La seule question véritable c’est l’intérêt. Les États-Unis ont-ils
intérêt à ralentir la mondialisation pour faire dérailler la Chine et
conserver leur leadership ?
La réponse est oui. Dans les règles actuelles, c’est la Chine qui a déjà
gagné et la seule façon pour les États-Unis de conserver la place de leader,
c’est de changer les règles du jeu.
À chaque fois qu’ils étaient menacés, c’est ce qu’ils ont fait.
Il y a de fortes chances que cela recommence.
Une guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis serait une
catastrophe pour toute l’économie mondiale, a prévenu le ministre chinois du
Commerce Zhong Shan, en réagissant à la décision américaine de surtaxer les
importations d’acier et d’aluminium. Un professeur de l’Université du Peuple,
à Pékin, a partagé son avis avec Sputnik.
Cette situation risque de créer un précédent extrêmement dangereux quand
le commerce entre deux pays ne serait plus régi par les principes de
libre-échange, mais par celui de sanctions réciproques, a indiqué Huang
Weiping, économiste à l’Université chinoise du Peuple, dans un entretien
accordé à Sputnik.
« Ainsi, tout pays pourrait à l’avenir décréter de façon arbitraire
n’importe quelles sanctions. Alors, l’ensemble de l’ordre commercial dans le
monde serait désorganisé. Ce serait le pire désastre qui puisse arriver », a
expliqué l’interlocuteur de l’agence.
Et d’ajouter qu’il était très difficile d’établir les règles du jeu, mais
qu’il était au contraire très facile de tout détruire.
« Quant aux relations entre Pékin et Washington, la Chine ne veut pas
déroger aux règles du jeu, alors que les États-Unis y aspirent », a constaté
M. Huang.
Le 8 mars, Donald Trump a signé la mise en place de taxes sur les
importations aux États-Unis d’acier (25 %) et d’aluminium (10 %). La décision
a soulevé une vague de critiques et de craintes de la part de l’Union
européenne, du Canada, de la Chine mais aussi au sein même des États-Unis.
La guerre commerciale prônée par Donald Trump pourrait ainsi se retourner
contre les intérêts américains. Aujourd’hui, il apparaît que les États-Unis
risquent non seulement de fâcher leurs ennemis mais aussi de perdre leurs
alliés.
Le ministère japonais des Affaires étrangères a fait savoir dans une
déclaration que le Japon déplorait l’introduction des taxes sur les
importations d’acier et d’aluminium, qui pourrait avoir un impact sur les
entreprises japonaises, mais aussi sur les relations entre les États-Unis et
l’Organisation mondiale du commerce.
La Chine se propose pour sa part de prendre des mesures appropriées pour
défendre ses droits et intérêts, selon Wang Hejun, directeur du département
de la protection commerciale au ministère chinois du Commerce.