En 1971, le président Nixon fermait le
guichet de l’or qui permettait jusqu’alors aux dollars
d’être vendus contre de l’or appartenant aux Etats-Unis. Avant
cette date, le prix de l’or était de 35 dollars par once. Depuis
lors, on y fait parfois référence par les mots ‘relique
barbare, un terme souvent utilisé par le célèbre
économiste Keynes.
Depuis 1971, les devises du monde ne
dépendent plus que de la confiance du public envers les gouvernements
et du contrôle exercé par ces derniers sur les affaires
financières internationales. Cette confiance est restée solide
jusqu’en 2007, date à laquelle la crise a remis les finances des
gouvernements en question des deux côtés de l’Atlantique.
Jusqu’en 2007, les performances de la valeur des devises ont
masqué ces questions parce que les taux de change étaient
contrôlés au travers d’arrangements et de swaps visant
à stabiliser les fluctuations des taux de change au point
d’empêcher tout mouvement majeur. Mais la valeur réelle
des devises en termes de solvabilité réelle est
désormais matière à débats. A l’heure
actuelle, en fonction des quantités d’or disponibles sur les
marchés, le prix de l’or est la seule mesure de valeur des
devises à laquelle nous pouvons nous fier. Je me pencherai ici sur le
prix de l’or et déterminerai grâce à lui la valeur
des devises aujourd’hui et dans le futur.
L’expérience
des devises
Quand Nixon fermait le guichet de l’or aux gouvernements
Européens en 1971, il s’est reposé sur les producteurs de
pétrole qui ne fixaient le prix de leur produit qu’en dollars.
Cela lui a permis de faire du dollar une nécessité. A
l’exception du petit nombre de producteurs qui raffinent leur propre
brut, tous les pays ont besoin d’importer du pétrole et doivent
pour ce faire avoir recours au dollar. Les Etats-Unis ont ainsi pu prendre le
contrôle des marchés des devises, un contrôle dont ils
avaient besoin pour s’assurer que le dollar reste l’unique devise
de référence internationale.
Un seul coup d’œil à l’euro suffit
à comprendre – bien qu’il représente le plus gros
bloc commercial du monde – que si une devise est mesurée
simplement par la performance de ses gouvernements et de leurs balances de
paiements, elle demeure vulnérable aux forces de marchés qui
réagissent à cette mesure. Grâce à l’or,
cette vulnérabilité disparaît. Du moins
jusqu’à ce que l’impression monétaire du
gouvernement qui émet la devise internationale ne puisse plus
être ignorée. Et c’est là que nous en sommes
aujourd’hui.
L’expérience des devises fiduciaires a
persisté 41 années durant, mais voilà 5 ans
qu’elle ne fait plus que se dégrader. Puisque nous tendons
à donner trop d’importance au court terme, les conséquences
réelles de cette expérience ont été
majoritairement ignorées. Il est temps maintenant un peu de recul sur
ce qu’il s’est produit et de tirer une perspective plus
équilibrée des coûts du passé.
La
valeur de la monnaie papier – une dure réalité
Tout au long de notre expérience sans or ni argent,
nous avons vu le prix de l’or passer de 35 à 1770 dollars. Il
s’agit d’une multiplication par plus de cinquante en seulement
quarante-deux ans. Et il semblerait que ce ne soit pas fini, au vu de ce que
nous réservent les gouvernements.
Pour ceux qui ont eu l’audace de vendre à 800
dollars dans les années 1980 et de réintégrer le
marché de l’or à 300 dollars au cours des vingt
années qui ont suivi, cette multiplication passe à 64 fois 35
dollars. C’est ce que les fonds de long-terme auraient dû faire
pour maximiser les profits. C’est bien mieux que de pratiquer le trading, et bien moins stressant.
Mais ne voyez pas cela comme un profit. Ce n’est pas
ce que j’essaie de discuter ici. Observez ces données comme la
preuve de l’échec de notre expérience fiduciaire actuelle
et de la capacité des devises à mesurer la valeur. Traduisez
cela en la valeur de l’épargne sur la période – une
bien dure réalité en effet !
Fonds
de pension
Un fonds de pension se mesure en soustrayant la monnaie
sortante à la monnaie entrante. Les actifs qui restent doivent grimper
pour couvrir les coûts additionnels qui apparaissent lorsqu’un
travailleur prend sa retraite ou lorsque le coût de la vie augmente.
C’est pourquoi ils dépendent de gestionnaires de fonds de
pension. S’il y a plus de monnaie sortante que de flux entrants, le
fonds se dirige tout droit vers l’insolvabilité.
Comme l’a souligné Alan Greenspan,
c’est ce qu’il se passe aujourd’hui. Et puisque les
baby-boomers approchent de la retraite, de plus en plus de fonds de pensions
se trouveront bientôt touchés. Le futur des retraités est
maussade, et il faut croire que celui des travailleurs le soit aussi.
Si nous laissons de côté les hausses de prix
liées à la demande (qui sont ajustées avec le temps),
alors ce qu’il reste n’est autre que l’inflation
monétaire. Un taux d’inflation monétaire de 2,5% a
été considéré acceptable parce qu’il reste
gérable et donne une impression de croissance.
Aujourd’hui aux Etats-Unis, en Europe, au Japon et
en Chine, le quantitative easing se voit encore
accéléré dans l’espoir de stimuler la reprise de
la croissance. QE1 et QE2 ont peut-être éloigné une
dépression, mais ils ne se sont pas traduits par une croissance
durable. Attendons de voir ce qu’il en sera de QE3.
Nous savons tous que l’impression monétaire
fait perdre de la valeur aux devises. En revanche, les
bénéfices apportés par une hausse de la liquidité
au sein d’un système devraient pouvoir contrebalancer cet
inconvénient. Les épargnants sont les grandes victimes de ces
politiques, même quand la croissance se trouve ressuscitée.
Certains peuvent se tourner vers des devises qui selon eux
ne seront pas autant dévaluées et conserveront leur valeur,
comme les yens et les francs Suisses. Mais pour ce qui est de l’an
dernier, les gouvernements de la Suisse et du Japon ont tous deux
interféré sur les marchés pour diminuer la valeur de
leur devise respective à l’échelle internationale pour
pouvoir maintenir leur compétitivité commerciale. Le yen est
encore considéré comme une valeur refuge, bien que la banque du
Japon ait clairement spécifié qu’elle désirait le
dévaluer pendant encore un certain temps. La même chose est
vraie pour le franc Suisse. Les deux pays placent leur
compétitivité au-dessus de la valeur de leur devise.
Le
concept de devise comme mesure de valeur a désormais
complètement disparu.
De tels marchés de devises permettent à
l’or et à l’argent d’agir en tant qu’outils de
mesure de valeur. Observez une nouvelle fois le prix de l’or avant les
années 1970 et ce qu’il est aujourd’hui. Il s’est
traduit par un gain de 1.350 dollars par once au cours de ces 41
dernières années (c’est beaucoup, pour quelque chose que
l’on extrait simplement de terre pour l’y ré-enterrer).
Cela représente aussi la mesure du déclin des devises sur la
même période. La
culture qui a précipité ce phénomène est encore
au pouvoir et continuera sur sa voie. Certains commentateurs pensent que le
prix de l’or pourra tripler au cours de ces quelques prochaines
années. Cela ferait passer la hausse du prix de l’or à
317% par an depuis les années 1970. Que tout cela nous indiquera-t-il
au sujet de la valeur des devises ? Que cela signifie-t-il pour notre futur ?
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