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Cours Or & Argent en

Folie triomphante

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Publié le 26 janvier 2015
1429 mots - Temps de lecture : 3 - 5 minutes
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Rubrique : Or et Argent

Le monde d’aujourd’hui est entre les mains d’une brochette de charlatans qui se font passer pour des économistes. Leur science pseudo-économique n’est rien de plus qu’anciennes superstitions déguisées en costume moderne. Hier, ils nous parlaient « d’indulgences », aujourd’hui ils nous vendent des obligations souveraines. Une scène qui pourrait sembler amusante, si on oubliait le fait que ces charlatans et leur coterie de flatteurs qui leur accordent awards, distinctions et Prix Nobels ont porté le monde jusqu’au seuil de la destruction.

 

Nous contemplons un spectacle qui mériterait la satire du grand Erasme de Rotterdam, qui a écrit son immortel Eloge de la Folie en 1511. Son traité est devenu le premier bestseller que le monde ait connu – toute l’Europe lettrée l’a lu et en a ri. Le rire est le plus grand destructeur du pompeux, comme nous l’a expliqué le sémiologue Humberto Eco dans son livre, Le Nom de la rose.

 

Si seulement nous avions aujourd’hui un nouvel Erasme pour faire rire le monde face aux singeries de nos charlatans qui se font passer pour des économistes, des banquiers centraux et des ministres des finances.

 

Erasme s’est moqué de son monde du XVIe siècle, et nommé « Folie » la déesse suprême qui le dominait : Folie est maîtresse tous les évènements

 

Un exemple intéressant et important de la perte de Folie - ou de nos charlatans, comme j’aime à les appeler - s’est présenté à Londres au milieu du XIXe siècle.

 

Peut-être la menace la plus importante à laquelle ait fait face l’Europe du XIXe siècle a-t-elle été la possibilité constante de voir se propager la peste et le choléra, qui ont à de multiples reprises soudainement emporté des centaines de milliers d’Européens dans les villes les plus peuplées du continent. Un habitant de la ville pouvait quitter son quartier pour le weekend et découvrir à son retour que 10% de ses voisins avaient été emmenés jusqu’au cimetière dans des boîtes empilées sur des charrues.

 

On pensait alors que le choléra se transmettait par l’air ; les mauvaises odeurs étaient un signe de maladie, et dans les années 1850 à Londres, la puanteur n’était pas chose rare. Il n’y avait pas de tout-à-l’égout ; les excréments humains finissaient dans des fosses sous les celliers des bâtiments, et ces fosses débordaient souvent jusqu’à inonder les celliers et les cours des quartiers les plus pauvres. Ces fosses étaient vidées périodiquement par des « collecteurs de terres de nuit », et leur contenu emporté jusqu’aux champs. C’était une opération coûteuse. Le peu d’égouts qu’il y avait se déversaient dans la Tamise, de laquelle émanait une telle odeur qu’un beau jour d’été, le Parlement s’est trouvé forcé d’ajourner sa séance.

 

Les charlatans du monde médical qui sont parvenu à convaincre les autorités civiles que le choléra se transmettait par voie aérienne ont refusé de contempler toute autre possibilité.

 

Pensez à Draghi. Ou à Mme Yellen. Ou à Ben. Ils refusent d’entendre raison. QE à l’infini – la marque du charlatan moderne.

 

En 1836, un jeune homme d’origine humble a marché 300 kilomètres depuis le nord de l’Angleterre jusqu’à Londres pour devenir médecin. Et il était un véritable génie.

 

Son nom était John Snow. En 1853, il a développé une technique simple pour soulager la douleur lors d’une opération chirurgicale, un mélange d’éther et de chloroforme. La reine Victoria, qui attendait son huitième enfant, s’est dite intéressée. Snow a été convoqué pour administrer du chloroforme à la reine lors de l’accouchement, avec succès. C’est ainsi que notre humble John Snow est devenu le grand seigneur de la communauté médicale.

 

Mais son succès n’a pas étouffé sa soif d’enquête.

 

En été 1854, une épidémie de choléra s’est abattue sur le quartier de Soho, à Londres. Des gens ont commencé à mourir par centaines. Les autorités civiles ont blâmé la mauvaise odeur qui régnait dans les environs.

 

Pour Snow, cette théorie était insensée. Mais est-ce que Draghi fait preuve de logique aujourd’hui ? Snow s’est rendu compte que si la maladie mortelle venait des intestins – les intestins étaient dissous par une violente diarrhée en seulement quelques heures, causant la mort des malades – alors elle entrait le corps humain par la bouche, et pas par l’air. Sa théorie a d’abord été ridiculisée.

