d’après le rapport 2017 de l’Agence
internationale de l target="_blank"’énergie
(AIE). Le pays a atteint avec trois ans d’avance ses objectifs de production
d target="_blank"’énergie
solaire fixés pour 2020. D’ici 2040, sa capacité devrait encore être
multipliée par dix, passant de 77 GW à 738 GW.
Jusqu’à 20 millions de tonnes de déchets vont s’entasser d’ici 2050
La course en avant du gouvernement chinois pour couvrir le pays de
panneaux solaires cache cependant l’énorme défi auquel le pays sera confronté
d’ici quelques années : celui des target="_blank" déchets
engendrés par toutes ces installations. D’ici une trentaine d’années, des
millions de panneaux solaires arriveront en  target="_blank";fin de vie.
En 2050, le pays se retrouvera avec plus de 13,5 millions de tonnes de
déchets issus des vieux panneaux, prédit l’Agence internationale pour les target="_blank" énergies
renouvelables (Irena). L’équivalent de ceux des États-Unis, du Japon et
de l’Allemagne cumulés. En interne, le chiffre de 20 millions de tonnes est
même avancé. « Notre industrie solaire est une véritable bombe à
retardement », s’inquiète ainsi target="_blank" Tian Min, le directeur d’une entreprise chinoise de
collecte de panneaux usagés.
Et aussi incroyable que cela puisse paraître dans un pays aussi
obsédé par la planification, rien n’a été prévu à ce jour pour gérer cette
montagne de déchets. Alors que l’Europe s’est dotée, dès 2012, d’une
réglementation pour la collecte et le target="_blank" recyclage
des panneaux en fin de vie, la Chine ne dispose d’aucune filière
spécifique et la recherche à ce sujet est encore balbutiante. La plupart des
fabricants se concentrent sur le développement de panneaux plus performants
et ne se soucient guère du devenir de leurs produits.
Une filière de recyclage complexe et onéreuse
Aujourd’hui, 92 % des panneaux solaires installés sont en target="_blank" silicium cristallin,
constitué à 76 % de verre, 10 % de target="_blank" polymère,
8 % d target="_blank"’aluminium
(essentiellement pour le cadre), 5 % de target="_blank" silicium,
1 % de target="_blank" cuivre
et 0,1 % d target="_blank"’argent.
Des matériaux facilement recyclables, pour peu que l’on dispose des usines
adaptées. En France, on arrive ainsi à valoriser 90 % des déchets issus des
vieux panneaux.
 
Mais ces derniers contiennent aussi des target="_blank" métaux
toxiques target="_blank"(brome,
target="_blank" cadmium,
target="_blank" plomb…)
beaucoup plus difficiles à séparer et à éliminer. Leur traitement nécessite
un processus coûteux et l’utilisation de produits chimiques polluants. Autant
dire que les fabricants n’ont pas vraiment envie de s’embarrasser avec ça. « Le
cadmium et le plomb représentent à peine 0,1 % des matériaux des panneaux,
donc c’est négligeable », minimise ainsi target="_blank" Trina Solar, un des principaux fabricants. Sauf que 0,1 %
de 20 millions de tonnes, cela représente tout de même 20.000 tonnes de produits
toxiques à gérer à l’horizon 2050.
Exporter ses vieux panneaux… au Moyen-Orient
L’autre problème, c’est que la majorité des target="_blank" centrales
solaires sont installées dans des régions pauvres et isolées comme le
désert de Tengger, le Tibet ou la Mongolie intérieure, alors que les rares
usines de target="_blank" recyclage
se situent dans les provinces industrielles de la côte Pacifique. « Transporter
autant de matériel lourd sur de si grandes distances sera très coûteux
», met en garde Tian Min. Selon lui, le recyclage n’est tout simplement pas
assez rentable : un kilogramme de silicium coûte environ 13 dollars et
le prix devrait encore chuter de 30 % dans la prochaine décennie.
Le directeur d’une autre entreprise, cité par le South
China Morning Post, a lui sa petite idée pour se débarrasser
des anciens panneaux peu performants : les refourguer à des clients au
Moyen-Orient. « Ces pays disposent de vastes espaces
inoccupés pour y installer des panneaux solaires pas forcément très
performants mais peu coûteux », suggère-t-il. « Cela
arrangerait finalement tout le monde. »
Céline Deluzarche
https://www.futura-sciences.com/planete/ac...campaign=futura
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