Si vous avez quelque peu prêté attention aux gros titres
mentionnant la collecte
d'informations privées par la NSA et n’avez pas encore incendié votre
maison pour partir vous installer avec tout ce qui vous appartient dans une communauté d'expats
libertaires au beau milieu du Chili, j’ai quelques suggestions moins
dramatiques à vous proposer. Echapper aux systèmes de surveillance de la NSA
n’est en rien une tâche simple, notamment parce que nous n’avons connaissance
que d’une fraction des méthodes auxquelles elle a recours. Mais je ferai de
mon mieux pour vous apporter des solutions.
Premièrement, il est temps de faire l’inventaire de tout
ce que vous possédez ou empruntez et qui est susceptible d’être tracé.
Téléphones, cartes de crédit, voitures, adresses mail, comptes en banque,
profils sur des médias sociaux, machines à café opérant par wifi, résidences,
et ainsi de suite – toute propriété qui nécessite plus qu’un reçu papier
écrit à la main doit être éliminé ou modifié afin d’échapper aux radars de la
NSA.
Une majorité d’entre nous laissons derrière nous une trace papier.
Ironiquement, c’est le papier qui doit aujourd’hui être la moindre de vos
préoccupations. Utiliser de l’argent liquide est une excellente méthode de
contrer Big Brother. Même si vous oubliez votre
fausse moustache et votre chapeau melon pour aller acheter votre téléphone
prépayé, de nouvelles cartes Sim ou aller chercher votre carte de crédit
(dont vous aurez besoin pour faire des achats en ligne), si vous payez cash,
vous forcerez ceux qui vous traquent à venir découvrir eux-mêmes ce que vous
avez acheté.
L’argent liquide est roi, et dès que vous le pourrez, vous
devriez en accumuler autant que possible et l’enterrer dans le jardin de
votre grand-mère.
Vous aurez besoin d’un peu plus que de ces morceaux de
plastique qui ne font rien de plus que vous transformer en une cible mobile
se déplaçant d’un poste de contrôle à une autre.
Utilisez de l’argent liquide pour acheter des cartes de
crédit prépayées. Il en existe toute une série. Il existe même une Amex
prépayée pour ceux qui sont trop têtus pour conserver une consommation
ostentatoire plutôt que de se contenter de rester discret.
Commencez également à vous réjouir un peu plus des cartes
cadeaux que vous offrent vos proches. Grâce à elles, si les cartes de crédit
prépayées deviennent les nouvelles cartes de crédit, alors les cartes cadeaux
deviennent… les nouvelles cartes de crédit prépayées… Vous me suivez ?
Illustration
de l’auteur.
Soyons clairs, ce n’est pas la méthode
la plus stable de protéger votre argent, mais le Bitcoin
peut très certainement vous permettre de rester anonyme. Si tant est que vous
en achetiez avec précaution. Selon ce que l’on entend dire partout, la crypto-devise
n’est absolument pas traçable. Mais si vous ne prêtez pas attention à ce que
vous faites, vos historiques de transactions peuvent être transmis
aux agences du gouvernement à la manière du scénario auquel nous essayons
aujourd’hui d’échapper.
Vous pourriez pour en obtenir transférer de l’argent
depuis votre compte en banque, mais comme je vous l’ai dit, vous feriez mieux
de vous débarrasser de ce dernier. Si vous en êtes arrivé à ce point et
possédez toujours un compte en banque, alors vous brûlez les étapes. Mais se
protéger à moitié de la NSA vaut mieux que de ne pas s’en protéger du tout.
Pour acheter des Bitcoins, vos
options les plus efficaces sont
a) l’achat d’une carte MoneyPak (une sorte d’hybride entre une carte de
crédit prépayée et une carte cadeau) et de l’échanger contre des Bitcoins
sur internet,
b) passer par un courtier tel que BitInstant
auquel vous pouvez transférer de l’argent liquide, ou
c) (la méthode la plus anonyme) acheter
en personne des Bitcoins via Bitcoin
Talk Forum ou Craigslist.
Ce sont les meilleures méthodes qui s’offrent à vous
jusqu’à ce que des distributeurs
de Bitcoin commencent à pousser comme des
champignons. Mais même s’ils risquent fort de proliférer dans les villes dans
un futur proche, ils seront certainement équipés d’une caméra. Prenez
garde !