 

Le médecin le plus prestigieux de toute l’Angleterre n’est pas resté confiné dans son bureau. Snow s’est rendu à Soho pour y observer la situation de plus près, et a pris des notes, debout au milieu des malades et des mourants.

 

Il a dressé une carte, qui quelques années plus tard est devenue célèbre, de la zone frappée par l’épidémie, et s’est rendu compte que les décès recensés étaient clairement associés à la présence d’une pompe à eau au numéro 40, Broad Street.

 

Une semaine après le commencement de l’épidémie, il s’est rendu à une réunion du Conseil des gouverneurs de la paroisse de St James pour y présenter sa carte, et demandé à ce que la manivelle de la pompe à eau soit détachée. Le Conseil a beaucoup douté de ses propos, mais a fini par accepter sa requête. L’épidémie s’est atténuée. Pouvons-nous espérer que le Keynésianisme soit un jour abandonné en faveur d’un retour à une monnaie saine ?

 

C’est un résident de Soho qui a convaincu Snow que l’eau que la pompe était responsable de l’épidémie de choléra : un pasteur de l’Eglise d’Angleterre, le révérend Whitehead.

 

Whitehead était initialement opposé à la théorie de Snow, mais est finalement devenu son défenseur le plus ardent. Whitehead a lui-même décidé d’explorer la fosse septique de la maison située directement en face de la pompe ; la maison de la petite fille qui avait été la première victime de l’épidémie. La fosse était faite de blocs pourris, et son contenu se déversait dans le puits du numéro 40, Broad Street ! La maladie s’est donc déplacée depuis les excréments de la petite fille jusque dans la fosse de la maison où elle est tombée malade, puis dans le puits, et a ainsi affecté le reste de la communauté.

 

Le génie de Snow a prévalu. Il aura fallu attendre un certain temps, mais sa doctrine a fini par être acceptée par les « miasmatiques » - ceux qui pensaient que le choléra se propageait par la puanteur de l’air. Un programme de construction d’égouts a été mis en place, une véritable œuvre d’ingénierie, et les eaux usées de Londres ont été déversées plus bas vers la Tamise, où les vagues les emportaient vers le large.

 

Sans Snow, le choléra aurait pu menacer l’existence même de Londres. C’est grâce à lui que les charlatans ont été vaincus, et que la raison a pu prévaloir. Pouvons-nous espérer de voir la raison prévaloir de nouveau dans notre monde contrôlé par des charlatans économiques, bancaires et financiers ? Snow a montré à Londres que c’est la présence de rejets humains dans l’eau qui décimait sa population. Quand les économistes de notre monde accepteront-ils que ce sont les rejets du système bancaire et des monnaies fiduciaires qui tuent notre monde ?

 

Snow savait que la maladie se propageait au travers des restes d’excréments de personnes malades présents dans l’eau, mais il n’a jamais appris ce qu’il y avait au départ dans les excréments qui puisse causer le choléra. Il est mort en 1858, à l’âge de 45 ans. Dans les années 1850, des microscopes ont été utilisés pour la première fois pour détecter la présence de microbes. Trente ans plus tard, Koch a découvert la cause de la tuberculose, « le bacille de Koch », et a pu identifier la cause du choléra : Vibrio cholerae. C’est à un Italien du nom de Pacini que nous devons la découverte des microbes (qu’il a baptisés animalcules)- bien qu’en 1854, personne n’avait prêté attention à sa découverte. Aujourd’hui, le microbe responsable du choléra est appelé Vibrio cholerae Pacini 1854.

 

 

 

* * *

 

 

 

Rien n’a changé au cours des 504 années qui se sont écoulées depuis l’Eloge de la Folie, au plus grand amusement de toute l’Europe.

 

La Folie d’Erasme, la déesse maîtresse du monde, nous pousse vers la destruction.

 

Je terminerai cet article par cet extrait de la pièce « The Cocktail Party », écrite par T. S. Eliott :

 

"The circle of our understanding
is a very restricted area.
Except for a limited number
of strictly practical purposes
we do not know what we are doing."

 

 

 

* * *

 

 

 

Pour plus d’informations sur le choléra, je vous recommande la lecture du livre de Steven Johnson, « The Ghost Map », publié par Riverhead Books, N.Y., en 2006.

 

 

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Hugo Salinas Price a écrit de nombreux livres et articles sur l'argent et combat pour réintroduire l'argent comme unité monétaire au Mexique en parallele avec la monnaie fiduciaire. Son organisation, la Mexican Civic Association Pro Silver, mène de vigoureuses campagnes de sensibilisation du public et de lobbying au parlement pour instituer l'once d'argent "Libertad" comme la monnaie Mexicaine.
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