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Grèce : prévoir les vacances bancaires

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New World Economics
Publié le 25 septembre 2015
1117 mots - Temps de lecture : 2 - 4 minutes
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A la suite du défaut du gouvernement grec, et peut-être même avant, les banques grecques se retrouveront insolvables et incapables de verser des remboursements à leurs créditeurs. Qu’est-ce qu’un gouvernement devrait faire dans une telle situation ?

Une banque devient « insolvable » lorsque la valeur de ses actifs est inférieure à celle de ses passifs. Avec le temps, une banque peut également devenir non liquide – incapable d’emprunter de l’argent, et donc d’effectuer des paiements – parce que les gens n’apprécient pas de prêter à des entités insolvables. Les banques grecques ont pu s’en sortir jusqu’à présent grâce aux prêts qui leur ont été accordés par la Banque centrale européenne, mais la situation pourrait bientôt changer, peut-être même d’ici quelques jours.

Il y a deux manières de répondre à cela : la première est d’accroître la quantité d’actifs bancaires, possiblement au travers d’un investissement gouvernemental. C’est ce qu’on appelle une « recapitalisation », et lorsque le gouvernement est impliqué, un « bail-out ». Mais pour ce faire, il faut de l’argent – 48 trillions d’euros dans le cas de la Grèce, avant bail-out – et les termes de l’investissement sont souvent si peu clairs qu’il s’agit plus d’un cadeau fait aux banquiers et à leurs créditeurs. L’autre manière est de diminuer la quantité de passifs, ce qui signifie une certaine dose de pertes pour les créditeurs de la banque, dont ses déposants. Une fois cet ajustement comptable effectué, la banque, en bien meilleure santé financière, peut rouvrir ses portes. Ce procédé est parfois connu sous le nom de « vacances bancaires », un terme qui montre que, lorsque le système financier est temporairement suspendu, il n’y a pas grand-chose qui puisse être fait sinon passer la journée dans un parc.

L’insolvabilité et la réorganisation des banques, comme le défaut souverain, sont considérées comme des évènements concevables, un peu comme un tremblement de terre catastrophique à Los Angeles, mais qui ne se produisent jamais. Ce point de vue n’est pas correct. La Federal Deposit Insurance Corporation, qui est responsable de ce processus aux Etats-Unis, a listé 513 faillites bancaires depuis le début 2008.

Dans le cas de ces banques américaines, les déposants assurés n’ont pas été affectés, mais les déposants non-assurés et les autres créditeurs ont enregistré une perte partielle ou totale. Les actifs, passifs et opérations des banques en faillite ont été vendues à des banques plus importantes. Les banques ont ensuite rouvert leurs portes, souvent sous le même nom que la banque acheteuse. Les gens qui possédaient des dépôts auprès d’elles se sont retrouvés avec des dépôts auprès de la banque acheteuse. C’est une transition qui ne coûte habituellement rien au FDIC, puisque les dépôts assurés sont inférieurs à la valeur des actifs restants. Ultimement, tout n’est question que d’ajustement de registres. (J’ai déjà abordé ce sujet en détails dans une série d'articles publiés entre 2008 et 2011. J’y ai également consacré un chapitre entier de mon livre, Gold: the Monetary Polaris.)

L’une des premières banques à avoir été soumise à ce processus a été Washington Mutual, qui a été fermée par l’Office of Thrift Supervision en septembre 2008. A la fin 2007, les actifs de la banque s'élevaient à 328 milliards de dollars, ses passifs s’élevaient à 188 milliards de dollars, elle disposait de 2.239 succursales et employait 43.198 personnes. La banque a rapidement été vendue à JP Morgan Chase ; et les anciennes succursales ont rouvert sous le nom de Chase. Les anciens clients de Washington sont devenus des clients de Chase.

En mars 2014, le système bancaire grec disposait environ de 319 milliards d'euros d'actifs dans 19 institutions grecques, dont 93% étaient détenus par les quatre plus grosses banques. A l’inclusion des succursales de banques étrangères, il y avait 2.688 succursales et 45.654 employés de banque dans le pays.

En d’autres termes, le système bancaire grec est à peu près de taille équivalente à celle de Washington Mutual – pour ne pas mentionner les 512 autres banques que le FDIC a réorganisées ces dernières années.

Comme c’est le cas pour de nombreuses banqueroutes, ce genre de situation ouvre la porte à toutes sortes de criminalités. Cet élément criminel a déjà été intégré dans la loi sur les bail-ins, adoptée par une majorité des pays développés dont la Grèce. La législation sur les bail-ins contourne le parcours judiciaire actuel des banqueroutes, le système autrefois mis en place pour éviter un pillage des non-riches, des non-puissants et des non-politiquement-connectés.

La récente loi sur les bail-ins adoptée en novembre dernier suite à une réunion du G20 rend spécifiquement les produits dérivés de passifs supérieurs aux dépôts non-assurés. C’est là pratiquement une garantie de voir les déposants non-assurés des banques émettrices de produits dérivés se retrouver ruinés. Ce pourrait également représenter un Armageddon pour les fonds du marché monétaire, qui aujourd’hui sont principalement des conduits pour les financements bancaires. En revanche, aussi terrible que cela puisse être, ce pourrait ne pas être un problème pour les petites banques grecques, qui ne sont typiquement pas impliquées sur les marchés des produits dérivés.

(Les accords du G20 rendent également les passifs des banques issus des actifs de leurs clients inférieurs à tout autre passif sécurisé, ce qui ouvre la porte à tous les abus.)

Il serait bon de voir le gouvernement grec s’intéresser à ce que tout cela signifie, avant d’être traîné vers l’abattoir par ses conseillers étrangers aux airs serviables.

Les banques grecques ont besoin de passer par une restructuration. Cela signifie que certains créditeurs enregistreront des pertes, bien qu’ils puissent obtenir des actifs dans le cadre d’un swap pour devenir les actionnaires d’une nouvelle banque en meilleure santé. Les banques elles-mêmes n’auraient pas besoin d’être fusionnées, vendues ou liquidées, et pourraient poursuivre leurs activités et conserver leurs actifs. Elles devraient être capables de rouvrir leurs portes sous quelques jours sous la forme de banques propres et en bonne santé – peut-être même en meilleure santé que les autres banques d’Europe. Le gouvernement ne devrait rien avoir à dépenser.

Les gouvernements ne devraient pas avoir à s’inquiéter de ce phénomène, ou encore à l’abandonner à des entités étrangères qui ne prennent pas à cœur les meilleurs intérêts des Grecs. Ils devraient guider le processus afin qu’il parvienne à la meilleure issue possible : une distribution tolérable et juste des pertes entre les créditeurs, et la prévention de nouvelles activités criminelles afin que le système bancaire puisse être ramené à la normalité.

C’est beaucoup demander à un gouvernement que de gérer un défaut souverain et réorganiser le système bancaire, tout en gardant un œil sur l’opinion publique et maintenant des relations étrangères sereines. Mais parfois, des choses doivent être faites. Surtout quand il n’existe pas de meilleure alternative.

 

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Nathan Lewis est l'auteur de Gold: the Once and Future Money, publié par Agora Publishing et J Wiley. Il est le directeur de Kiku Capital Management.
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