
Mes chères contrariées, mes chers contrariens !
Ouh là là là là, que c’est compliqué ce
soir de vous écrire une édito qui ne tombe pas à
côté lorsque vous le lirez demain matin…
Au moment (tardif) où j’écris ces lignes, la situation est la suivante. Le
Sénat américain est arrivé à un accord bi-partisan
entre républicains et démocrates. Youpi tralala. Sauf que cet accord doit
être transmis et en vitesse à la Chambre des représentants où les
républicains sont majoritaires et là où cela coince. Ensuite, une fois que
tout ce beau monde aura voté, au mieux tard dans la nuit, très tard, il
faudra qu’un coursier en mobylette fonce à la Maison Blanche avec tous les
papiers pour que le mamamouchi en chef du monde libre puisse signer et
promulguer cette loi avant l’ouverture des marchés et l’arrivée des chèques à
payer… Autant dire qu’il est vraiment mais alors vraiment minuit moins une.
Partons du principe que les républicains de la Chambre vont se coucher et
qu’ils voteront la loi comme semble l’indiquer cet article du New York
Times que je vous ai trouvé de derrière les fagots.
La raison semble donc l’emporter et le monde ne basculera pas dans un
chaos provoqué par le défaut de paiement de la première économie mondiale. En
tout cas, pas jusqu’au 15 janvier 2014 où le même cirque politico-économique
devrait recommencer.
Sur MarketWatch, l’un des plus gros sites
financiers américains, il y avait ce soir cet article :
Pourquoi le report temporaire du plafond de la dette est le pire scénario ?
En gros, pour cet économiste américain avec lequel je suis parfaitement
d’accord, ce report théorique jusqu’au 15 janvier va globalement faire peser
des incertitudes majeures sur les marchés et il se pourrait que les
investisseurs massacrent les cours pour faire pression sur les politiciens
américains afin qu’ils trouvent, et vite, un accord durable et de long terme.
Investir demande d’avoir de la visibilité, or un tel accord, s’il permet
d’éviter le pire à très court terme, c’est-à-dire la faillite demain, ne
résout rien au-delà des trois prochains mois. Comment investir avec une visibilité
de trois mois ?
Paradoxalement donc, alors que tout le monde pourrait penser qu’il s’agit
d’une excellente nouvelle, cela pourrait au contraire déclencher une
correction sur les Bourses qui ont tout de même intégré depuis quelques jours
cette issue heureuse.
Ainsi le proverbe boursier « acheter la rumeur et vendre la
nouvelle » pourrait, une fois de plus, se trouver vérifié dans les tous
prochains jours.
Le mal est déjà
fait !
Dans toute cette affaire, et nous ne pouvons que nous réjouir si nous nous
réveillons demain matin dans un monde identique à la veille et pas en plein
chaos obligataire et monétaire, il faut tout de même retenir que beaucoup de
mal a été fait et qu’un coup presque fatal a été porté à la crédibilité de
long terme des États-Unis d’Amérique.
Avez-vous envie de prêter vos sous à l’Oncle Sam à 30 ans alors que l’on
ne sait même pas s’ils ne feront pas un défaut intentionnel lors du match
retour en janvier 2014 ? Si vous répondez non, vous êtes « sage ». Sauf que
les bons du Trésor américains c’est le premier marché obligataire du monde.
Ce sont des sommes colossales ; la colonne vertébrale de l’économie mondiale.
Le dollar est LA
monnaie de réserve du monde.
Vous êtes chinois que faites-vous ?
Vous êtes russe que pensez-vous ?
Vous êtes japonais ?
Bref, cette histoire aura montré à tous notre vulnérabilité aux
soubresauts de la politique intérieure américaine.
Cet épisode haletant jusqu’au bout nous aura montré une fois de plus et
fait toucher du doigt la fragilité du système économique mondial.
Ce psychodrame nous aura permis de resituer tout cela dans un contexte
géopolitique et de lutte acharnée pour le leadership mondial.
Tout cela nous aura, je l’espère, ouvert à tous les yeux sur les risques
prégnants qui pèsent sur chacun d’entre nous. Un accident n’est jamais loin.
Un événement hautement improbable reste toujours possible, et il est
essentiel dans cette période d’incertitude historique de rester en permanence
sur ses gardes et de se préparer sans relâche à tous devenir beaucoup plus
résistants, résilients en tout cas en terme patrimonial.
Je maintiens que la résolution finale de cette crise sera monétaire à un
moment ou à un autre, et que cette crise, qui semble s’achever par une happy end temporaire, aura semé les ferments d’une rupture
profonde entre la Chine et les États-Unis, et cela n’est pas une bonne
nouvelle pour la stabilité du monde.
Alors si vous avez aimé Default 1, The End, rendez-vous dès le 15
janvier pour la sortie officielle de Default 2 : le retour, dans
toutes les bonnes salles de cinéma !
Restez à l’écoute.
À demain… si vous le voulez-bien !!
Charles SANNAT
Les républicains se couchent devant Obama (sentiment de
perception des républicains américains)
Pourquoi cet accord est la pire des solutions