Voir Internet,
Téléphone
& E-mail
Puisque la NSA archive l’usage des clients d’opérateurs
téléphoniques, les appels téléphoniques sont certainement le plus gros
problème qui se présente à vous. Il existe bien la méthode classique
d’utiliser des messages codés, des simulateurs de voix et des cabines
téléphoniques – le dernier étant votre meilleur pari. Mais il existe des
raisons pour lesquelles conserver votre téléphone.
Bien entendu, vous pouvez utiliser votre téléphone via un
réseau wifi, et si vous disposez d’un Android, vous
pouvez installer le software Tor, qui vous
permet de communiquer anonymement avec vos amis sur Google ou Facebook par le
biais de Gibberbot, ou passer des appels vidéo grâce à des
applications telles que Tango et KakaoTalk.
Une autre application relativement nouvelle appelée Seecrypt
promet d’encrypter votre téléphone mobile, ce qui semble prometteur.
Puisque les téléphones prépayés reçoivent et envoient des
signaux grâces aux tours télécom que la NSA scanne, il est difficile de
savoir comment échapper à son écoute. L’une des meilleures mesures à prendre
est de créer un compte avec Credo,
l’opérateur téléphonique qui se bat contre un certain nombre de méthodes
progressistes. Obama pourrait bien entendu remettre en place une forme de
Maccarthysme, auquel cas vous vous trouveriez black-listé.
Ouvrez les yeux : vous serez à un moment donné forcé
de passer des appels téléphoniques. Je vous suggère d’utiliser un téléphone
prépayé avec une carte Sim qui passe par Tor ou Seecrypt.
Gardez-le en sécurité jusqu’à ce qu’il vous soit vraiment nécessaire de
téléphoner. Tentez de passer vos coups de téléphone depuis des endroits
choisis au hasard. Les services de renseignements ne pourront pas prédire vos
habitudes s’ils décident de vous suivre par caméra de surveillance.
Vous devriez reconsidérer entièrement la manière dont vous
vous connectez à internet. Et je ne parle pas de redécouverte de soi à la Paul
Miller.
Vous n’avez pas besoin de grand-chose pour naviguer plus
confortablement, sachant que certains groupes d’avocats de l’anonymat vous
fournissent déjà des alternatives qui vous permettent de vous connecter à
internet sans que votre historique puisse être tracée. Bienvenue dans le
monde de Tor (ou The
Onion Router). Il est gratuit et simple à installer sur
n’importe quelle machine.
Bien que Mozilla Firefox ne fasse pas partie des rapports
PRISM, la fonction ‘navigation en privé’ est une blague en comparaison à Tor.
En raison des systèmes de remplissage automatique et autre caractéristiques,
tout ce à quoi sert la navigation en privé à travers Chrome ou Firefox est
d’empêcher votre mère de savoir quelles monstruosités vous avez encore
regardé (mon éditeur appelle ça le ‘mode porno’).
Des outils de cryptage et de communications clandestines
vous sont disponibles dès maintenant.
Beaucoup d’entre eux remontent aux débuts de l’internet. Pretty Good Privacy, ou PGP, est un système de cryptage qui permet
d’envoyer et de recevoir des messages protégés. Il y a aussi IRC, ou
Internet Relay Chat, ou Bradley Manning, des groupes tels qu’Anonymous et d’autres personnes qui craignent d’être
espionnées – les noms de Meat_Duck et Koffin_Kat me viennent à l’esprit – sont supposés être.
Si vous avez quelque chose d’important à dire ou à
publier, vous pouvez l’envoyer à pastebin, Wikileaks, la Strongbox
du New Yorker
et à tout un tas d’autres plateformes. Tentez simplement de ne pas vous faire
avoir et d’avoir à faire ça.
Il est probablement inutile de désactiver votre compte
Gmail, tout est sauvegardé quelque part. Il n’est cependant jamais trop tard pour
ouvrir un compte Tor Mail, qui vous permet
d’envoyer et de recevoir anonymement des e-mails. Souvenez-vous simplement
que vous devez utiliser Tor pour opérer ce service mail.
Voir Internet
APPLY
Comme le veut le
dicton, si vous ne pouvez pas les battre, rejoignez leurs rangs. Bien que les
positions gouvernementales de la sorte soient l’objet d’une très forte compétition
et réservées aux familles de militaires, la NSA offre un salaire décent à ses
analystes d’entrée de gamme. Et elle cherche
du monde. Et vous ai-je parlé des bénéfices fédéraux?