L’exemple le plus notable de ce qui est arrivé aux actions
aurifères dans un environnement déflationniste prolongé, c’est celui de la
Grande Dépression. Mais les Etats-Unis possédaient à ce moment-là un système
d’étalon or, et ainsi les mineurs avaient un prix de vente garanti, ce qui
était une bonne chose pour eux, parce que leurs coûts d’opération étaient
énormes. Ainsi la comparaison est loin d’être parfaite, mais
voyons ce que nous pouvons en tirer.
Quand la bourse s’est effondrée en 1929, les actions des
mines d’or ont fait partie du naufrage global. Le marché s’est ensuite repris
et a épongé près de 50% de pertes en avril 1930, avec des actions dans les
mines d’or dont le cours suivait. Voilà ce qui s’est passé tout de suite
après et cela nous donne nos premiers indices sur les effets d’une déflation.
Quand le marché haussier a repris, à l’été 1930, toutes les
actions se négociaient bien – à l’exception des mines d’or. Les actions dans
les mines ne bougèrent pratiquement pas jusqu’en 1931, quand elles se mirent
à prendre l’ascenseur pour accéder à des nouveaux sommets.
Maintenant, voyons comment Homestake Mining, le plus gros
producteur d’or des USA à cette époque et Dome Mines, le producteur senior au
Canada se sont conduites durant la Grande dépression.
Société
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Cours de l’action en 1929
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Cours de l’action en 1933
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Gain Total
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Homestake Mining
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$65
|
$373
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474%
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Dome Mines
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$6
|
$39.50
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558%
|
Et le tableau ne montre pas comment vous pourriez avoir
acheté vos actions cinq ans plus tôt pour la moitié de leur cours de 1929 et
donc avoir réalisé un profit de 1 000% environ. Ah oui, et puis aussi
ceci : les deux sociétés versaient de sains dividendes dont le montant
croissait pendant que la dépression se poursuivait. Les dividendes de
Homestake sont passés de 7$ à 15$ par action et ceux de Dome de 1$ à 1,80
$.
Oui, la volatilité était très grande dans les actions
aurifères pendant toute la dépression, avec parfois des retournements de
cours très violents, mais après le crash boursier de 1929, presque toute la
volatilité les a tiré vers le haut.
Conclusion : les deux plus gros producteurs d’or
– durant une période de baisse du niveau de vie et de longues queues devant
les soupes populaires- offrirent à leurs investisseurs entre 5 à 6 fois leur
capital de départ en quatre ans.
En regardant le graphe des actions de Homestake, vous avez
une idée assez précise de comment cette action s’est comportée par rapport au
marché dans sa globalité:

Vous avez noté de larges chutes tant pour Homestake que
pour le Dow Jones pendant l’année du crash 1929…mais regardez ensuite,
Homestake se reprend immédiatement après et retourne à des valeurs proches de
ses pics antérieurs. Ceci se rapproche beaucoup de ce que nous observons
récemment : nos actions ont chuté violemment en octobre dernier mais ont
doublé depuis ou bien augment encore bien plus depuis leur cours le plus bas.
Vous
allez ensuite noter qu’il a fallu plus de deux ans à Homestake pour dépasser
son niveau le plus haut d’avant le crash mais une fois ce niveau atteint,
l’action gagne la course. L’action a doublé son cours quatre fois en cinq ans
sur un parcours total de sept ans avant d’atteindre son plus haut niveau
après le crash de 1929.
La conclusion? Si l’histoire peut nous servir de guide, les
actions dans l’or protègent bien de la déflation. Et elles pourraient
profiter énormément si la demande d’or en tant que valeur refuge continue à
augmenter.
Or et déflation
Le 5 avril 1933, le président Roosevelt a signé un décret
rendant obligatoire la livraison au gouvernement (confiscation) de tout or
détenu par les citoyens privés en échange d’une compensation fixée au prix de
20,67$ l’once. Et moins de 9 mois plus tard, il augmentait le cours de l’or à
35$, diluant effectivement le dollar dans les porte-monnaie de 41% du jour au
lendemain et détroussant ainsi quiconque avait livré son or.
Nous
ne savons pas exactement ce que le cours de l’or sur le marché libre aurait
été pendant une dépression mais étant donné la qualité historique de l’or
comme valeur-refuge, il est pratiquement certain de maintenir son pouvoir
d’achat dans un environnement inflationniste, quelque soit son cours nominal.
En d’autres termes, alors qu’il se peut que le cours de l’or ne monte pas, et
même qu’il chute, l’or est cependant votre meilleure protection.
Mais, cela étant dit, l’inquiétude la plus grande est que
dans un système de monnaie à cours forcé (fiat money), toute déflation va
devoir faire face à une réaction surdimensionnée inflationniste. Et plus la
déflation est grande, plus la réaction contraire va être extrême.
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